C'est un livre exceptionnel qui a été vendu aux enchères ce jeudi à Nîmes, dans le Gard : un recueil de droit féodal, écrit en latin au 13ème siècle. Ce manuscrit très rare a donné lieu a un féroce bras de fer entre deux acheteurs anonymes.
Vendu dix fois sa mise à prix ! Ce livre de droit féodal, écrit en latin et datant du 13ème siècle, était le clou de la vente aux enchères organisée ce jeudi 09 décembre à l'hôtel des ventes de Nîmes, dans le Gard.
Le vendeur, qui a priori possédait ce livre dans sa famille depuis plusieurs générations, avait fixé le prix de départ aux alentours des 10 000 euros.
Deux acquéreurs -eux aussi anonymes- se sont longuement battus par téléphones interposés pour mettre la main sur ce précieux objet surgit du passé : les enchères sont montées jusqu'à 108 000 euros !
Un manuscrit d'exception, vieux de 800 ans
Ce document traitant de droit féodal a été écrit en latin sur quelque 180 pages de vélin -de la peau de veau mort-né- pendant la seconde moitié du XIIIe siècle, sous le règne de Saint-Louis.
Très bien conservé, le livre a traversé huit siècles avant de parvenir entre les mains de Laurent Borreani, expert ès livres, profondément ému par cette "rencontre" professionnelle:
J’ai de beaux souvenirs dans ma carrière de libraire mais là, c’est plus qu’émouvant et cela va au-delà de sa valeur pécuniaire. J’ai une chance inouïe d’avoir pu le consulter et l’étudier. Très peu d’experts ont la chance d’avoir eu un ouvrage pareil dans les mains !
Laurent Borreani,expert ès livres
Cet ouvrage de droit féodal a été écrit par Jean de Blanot, un bourguignon reconnu par les historiens comme l'un des grands juristes de son temps. Il a probablement été élaboré près de l'abbaye de Cluny.
Selon Laurent Borreani, "à cette époque où le papier n'existait pas encore, pour réaliser un ouvrage comme ça à la main, il fallait à peu près un an ! Très peu de documents de ce type étaient en circulation".
Qu'ils soient religieux ou d'ordre juridique, seule une infime partie des manuscrits du Moyen-âge sont parvenus jusqu'à nous : il n'en resterait que 5 %.
On semble également avoir perdu le secret de fabrication de l'encre végétale utilisée à l'époque et qui a si bien résisté au temps sur le vélin.