Un maire devant la justice pour avoir fabriqué 700 faux avis lors d'une enquête publique

Pierre Lucchini, vice-président de Nîmes Métropole et maire de Moulézan, est accusé d'avoir fabriqué 700 faux avis lors d'une enquête publique sur la création d'un parc éolien dans sa commune. Il aurait pour cela usurpé l'identité d'élus et de responsables associatifs. Il sera jugé en mai pour faux et usage de faux et pour usurpation d'identité.

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Le maire de Moulézan (Gard), Pierre Lucchini, qui est aussi vice-président de Nîmes Métropole, s'est-il rendu coupable d'usurpation d'identité pour orienter le résultat d'une enquête publique ?

L'élu (sans étiquette) est épinglé ce mercredi 7 février par Le Canard enchaîné, qui rapporte que Pierre Lucchini est accusé d'avoir fabriqué 700 faux avis lors d'une enquête publique sur la création d'un parc éolien dans sa commune. "Placé en garde à vue il y a quelques semaines par les gendarmes, l'édile a reconnu avoir bourré, avec de faux avis, le registre numérique sur lequel chaque citoyen était invité à donner son avis", informe le journal.

Pierre Lucchini "s'est vu notifier une convocation pour jugement en comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité pour le 13 mai 2024", confirme le parquet de Nîmes, qui ajoute que "les infractions visées sont celles de faux et usage de faux et usurpation d’identités".

Une enquête publique faussée ?

Rendu en décembre, un rapport public d'une commissaire enquêtrice a donné un avis favorable à un projet de TotalEnergies, qui veut implanter cinq éoliennes sur la colline de Moulézan, au cœur du Bois des Lens. Le projet doit rapporter 100 000 euros annuellement à la commune, mais est décrié par un collectif d'associations pour son impact environnemental.

Dans le cadre de l'enquête publique, 2 400 avis de citoyens ont été rendus sur une plateforme en ligne. 700 de ces avis, tous favorables au projet, auraient été fabriqués de toute pièce par le maire en personne, révèle Le Canard enchaîné.

Pour cela, Pierre Lucchini a inventé des avis, mais aussi usurpé des identités, dont celles d'élus et de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) du Gard, toujours selon Le Canard. "Les oiseaux possèdent un sens de la vue très développé, ce qui leur permet d'éviter les éoliennes", avance ainsi l'un des avis mis en cause, faussement signé par la LPO. Contactés par France 3 Occitanie, Pierre Lucchini et sa mairie n'ont pas pu être joints.

"C'est grave et ce n'est pas très reluisant", réagit Gérard Saba, responsable de la LPO dans le Gard. C'est son association qui a signalé les premiers faux avis à la commissaire enquêtrice, pavant la voie pour le début de l'enquête de gendarmerie qui a mené à la mise en cause de Pierre Lucchini. La commissaire enquêtrice, Jeanine Riou, notait elle-même, dans les conclusions de son enquête, "quelques dérives constatées", n'ayant, selon elle, "pas compromis le bon déroulement de l’enquête".

C'est grave et ce n'est pas très reluisant.

Gérard Saba, responsable de la LPO dans le Gard

à France 3 Occitanie

"Actes frauduleux"

"On est en état de choc", avance Françoise Lienhard, secrétaire du collectif d'associations du Bois de Lens, qui s'oppose au projet éolien et a réuni contre lui 19 000 signatures. "L'enquête publique est un moment important de la vie démocratique, il est important qu'il n'y ait pas d'irrégularité", abonde-t-elle. "On pouvait participer à l'enquête publique sur une plateforme, sans donner d'élément d'identité. Malheureusement, ça a donné le résultat que l'on connaît aujourd'hui. Certains faux avis de la LPO ont peut-être orienté les autres participants", déplore-t-elle.

Le collectif du Bois de Lens dénonce des "actes frauduleux qui devraient conduire à l'annulation de l'enquête publique, voire à l'abandon pur et simple de ce projet" éolien.

Quatre personnes physiques et deux personnes morales, TotalEnergie et une de ses filiales, "ont (...) été avisées de la convocation en justice en qualité de plaignant et/ou victime", informe le parquet.

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