La prestigieuse école d'ingénieurs des mines d'Alès dans la tourmente. Des dizaines d'étudiantes de cet établissement renommé des Cévennes gardoises disent avoir été victimes de violences sexuelles, voire de viols, lors de soirées étudiantes.
Sur le campus de l'école nationale supérieure des mines d'Alès, fondée en 1843, il y a environ 1.000 étudiants chaque année. C'est aussi le coeur de la vie universitaire des Cévennes, où se tiennent les soirées organisées par les associations d'élèves.
Mais au-delà de ces fêtes, il y aurait des histoires plus sombres. 2 plaintes pour viols et agressions sexuelles ont été déposées en 2019 et 2020.
Une étudiante de dernière année témoigne d'agressions durant ces soirées. Elle affirme avoir été agressée puis durant des mois avoir été harcelée par un étudiant membre d'une association du campus. Il s'en serait pris à elle physiquement.
Je me suis sentie en danger. Il fait partie du milieu associatif de l'école, ce qui lui donne accès à des données personnelles, comme les adresses et les numéros de téléphone.
48 témoignages après un appel à témoins
La jeune femme n'en a jamais parlé à la direction de l'école mais elle s'est confiée à un collectif d'étudiantes féministes. Grâce à un appel à témoins sur les réseaux sociaux, elles ont recueilli des dizaines de témoignages anonymes... des jeunes femmes qui disent avoir été victimes de violences sexuelles ou de harcèlement sur le campus.
Il est monté dans mon lit, s'est collé dans mon dos... et s'est frotté à moi. J'étais en colère après moi-même pour ne pas avoir pu m'imposer.
Sur les 48 témoignages reçus, 7 peuvent être catégorisés comme des viols, 7 autres comme des agressions sexuelles et au moins 3 de plus sont assimilables à du harcèlement.
Un manque de réactivité de la direction
Il y a un an, le collectif a informé la direction de l'école et transmis la parole des victimes. Et depuis, rien. Aucun signalement.
La direction de l'école des mines dit avoir pris conscience du problème et de son ampleur. Elle précise avoir créé une cellule d'écoute et qu'en cas de plainte(s), des sanctions disciplinaires seront prises systématiquement.
Le directeur fait aussi le constat que le règlement actuel de l'école ne lui permet pas de se porter partie civile et souhaite que cela change.
On va changer notre règlement intérieur pour agir contre des gens qui nuiraient au bon fonctionnement ou l'image de l'école.
Par ailleurs, il précise que l'anonymat des témoignages ne lui permettait pas de donner assez d'éléments à la justice pour déposer plainte.
De leur côté, les deux étudiants visés par des plaintes ont été exclus et font l'objet d'une procédure judiciaire.