La neige, tombée à la Saint-Sylvestre, sur la station Alti Aigoual a déjà disparu. Malgré le froid qui doit s'inviter ces prochains jours, les flocons se feront encore attendre. Une situation inquiétante pour les gestionnaire de l'unique station de sports d'hiver du département qui risque de fermer définitivement ses portes.
Dix pistes de ski alpin, 50 km de pistes de ski de fond et une piste de luge désertées par la neige : les skieurs de la région, très attachés à l'unique station de ski gardoise située dans le Parc national des Cévennes, doivent encore prendre leur mal en patience.
Et pourtant, l'année 2024 avait commencé sous de bons auspices grâce à un léger manteau neigeux, tombé dans la nuit du 31 décembre au premier janvier : "Pas de quoi skier ni faire de la luge mais suffisamment pour faire de belles photos d’hiver et prendre l’air", annonçait la station sur sa page Facebook, avec une photo des chiens de traîneau dans la neige :
Malchance et solidarité
L'angoisse est palpable dans la voix de Denis Boissière, cogestionnaire d'Alti Aigoual :
Il faut absolument que l'on parvienne à ouvrir 20 jours cette saison, sinon, tout sera fini !
Denis Boissière, porte-parole de la station Alti Aigoual
Depuis sa reprise en délégation de service publique en 2018, l'unique station de ski du département a enchaîné des saisons difficiles : hiver trop chaud, fermeture des remontées mécaniques à cause du Covid, sécheresse et explosion des prix de l'électricité ont, année après année, mis à mal son équilibre économique.
Les responsables ont même dû faire appel à des bénévoles pour enlever les pierres des pistes et élaguer les arbres situés à proximité, afin d'ouvrir en toute sécurité cet hiver.
La station a également bénéficié d’un bel élan de solidarité de la part de ses homologues des Alpes ou d'Auvergne qui lui ont donné du matériel (canons à neige, dameuse). Des techniciens sont aussi venus remplacer gracieusement le câble d’une remontée mécanique, permettant d’économiser 10 000 €.
Quand la neige est là, on peut compter 4 à 5 000 skieurs sur la station, selon Denis Boissière, qui espère ouvrir la station a minima à 60 % pour résister une année de plus.
Quand le Parc National des Cévennes dit "non"
La station, gérée pour dix ans par la société Aigoual Qualité 1567, a bien cherché à développer les activités pendant l’été pour survivre mais, selon ses responsables, elle s'est heurtée systématiquement à la direction du Parc National des Cévennes, qui a retoqué pas moins de quatre propositions.
"On a proposé de créer une tyrolienne géante, un site pour faire l'accrobranche, un parc aquatique qui aurait pu servir aux pompiers, un bike parc avec des modules en bois pour faire du VTT de descente, tout a été refusé par le Parc National des Cevennes, à cause du dérangement causé aux oiseaux, l'impact sur les arbres et le risque d'érosion", se désole encore son porte-parole, qui fut moniteur de ski pendant plus de 20 ans.
Interrogée par nos confrères d'Objectif Gard le 31 décembre dernier, juste avant de quitter officiellement ses fonctions, Anne Legile, la directrice du Parc national des Cévennes, avait estimé que cette idée n'était pas pertinente : "Moi, je vais souvent dans les Alpes. Ceux qui font de la descente en VTT, ils ne viennent pas à l'Aigoual, ils vont à l'Alpe-d'Huez, casqués, pour faire des pentes importantes... Ce n'est pas la peine de faire des produits bas de gamme pour être sur le même marché. Il faut se distinguer."
La nouvelle direction du Parc sera-t-elle plus encline à accepter un projet dit de "quatre saisons" pour la survie de la station gardoise ? L'avenir le dira peut-être.
En attendant, la station reste ouverte malgré tout pendant les vacances de Noël. Elle propose encore deux activités : les promenades en chiens de traîneau (sur roulettes) et le biathlon avec tir au laser. Sa cafétéria accueille le public pendant les vacances jusqu'au 5 janvier 2024.