Avec le début des vacances et les premiers départs en congés, beaucoup s'interrogent voire ont besoin de faire un test de dépistage du Covid-19 pour pouvoir partir à l'étranger. Dans les laboratoires, les demandes se multiplient. Décryptage.
Dans ce laboratoire du centre ville de Toulouse, on a remisé le drive, un temps installé sur le trottoir pour faire les tests de dépistage du Covid-19. "On fait les tests à l'intérieur maintenant. La vague d'épidémie est passée, le confinement est fini et le restaurant à côté de chez nous a rouvert sa terrasse" explique Véronique Trapy, biologiste médicale. Mais le retour des analyses dans les salles du laboratoire ne signifie pas une accalmie. Au contraire. Depuis le début du mois de juillet, le laboratoire est pris d'assaut pour des tests de dépistage, aussi bien sérologiques que par prélèvement nasopharyngé (PCR).
C'est énorme. Cela repart comme en avril. Il y avait eu une pause en juin et là, on est submergé par les demandes et par les appels téléphoniques. On fait énormément de tests. Les gens ont peur. Et il y a aussi beaucoup de demandes administratives, des banques ou des entreprises qui décident de tester massivement leurs salariés par sérologie.
Pourquoi cette soudaine ruée sur les tests ?
A l'approche des congés d'été, certains veulent seulement se rassurer avant de retrouver leur famille. Mais d'autres veulent être sûrs de pouvoir prendre l'avion pour l'étranger, comme l'explique Yannick Rouquet, biologiste au centre de biologie médicale de Muret, près de Toulouse.Certains pays en effet, font aujourd'hui du test négatif un préalable pour entrer sur leur sol. C'est le cas par exemple du Maroc qui exige que deux tests Covid (PCR et sérologique) datant de moins de 48 heures soient présentés à l'enregistrement pour que les voyageurs puissent partir.Pour partir dans certains pays, les compagnies aériennes demandent aujourd'hui un test négatif au niveau de la recherche par PCR et souvent aussi une sérologie négative donc on a vu une augmentation des demandes depuis un mois environ.
Ce sera bientôt le cas de la France. A compter du 18 juillet 2020, tout passager provenant d'un pays où le virus circule encore activement et souhaitant entrer sur le territoire français "est invité à présenter un test RT-PCR négatif, réalisé moins de 72h avant le vol" explique la société des aéroports de Paris sur son site internet, précisant même que "pour les passagers qui n'auraient pu réaliser ce test avant leur départ, les autorités sanitaires et l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris ont mis en place un centre de dépistage rapide, gratuit, à l'arrivée à Paris-Charles de Gaulle et Paris-Orly".
Plus près de nous, à l'aéroport de Toulouse-Blagnac, des dépistages ont commencé dès ce jeudi pour les personnes en provenance d'Algérie ou de Turquie, selon le CHU de Toulouse. "Depuis que le président de la République a annoncé des mesures renforcées pour les voyageurs en provenance de certains pays, on a décidé de mettre en place un dispositif particulier en Occitanie" explique Benoît Ricaut-Larose, directeur-adjoint du premier recours à l'agence régionale de santé (ARS). "On l'a fait tout de suite à Toulouse car on avait des vols en provenance d'Algérie et de Turquie. On fait une information renforcée aux voyageurs et cette campagne de dépistage".
Comment se faire tester ?
Un rendez-vous suffit auprès d'un des 400 laboratoires de biologie médicale d'Occitanie. On peut aussi se rendre dans un drive ou un centre de prélèvement temporaire. Même si bon nombre des 268 centres temporaires créés pendant la crise sanitaire ont cessé leur activité, il reste quelques drives en Occitanie, comme ici à Muret :Quel test ?
Après de longs mois à entendre parler du COVID-19, vous ne l'ignorez sans doute plus : il existe deux types principaux de tests de dépistage :- Le test PCR.
Ce test est très fiable mais il doit être réalisé correctement, dans les deux narines et assez profondément. Il faut aussi qu'il soit réalisé dans les 7 jours après les premiers symptômes. Après, il sera trop tard pour détecter le virus dans votre organisme.
- Le test sérologique
Le test sérologique ne permet pas de dire si la personne est contagieuse ou pas et si elle est vraiment protégée. On suppose que cela confère une certaine immunité mais on ne sait pas de combien de temps elle est. Qu'on soit séronégatif ou séropositif au Covid-19, les gestes barrières restent nécessaires car on n'a pas de données sur le caractère protecteur des anticorps et on ne connaît souvent pas la date de contamination.
Si vous souhaitez seulement vous rassurer, sans avoir besoin de présenter vos résultats d'analyses, vous pouvez aussi désormais acheter et faire un test rapide d'orientation diagnostique (TROD) dans certaines pharmacies.
Avec ou sans ordonnance ?
Peut-on faire un test aujourd'hui sans ordonnance ? Théoriquement non, selon l'ARS. "Il faut une ordonnance" insiste Benoît Ricaut-Larose. "Il faut un document admnistratif qui peut être une ordonnance ou un document d'une compagnie aérienne. A l'heure actuelle, on ne peut pas venir sans rien" renchérit Yannick Rouquet à Muret.Mais en pratique, certains laboratoires acceptent de pratiquer les tests sérologiques ou PCR sans ordonnance.
Est-ce remboursé ?
Sans ordonnance, seuls les personnels de santé bénéficient d'une prise en charge des tests par l'assurance maladie, à condition de présenter leur carte professionnelle au moment de l'analyse. Ainsi que les cas-contact, invités à se présenter sans prescription.Pour les autres, il faudra payer l'analyse. Un test sérologique coûte 20 euros. Un test PCR, 73,76 euros.
Et attention ! Posséder une prescription médicale pour faire un test n'est pas forcément la garantie d'une prise en charge par l'assurance maladie. Les laboratoires sont tenus de vérifier via un questionnaire pour quelle raison le test est prescrit. Si vous avez une ordonnance pour une analyse sérologique avant un voyage, celle-ci ne sera pas remboursée.
Une capacité de 30 000 tests par jour en Occitanie
La capacité des tests avait été augmentée pour faire face à l'épidémie en Occitanie. "Elle est aujourd'hui de 30 000 tests par jour" explique Benoît Ricaut-Larose, de l'ARS. "On en est loin puisqu'on fait en moyenne entre 3 000 et 5 000 tests par jour. C'est plus que début mai où on faisait en moyenne 2 000 à 3 000 tests par jour".Cette capacité totale va être préservée. "C'est une vigilance nécessaire, au cas où on en aurait besoin à l'automne".
Tous les laboratoires d'Occitanie restent ouverts tout l'été insiste-t-il par ailleurs. Même si pour l'instant "on n'a pas plus de cas avérés positifs".
"On a en effet, le même nombre de gens contaminés" explique le directeur-adjoint au premier recours, "mais avec les vacances, les campings et l'arrivée des premiers cas importés, on a une activité de dépistage des cas-contact plus importante. Notre vigilance reste très élevée."
Voir ici le reportage de Marius Blénet et Olivier Denoun :