La quasi-totalité des enseignants a fait valoir son droit de retrait à l'école primaire l'école Bruguier située près d'un point de deal dans le quartier Chemin-Bas d'Avignon à Nîmes. Une fusillade avait éclaté avant les vacances de février. Une autre pendant. Un homme a été tué devant son enfant de huit ans.
"Mettons l'armée pendant six mois". Même si la situation de l'école Bruguier à Nîmes ne prête pas à rire, on osera écrire que son ancien directeur n'y va pas par quatre chemins. Christophe Boissier qui a longtemps dirigé l'école du Chemin Bas d'Avignon a vu des dealers traverser la cour de récréation lors d'une course-poursuite. Il avait alors fallu rehausser les grillages de plusieurs mètres pour éviter ce type d'intrusion. Une clôture anti-fusillade. Surréaliste.
École et crèche confinées après des tirs
Quelques mois après son départ en retraite, la situation de l'école située au cœur d'un des quartiers les plus pauvres de Nîmes, un quartier gangrené par les trafics de drogue, ne s'améliore pas. Bien au contraire.
En un mois, les fusillades ont contraint les élèves et enseignants à se confiner après un échange de coups feu peu avant la sortie des classes.
Fusillade près du bus scolaire
Alors qu'ils revenaient d'une sortie scolaire en bus, des tirs ont retenti dans la rue. Des enseignantes et leurs élèves de CP ont couru baissés vers l'école de peur de prendre une balle perdue. Le chauffeur du car a fermé les portes, les deux institutrices et l'élèves à bord se sont couchées au sol en attendant le retour au calme.
On pensait que ça allait se calmer mais la violence a continué à se déchaîner, on n'a pas eu la force de retourner travailler. On a peur de se faire tuer.
Membre de l'équipe enseignante, sous couvert d'anonymatFrance 3 Occitanie
Pendant les vacances scolaires, un homme a été tué sous les yeux de son fils de huit ans près d'un point de deal.
Rien ne change
L'ancien directeur qui suit la situation ne décolère pas. "Rien n'a changé. Il faut que l'État comprenne que ce qui est fait est insuffisant. Il faut une présence dissuasive forte pour éloigner les trafiquants de drogue."
Les CRS arrivent et ils repartent, les "chouf" (guetteurs) restent. Il y a tellement d'argent en jeu. Ils s'en moquent.
Christophe Boissier, ancien directeur de l'école BruguierFrance 3 Occitanie
Le règne de la peur
La peur règne dans le quartier. "On a craint que nos enfants prennent une balle perdue", témoignent les parents d'élèves. Beaucoup n'ont pas ramené leurs enfants à l'école, le jour de la rentrée des classes après les vacances de février. L'angoisse est la même chez les professeurs des écoles.
"Je ne peux pas me dire que mes élèves et moi-même sommes en danger lors d'une sortie scolaire ou sportive. C'est insupportable", témoigne un membre de l'équipe éducative joint au téléphone par France 3 Occitanie. Cette enseignante réclame une présence policière constante aux abords de l'école au moins durant le temps scolaire.
Droit de retrait
Les enseignants non plus ne sont pas retournés à l'école. Après avoir fait valoir leur droit de retrait suite à la fusillade avant les vancances, 11 enseignants sur les 19 que compte l'école étaient en maladie. Seulement 36 élèves (49 l'après-midi) sur 250 étaient présents, rapportent nos confrères de France Bleu Gard Lozère.
Présence policière
La police annonce une "sécurisation du quartier", des patrouilles régulières et la présence de policiers municipaux aux heures d'entrées et de sorties des classes. Pas franchement de quoi rassurer les riverains.
Il faut nettoyer le quartier des trafiquants de drogue.
Un riverainSous couvert d'anonymat
"Hier, il y avait du monde, le sous-préfet... Aujourd'hui, plus personne. Rien ne change."
La seule chose à faire c'est partir.
AurélieParent d'élève
"Je cherche à déménager", soupire Aurélie mère de famille, en haussant les épaules. Découragée. Elle envisage d'inscrire son enfant dans une autre école. Loin du Chemin-bas et des dealers.