Le 3 décembre 2003, le Gard rhodanien était sous les eaux car les digues avaient cédé sous la pression du fleuve. Un chantier colossal a démarré en 2007 pour sécuriser tous les ouvrages canalisant le Rhône, 240km de digues à rénover ou reconstruire. L'occasion de mieux gérer le risque inondation dans un département souvent soumis aux intempéries.
Il y a des souvenirs qu’on préférerait ne pas ressortir des cartons. Les photos des inondations de 2003 par exemple. Il n'y avait pas eu de victimes dans le Gard mais les dégâts étaient considérables et les sinistrés et évacués nombreux.
Cela ne fait pas plaisir de revoir cette catastrophe. On essaye d'oublier. C'était il y a 20 ans.
Monique, habitante de Beaucaire sinistrée en 2003.
Une crue historique
2003, une année marquante pour Monique et Alain, eux qui habitent près du Rhône. Lors des inondations du 3 décembre, il y avait un mètre d’eau dans leur maison. Et sur leurs terres agricoles, le fleuve avait tout submergé.
"On ne voyait plus les arbres dans le champ. L'eau passait au-dessus des poiriers ! J'avais jamais vu cela" se souvient Alain, arboriculteur à Beaucaire.
Alors, pour éviter qu'une telle inondation se reproduise, il a préféré rogner sur ses terres, et éloigner les plantations des berges.
On a abandonné 20 mètres de terre des bords du Rhône, où l'on a replanté 6 rangs de peupliers très serrés. Et on laisse pousser les ronces pour essayer de faire un filtre pour couper le courant et laisser un dépôt de sable.
Alain, arboriculteur sinistré en 2003.
Des digues reconstruites et rehaussées
Le Syndicat mixte d’aménagement des digues a réalisé d'importants travaux depuis 2007 pour que l’histoire ne se répète pas. Avec le plan Rhône, le Gard a refait ses digues, des ouvrages vieillissants et mal entretenus qui avaient cédé et causé les grandes inondations de décembre 2003.
À Fourques, des centaines d'hectares étaient sous des millions de m3 d'eau. Durant 3 jours, la Petite Camargue était noyée d'Arles aux portes de Vauvert.
Un peu en amont, un tronçon, fini en 2019, permet désormais de contenir une crue centennale.
Au-delà, l'eau va passer sur la digue mais comme désormais elle est résistante à la surverse, la digue ne cassera pas. Il y aura donc peu d'entrées d'eau et quand la décrue sera amorcée, il n'y en aura plus du tout.
Thibaut Mallet, directeur du Symadrem, syndicat mixte d'aménagement des digues.
En 2003, plus de 220 millions de mètres cubes d’eau s’étaient échappés du Rhône. À crue équivalente, seuls 10 millions de mètres cubes se déverseraient aujourd'hui, grâce à ces travaux de sécurisation des digues.
Écrit avec P. Pidoux.