Dans l’émission Dimanche en Politique – L’Agora du dimanche 24 novembre, le constat est dressé : le département du Gard joue au rebelle contre les différents projets de l’éolien. Avec un seul parc de cinq éoliennes.
Le département du Gard, à l’aube des années 2000, c’était une centrale thermique au fioul à Aramon, une centrale nucléaire à Marcoule et quelques petites installations hydroélectriques. La France s'engage dans une politique de diversification de sa production d’énergie et se fixe des objectifs. Pour ce qui est alors le Languedoc-Roussillon, c'est 1500 Mégawatts d'éolien à l’horizon 2020.
Vingt ans après, l’objectif est atteint…mais pour l’ensemble de la région Occitanie seulement. Et le département du Gard ne compte qu’un seul parc éolien ! Celui de la commune de Beaucaire : cinq machines y produisent chacune depuis 2006 près de 2 MégaWatts par an. Soit la consommation annuelle de 7500 foyers hors chauffage. Loin du potentiel que représente le couloir éolien naturel qu’est le département (près de 68 jours par an de vent à plus de 60 km/h).
Des opposants vent debout !
Il faut dire que depuis vingt ans se dresse contre tous ces projets, aux côtés des opposants locaux, l’association Vent de colère.
Avec plusieurs arguments critiques :
* la prise en charge du surcoût de l’électrique éolien par les contribuables, via la Contribution au service public de l’électricité;
* le « stress » engendré pour certains riverains;
* les nuisances sonores;
* le danger potentiel des pales pour les oiseaux…
Arguments tenant plus ou moins debout selon les secteurs : on imagine mal une nuisance sonore pour des éoliennes perdues dans des massifs isolés de garrigues. L’argument de « pollution visuelle » prend alors le relais. Comme dans l’avis défavorable de la Commission départementale de la nature, des paysages et des sites contre le projet de six éoliennes de la Communauté des communes du Pays de Sommières, avis suivi par le préfet d’alors. Il faut dire que sur certains secteurs le dossier d’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco des Causses et Cévenne sert de protection.
Mais le principal argument avancé par Vent de colère est «l’intermittence et le caractère aléatoire » de la production éolienne : « Cela ne produit que pendant le temps de charge, soit à peine 20% du temps …le reste du temps il faut réguler avec des moyens thermiques.»L'éolien est une imposture écologique
(Alain Bruguier, président d'honneur de Vent de colère)
Alors, quelle alternative durable ?
« A un moment, le Conseil Départemental du Gard avait envisagé l’installation de turbines microhydrauliques sur cinq anciens moulins sur la rivière Cèze. La différence avec l’éolien et le photovoltaïque est que le facteur de charge est sur 80% du temps. Et il y a des aménagements pour protéger les poissons remontant les cours d’eau. Donc plusieurs atouts.»
Même face à une sècheresse qui pourrait devenir récurrente dans les années à venir ?
«Nous avons dans le Gard des barrages « cévenols » écrêteurs de crue qui soutiennent le débit des rivières que nous pourrions exploiter. Mais le problème c’est que les brevets déposés pour ces turbines micro-hydrauliques ont été rachetés par un intervenant dans l’éolien ! »
Une solution exclusive pas forcément partagée
Pour Laurent Tokarkis, chargé de projet Quadran Energies marines, »Contrairement à ce qui est affirmé, une éolienne produit à partir d'un vent de 11 km/h et elle atteint son maximum avec des souffles d'environ 39 km/h. Les éoliennes fonctionnent donc en moyenne 80% du temps."
L’avenir semblerait en tout cas pour certains experts à un mix des productions d’énergies renouvelables, car l’aléatoire touche toutes les ressources potentielles.
Pour Grégoire Souchay, journaliste indépendant, collaborateur de la revue « Sans Transition », auteur du livre « Les mirages de l’éolien » (Edition du Seuil – Reporterre), un juste milieu entre les différentes moyens de productions d’énergie est souhaitable, « sachant que le mix électro-hydraulique et nucléaire produit certes peu de dégagement de carbone, mais le nucléaire a le problème de stockage des déchets et du coût de production. »
Diminuer d'abord notre consommation et nos dépenses d'énergie
(Grégoire Souchay, auteur de "Les mirages de l'éolien")
On peut donc trouver des combinaisons possibles selon les territoires, les potentiels, « à condition d’y associer pleinement en concertation et en participation les habitants. Penser local avant tout et plus solidaire ! »
Mais pour Grégoire Souchay, la première solution est avant tout que tous les citoyens et Etats s’engagent d’abord dans une diminution des consommations et dépenses d’énergie.
Ce qui normalement devrait être le cas : dans le cadre de la loi relative à la Transition énergétique, la France s’est fixée de réduire ses émissions de CO2 de 40% d’ici 2030…et de porter sa part d’énergies renouvelables à 32% à la même période. Et pour l’heure, ça ne souffle pas forcément dans ce sens-là de tous les côtés…
Retrouvez les échanges entre élèves du Lycée Dhuoda de Nîmes (34), dont ceux en Maintenance systèmes éoliens et nos invités en la matière, pro et anti-éoliens dans l’émission Dimanche en Politique – L’Agora (France 3 Occitanie) du dimanche 24 novembre 2019 à 11h25, ainsi que dans nos journaux de 19h des dimanches 24 novembre, 1er, 8 et 15 décembre.
Revoir l'émission Dimanche en politique du 24 novembre
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Production éolienne Occitanie au 1er semestre 2919
189 installations pour 1592 Mégawatts produitsMais seulement 5 éoliennes dans le Gard pour 10 Mégawatts produits.