"Ça a explosé comme une poudrière" : 17 foyers de grippe aviaire confirmés dans le Gers, plusieurs suspicions

Dans le Gers, de nouveaux foyers de grippe aviaire ont été confirmés mercredi 11 mai. Pour ces éleveurs qui vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, le désespoir se fait chaque jour plus grand.

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En deux jours, six nouveaux foyers de grippe aviaire ont été confirmés dans le Gers. Au 11 mai 2023, la préfecture en dénombre 17 au total, mais précise que plusieurs suspicions sont en cours d’analyse, ce qui pourrait rapidement gonfler le bilan. Parmi les communes concernées : Manciet, Pouydraguin, D’Armagnac, Fusterouau, Aignan, Saint Griede, Salles d’Armagnac, Laujuzan. 

“C’est un épisode qui est tout à fait inédit”, commente Jean-Luc Guérin, directeur de l’UMR IHAP, professeur en aviculture et pathologie aviaire et responsable de l’équipe de virologie de l’UMR. Pour expliquer la virulence de cette nouvelle vague, après celle de janvier, il pointe du doigt son “endémicité et son maintien à très bas bruit dans la faune sauvage.” Il estime également que “tous les ingrédients sont là pour craindre un épisode majeur”. “Ça a explosé comme une poudrière”, corrobore l’éleveur de volailles Lionel Candelon. 

Pertes conséquentes

Afin de compléter les mesures de biosécurité et de lutte contre la propagation communément mises en place, une zone de “dépeuplement préventif autour des foyers a été définie”, a annoncé la préfecture. Toutes les volailles élevées à 1 kilomètre autour de la zone et les palmipèdes à 10 kilomètres sont donc abattus. 

“Le week-end dernier on m’a enlevé mes 15.000 canards”, souffle David Penelle sans réussir à retenir ses larmes. Il avait été prévenu quelques jours avant par l’élevage voisin, contaminé. Chez lui, les tests sont finalement revenus en partie positifs. Pour cet éleveur de père en fils basé à Manciet, il s’agissait du quatrième abattage en trois ans, soit 51.000 canards abattus en tout, pour une production qui atteint normalement les 52.000 animaux par an. 

À 20 kilomètres de là, à Castillon-Debats, le même sort attend l’élevage de Lionel Candelon, actuellement en attente d’abattage. “Psychologiquement, ce sera une délivrance et un soulagement, mais moralement ça va être très dur, épuisant et dramatique. C’est extrêmement difficile à vivre”, déplore celui qui s’apprête à subir cette épreuve pour la quatrième fois. 

Conséquences financières importantes

Une tristesse teintée de colère, notamment concernant les indemnisations qui tardent à renflouer le compte en banque. “Je ne pense pas qu’il y ait une profession aujourd’hui en France qui depuis deux ans ne peut plus travailler, à qui on détruit son travail à chaque fois et à qui ça coûte de l’argent”, s’insurge Lionel Candelon, également fondateur du collectif Les Canards en Colère. Il explique par exemple toujours attendre 66.000 euros d’indemnisations pour l’abattage du mois de janvier, qui s’ajoutent aux 200.000 euros d’attente financière de la part de l’État. 

“Aujourd’hui, je n’ai pas de salaire. J’ai repris mon ancienne activité de charpentier pour pouvoir payer mes crédits."

David Penelle, éleveur

Sans salaire, il reprend une seconde activité

Quant à David Penelle, il regrette également la lenteur de l’indemnisation, ainsi que son taux à 75% de la valeur marchande, qu’il aimerait voir augmenter à 100%. Actuellement dans sa quatrième année d’activité, il n’est pas en capacité de produire son prochain lot à cause du trou de sa trésorerie. “Aujourd’hui, je n’ai pas de salaire. J’ai repris mon ancienne activité de charpentier pour pouvoir payer mes crédits”, ajoute-t-il. 

Malgré l’amour pour leur métier, les doutes sur l’avenir de la filière vont croissants. “Qu’est-ce qu’on fait de nos exploitations ? Est-ce qu’il faut continuer de tenter d’élever des canards pour un jour enfin y arriver ? ”, s’enquiert Lionel Candelon. Leur dernier espoir : le vaccin qui devrait être disponible en octobre, d’après Jean-Luc Guérin, qui le considère comme “un élément incontournable dans la palette des outils nécessaires, car l’intensité du risque est telle que le travail sans vaccin va être très compliqué”. 

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