Les entreprises du bâtiment et des travaux publics ont été mises en grande difficulté par la crise sanitaire. La ville de Nîmes a promis de débloquer 17,6 millions d'euros pour remplir le carnet de commande des PME locales. Une initiative bien accueillie par les professionnels du secteur.
Au sortir de la crise sanitaire, les nombreuses entreprises du BTP implantées en Languedoc-Roussillon sont aux abois. 80 à 85% des chantiers se sont arrêtés pendant le confinement. Aujourd'hui, le secteur a repris du service et les entreprises terminent les chantiers entamés, bien qu'au ralenti au vu des mesures sanitaires à respecter.
"Aujourd’hui il y a du travail, mais ce qu'on craint c’est le trou qu’on va avoir à cause de ces 3-4 mois où il n’y a pas eu d’appels d’offres", explique Eric Affortit, artisan maçon et président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) du Gard.
Pendant le confinement, les commandes publiques se sont arrêtées. Et les carnets de commande sont vides.
"Du travail, pas des aides"
"Les entreprises ont perdu 20 à 25% de leur chiffre d'affaires entre les trois mois d'arrêt et les trois mois passés à reprendre au ralenti, explique Frédéric Carré, président de la branche régionale de la Fédération française du bâtiment. Son entreprise de métallurgie basée à Toulouse emploie 200 salariés. Frédéric Carré estime à 400 000 euros par mois, et 2 millions d'euros au total, ses pertes dues à la crise sanitaire.Les mesures d'accompagnement de l'Etat, comme les PGE, prêts garantis par l'Etat, ou les reports de charges, ont été les bienvenus. Ça nous a permis de souffler. Mais ce n'est pas un cadeau. Quand il faudra rembourser dans 6 mois, alors que l'activité aura tout juste repris, c'est là que ça va être difficile.
Pour le représentant du BTP en Occitanie, ce qui peut aider les entreprises, dont 80% au niveau régional sont des structures de moins de 10 salariés, c'est de leur donner du travail "On a pas besoin d'aides, mais d'un plan de relance qui va empêcher d'avoir un trou d'air. C'est une politique volontariste qui peut nous permettre de survivre. Car demain on part à la casse si on n'a pas d'activité."
À Nîmes, un plan de relance de 17,6 millions d'euros
À Nîmes, une enveloppe de 17,6 millions d'euros devrait être débloquée par la Ville pour soutenir le secteur. Le plan de relance économique prévoit autour de 150 chantiers lancés dans la rénovation de la voirie (5,7 millions), l'amélioration des performances énergétiques dans les écoles (8,1 millions), et la réhabilitation de certains équipements sportifs de la ville (2,8 millions), entre autres petits travaux.Ce sont des travaux que l’on aurait pu étaler sur plusieurs années, mais on a choisi de booster le carnet de commande de ces PME.
Pour Eric Affortit, c'est une bonne nouvelle. "Ce sont des chantiers qui vont pouvoir se faire très vite, ce n’est pas forcément des gros chantiers, donc il n’y aura pas forcément d’appel d’offres et moins de concurrence."
La loi permet en effet de lancer des chantiers sans appel d’offres en dessous de 70 000 euros. "Des chantiers comme ceux-là sans concurrence lourde permettent de recourir plus facilement aux petites entreprises locales en allant les chercher directement", explique Michel Marty, le président de la fédération du BTP de l'Hérault.
Pour les plus gros chantiers, la Ville veut inciter les petites entreprises à répondre à ces consultations en leur mettant à disposition une assistance administrative dédiée (le 04 30 06 79 40 du lundi au vendredi, de 9 h à 12 h).
?Le seuil autorisant la passation de marchés publics de travaux sans mise en concurrence est relevé ↗️ de 40 000 à
— FFB (@FFBatiment) July 23, 2020
70 000 € : une mesure demandée et saluée par la FFB ! Une mesure d'accélération des commandes favorable à la relance du #Bâtiment. ? #activité #emplois pic.twitter.com/Nrvhihudl2
Booster la rénovation énergétique
La Région Occitanie a également annoncé "un vaste plan de relance pour l’emploi régional" d’une enveloppe de 211 millions d’euros en soutien aux filières du tourisme, de l'aéronautique, du BTP ou encore de la viticulture. Pour l'instant, pas de tel plan en vue dans l'Hérault ou à Montpellier. Mais Michel Marty appelle les collectivités locales à maintenir leurs investissements pour préserver le secteur. "Il y a déjà eu un coup de frein aux investissements avant les élections, il ne faut pas qu'il y en ai un deuxième", prévient-il.Outre les travaux publics, le secteur du bâtiment, et notamment de la rénovation énergétique par les particuliers, est un pourvoyeur important de commandes. "Mais il faut que les incitations à faire des travaux de rénovation énergétique ne soient pas liées à des conditions de revenu, temporise Michel Marty. Ces aides doivent s'adresser à tout le monde, pas seulement à ceux qui n'ont pas les moyens, mais aussi aux ménages moyens."
Des initiatives vont déjà dans le bon sens, selon le représentant de la fédération de l'Hérault, comme celle des "guichets uniques" de la rénovation énergétique mises en place par la Région pour aider les particuliers dans leurs démarches et les rapprocher d'entreprises locales. "Le déploiement de ces guichets devrait permettre la réalisation d’1,1 milliard d'euros de travaux sur la période 2021-2023", précise la Région Occitanie.
En Occitanie, les fédérations estiment que 50 000 emplois sont menacés dans le BTP, et 200 000 en France.