Le rassemblement s'est déroulé sur le rond-point des Justes. Une mobilisation pour interpeller l'opinion publique et faire réagir les élus.
Étouffés par le prix de l’énergie, ils donnent une voix à leur désespoir. Cet après-midi sur le rond-point des Justes, "distribution de chouquettes" et tractage étaient au programme, pour une opération "barrage filtrant". Boulangers gersois mais aussi charcutiers, ce samedi 18 février à Auch, une trentaine de personnes est venue dénoncer une situation intenable pour ces artisans. "J’ai appelé tous les boulangers du Gers que je connaissais" affirme Éric Bourrec, boulanger et organisateur du rassemblement.
Des aides insuffisantes
Les aides proposées par l’Etat, il les connaît, mais il les estime trop ponctuelles et insuffisantes. "On fait les démarches pour les avoir, c’est assez simple. Mais nous on veut un tarif unique pour tout le monde." martèle-t-il. D’autant plus que les aides sont soumises à des critères particuliers. Jérôme Caleffi, boulanger "depuis ses quinze ans" et présent à la manifestation, regrette de ne pas "y avoir droit" malgré des tarifs de l’électricité en augmentation "de 320%" pour lui. "Ça me fait passer mes factures de 4.000 euros par mois à 12.000 euros par mois" explique-t-il. "Actuellement on n’a droit à rien avec le bouclier car [dans la boulangerie ndlr] on est plus de 10 salariés et on consomme 100 kWh. On est au-dessus de 36 KWh."
Un soutien de l'opinion publique
Les automobilistes s’arrêtent, sont compréhensifs. "Les gens sont très à l’écoute, ils sont avec nous, pour nous" se réjouit Jérôme Caleffi. Depuis la semaine dernière, les boulangers du Gers ont lancé des pétitions en ligne. 13 600 signatures ont été récoltées sur quatre jours remarque Éric Bourrec, qui souligne que "chaque boulanger a aussi fait signer à ses clients" dans les magasins. Un soutien de l’opinion publique qui fait chaud au cœur, alors que les perspectives d’avenir s’assombrissent.
Cette hausse du prix de l’électricité s’accompagne également de l’augmentation du coût des matières premières. Alors certains boulangers s’adaptent coûte que coûte, tout en essayant de ne pas trop impacter le pouvoir d’achat du client. Véronique Mendez, boulangère à Mirande (Gers), vend désormais certaines de ses baguettes à 1,20 euro, contre "1 euro il y a trois ou quatre ans." "On a des matières premières qui ont augmenté de 50%, et en pâtisserie on peut aller jusqu’à 100%".
Dans cette boulangerie on privilégie aussi la cuisson la nuit, "de 11h du soir à 6h du matin", quitte à "ralentir la production". "Notre fournisseur nous fait un tarif de nuit et un de jour. Il faut avoir fini de cuire à 6h du matin. À partir de 6h, on supprime deux étages et on ne cuit que sur un seul" explique Jean Mendez, boulanger. Il confie avoir aussi arrêté plusieurs chambres froides pour faire des économies.
Un avenir incertain
Mais tous sont unanimes, la situation ne peut pas durer. "J’ai mes deux filles qui travaillent avec moi, je ne sais pas si on va y arriver" soupire Jérôme Caleffi. Même si Véronique Mendez, "née dans le pétrin" réitère son amour de la boulangerie, elle s’inquiète aussi pour son avenir. "On espère pouvoir continuer, mais si ça continue comme ça on ne pourra pas aller bien loin" souffle-t-elle.
Avec la mobilisation de ce samedi, Éric Bourrec espère faire réagir les personnalités politiques, même s’il craint que cet évènement local "ne fasse pas changer les choses." Mais ce boulanger, qui a hérité du métier de son père, veut faire passer un message qui dépasse les frontières de la commune. "Ce coup de gueule sert à faire valoir notre mécontentement, déclare-t-il. Dans le Gers, on est en entre 80 et 100 boulangers. 60% à 70% d'entre eux baisseront le rideau si on continue comme ça." Avant d’ajouter, plus grave : "Le commerce de village, de petite ville, le boulanger, c’est le poumon du village. Si vous enlevez le poumon, le cœur meurt."