En vacances dans le Gers, Dominique Dumas et sa famille ont tenté mercredi 5 août de se faire dépister du coronavirus via des tests PCR. Mais impossible de trouver un établissement en mesure de les réaliser. Il témoigne.
"On a des amis au Sénégal qui n'ont eu aucun problème pour faire le test, et nous dans le Gers on n'arrive pas à se faire dépister !" L'incompréhension de Dominique Dumas est totale.
Personnel en vacances
Ce père de famille, en vacances dans le Gers avec ses trois ados et leur grand-mère de 85 ans, essaie depuis mercredi 5 août de réaliser un test PCR. En effet, sa fille vient d'apprendre qu'un ami qu'elle a cotoyé à Grenoble est porteur du coronavirus.Ni une ni deux, Dominique Dumas tente de prendre rendez-vous pour faire dépister sa famille et éviter tout risque à l'octogénaire. Mais impossible de trouver un établissement en mesure de le réaliser. Il contacte d'abord le laboratoire de Mauvezin et tombe sur un répondeur. Plus tard, il apprend que la personne habilitée à réaliser les tests est en vacances.
Il se tourne donc vers celui de Fleurance : on lui répond qu'il y a une pénurie de réactifs qu'il est impossible de se faire dépister.
"Je suis sidéré. Si les tests sont en flux-tendu, qu'ils le disent !"
"En flux très tendus"
Contacté, l'un des biologistes du laboratoire Philippe Mariotti, explique les raisons de cette pénurie : "Sur nos cinq laboratoires dans le Lot-et-Garonne et le Gers, on a 2300 tests en commande, alors qu'on devait être livré il y a huit jours. Nous réservons nos stocks pour la clinique Esquirol Saint-Hilaire à Agen, qui doit récupérer des résultats rapidement pour des patients en urgence."Depuis deux semaines, le biologiste remarque une augmentation des demandes de tests et un retard de livraison. Mais il n'est pas le seul à subir cette pénurie:
Découragé, Dominique Dumas fini par se tourner vers l'hôpital d'Auch, situé à 1h de route de sa maison de vacances. Mais encore une fois, il tombe sur un os. L'établissement ne réalise pas de tests PCR pour les externes. Il sont réservés uniquement aux patients en urgence ou qui présentent des symptômes importants."Je serais heureux si ce n'était que moi. Mais mes confrères sont en flux très tendus : comme l'hôpital d'Agen. J'en suis désolé.
Réservés aux urgences
Là encore, tout n'est pas encore mis en place pour pouvoir effectuer des dépistages. Le chef de service du laboratoire Patrick Caneiro le déplore : "Nous n'avons pas d'infrastructure adéquate pour faire les prélévements, car nous ne possédons qu'une seule pièce interne non ventilable. C'est un gros problème, notamment sur cette période de vacances."
Actuellement, l'hôpital ne peut effectuer que 10 tests par jour. Au delà, il doit envoyer les échantillons au CHU de Toulouse. Il faut aussi organiser toute la partie administrative pour que les patients soient admis sans passer la porte de l'établissement. Mais il faut trouver une solution :
Ce système devrait être opérationnel courant août."En tant qu'hôpital public, on doit rendre ce service à la population, surtout si une deuxième vague se profile. On va essayer de mettre en place un système de prélèvements extérieurs."
Faute de mieux, Dominique Dumas a dû prendre rendez-vous sur Toulouse pour se faire dépister dans les prochains jours. Il espère que la situation va s'améliorer dans les prochaines semaines : "Il y a un manque de logistique, d'information, de bon sens. Mon témoignage, je le fais plus dans une démarche citoyenne d'alerte."