Corrida : un village du Gers défend cette tradition face au projet de loi visant à l'interdire

À Seissan, village du Gers, la tauromachie est une tradition depuis les années 70, date de construction des premières arènes. Depuis la proposition d'un député visant à interdire la corrida, les avis sont partagés. Entre liberté de maintenir la culture locale et insupportable souffrance animale, le débat s'annonce houleux.

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1972, cela fait cinquante ans que ce village de 1.000 habitants dans le Gers célèbre chaque premier weekend de septembre la tauromachie. Les arènes du Soleil d'Or au cœur du Théâtre de Verdure de la ville accueillent à cette occasion des milliers d'aficionados venus s'adonner à leur passion.

Une passion au centre des débats depuis qu'Aymeric Caron, député LFI (La France Insoumise - NUPES) de Paris a déposé un projet de loi à l'assemblée nationale visant à interdire la corrida. Réunis mercredi 16 novembre en commission, les députés ont voté contre la proposition de loi portée par le député LFI. La proposition sera quant à elle examinée le 24 novembre prochain, mais d'ici là, les débats entre partisans et détracteurs sur les rangs de l'assemblée, comme dans les départements concernés, sont à nouveau lancés.

Terre de tradition taurine, le département du Gers compte 21 arènes dont 6 plazas qui accueillent des corridas ou des novilladas. À Seissan, le village ne déroge pas à cette tradition. Depuis 1970, date de création du premier édifice et remplacé en 2008, le maire est fier de faire perdurer la culture tauromachique traditionnelle. Les habitants du Gers font figure d'irréductibles face aux 77% des Français opposés à la corrida.

Une vraie culture locale

François Rivière (SE) se souvient avoir contribué à la construction de la première arène du village. "Nous les jeunes, avions 18 ans à l'époque, nous étions passionnés de tauromachie. On a toujours connu les vaches landaises, les taureaux devant lesquels on courrait et les corridas. Pour nous c'est une vraie culture locale".

En 2005, sa commune répond à un appel d'offres européen pour la création d'un centre d'accueil du public pour le spectacle vivant. En 2008, les nouvelles arènes de 1.200 places assises remplacent les vieilles arènes en bois au théâtre de Verdure du Soleil d'Or. "Ici on pratique les courses landaises, des novilladas avec mise à mort de taureaux comme ça se fait partout sur le Sud-Ouest. Le public vient nombreux, ne viennent que ceux qui aiment, on est dans un pays de tolérance autour de ces pratiques", se défend le maire. "Au delà de la corrida se créent la féria, les bandas et la fête autour de ces valeurs tauromachiques".

Concernant le projet de loi déposé par LFI à l'assemblée, l'élu s'interroge.

"Je suis choqué, car pour LFI il est interdit d'interdire. On est une minorité sauf localement où on représente une grande majorité. Si on laisse passer la corrida, alors tout va suivre : le gavage des oies, la chasse à la palombe ou au sanglier. Dans l'hyper-ruralité (20 habitants au km²), on veut continuer de vivre dans notre pays au milieu des valeurs qui nous plaisent et librement".

La présidente de Région Occitanie, Carole Delga, s'est également exprimée sur le sujet ce mercredi 16 novembre 2022 auprès de nos confrères de franceinfo.

Je suis pour que les gens aient le choix d'aller ou pas à la corrida. La corrida c'est une tradition qui est forte, en particulier en Occitanie. (...) C'est important de laisser le libre choix. J'en ai assez de cette société de l'interdiction et de l'enfermement.

Carole Delga - présidente de la Région Occitanie


Trouver un équilibre

Le projet de loi et la question de la corrida ont également suscité une réaction au sein du Conseil départemental du Gers. Par la voix de son président Philippe Dupouy qui répond par un communiqué de presse le 17 novembre.

Corrida : la réaction de Philippe Dupouy. by Aude Henry on Scribd

"Mon rôle est d’être à l’écoute de toutes celles et de tous ceux qui vivent dans le Gers, de prendre en compte leurs aspirations, leurs convictions, même lorsque celles-ci sont divergentes, voir opposées. (...) L’équilibre à trouver entre des sensibilités différentes, souvent conflictuelles, n’est pas chose facile.

L’évolution de certaines de nos pratiques anciennes ne doit pas nous conduire à renier nos héritages, ni à culpabiliser celles et ceux qui les font vivre, au risque de nous diviser davantage. C’est en travaillant autour de cet équilibre que nous trouverons les réponses les mieux adaptées à ces évolutions."

"Nous devons tous interdire la corrida"

Depuis le 2 juillet 1850, sensibilisé par la cruauté faite aux chevaux de guerre, la loi Grammont est la première à sanctionner les mauvais traitements infligés aux animaux en public.

Ceux qui protègent aujourd'hui la corrida, protègent la violence, le plaisir sur la cruauté infligée à l'animal, le sadisme, mais certainement pas une tradition locale.

Georges Nosella - Collectif Gers Corrida Abolition

Pour Georges Nosella du Collectif Gers Corrida Abolition, il est indispensable de légiférer. "Ça fait 172 ans que l'animal doit être protégé partout en France, quel qu'il soit. Quelle que soit la tradition, celle-ci doit évoluer. Ce privilège d'une élite bourgeoise est une dérogation à une loi de protection des animaux qui date du Second Empire, du temps de l'Impératrice Eugénie. Oui le taureau souffre pendant une corrida, ce sont les vétérinaires qui le disent, alors cette activité ne peut pas être protégée sur ce critère-là", conclue t-il.

Des manifestations prévues ce samedi

Samedi 19 novembre 2022, opposants et aficionados affronteront leurs idées dans les manifestations prévues ce jour là :

    •  L'Association Nature sauvage Occitanie appelle à la mobilisation en soutien à cette proposition de loi déposée par Aymeric Caron. Le rassemblement aura lieu à 10 h 30 à Toulouse, square Général de Gaulle.
  •  Les clubs taurins du Gers se mobilisent à Auch au pied de l'escalier monumental à 11 heures.

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