L'ancienne chaîne de production de yaourts de Villecomtal-sur-Arros (Gers) a subi deux ans de travaux pour se convertir à la fabrication de lait d'avoine. Une transformation qui permet de maintenir l'emploi dans le secteur, mais près de 200 producteurs laitiers locaux sont impactés.
Après des décennies de suprématie dans le cœur des consommateurs, le yaourt au lait de vache devient "has been". Les ménagères du monde entier se tournent désormais de plus en plus vers le lait végétal.
Le groupe Danone a bien analysé cette tendance. Pour suivre ces nouvelles habitudes de consommation, il a investi 43 millions d'euros dans son usine de Villecomtal-sur-Arros (Gers). Ici, deux ans de travaux ont été nécessaires pour transformer la chaîne de production de yaourts en usine de fabrication de lait d'avoine.
"La transformation de l'usine est le symbole de cette transition alimentaire voulue par les consommateurs", souligne Yann Le Roy, vice-président des opérations chez Danone.
Et d'ajouter : "Danone se pose comme la première entreprise flexitarienne au monde"
Une filière d'avoine locale ?
Ce lundi 12 février, l'usine flambant neuve a donc été inaugurée en présence des élus et de la presse. Une fierté bien sûr pour les dirigeants du groupe et un soulagement pour le maire de la commune.
"Nous avons pu conserver l'emploi dans le secteur. Notre priorité est de maintenir l'activité sur nos territoires ruraux", estime Mathieu Mourra, maire de Villecomtal-sur-Arros.
Mais pour cet élu une inquiétude persiste. L'avoine transformée dans l'usine proviendra-t-elle d'une filière locale ?
Danone en a fait la promesse, mais pour l'instant la matière première provient d'Espagne et d'Allemagne. "On espère vraiment que l'avoine acheminée de l'étranger pourra être produite en local", souligne Mathieu Mourra.
187 éleveurs laitiers impactés
Il faut dire que le virage de Danone, annoncé en 2021, a fait grincer des dents dans le secteur. L'ancienne usine de yaourts récoltait le lait de 187 éleveurs laitiers locaux. Ces derniers se sont donc retrouvés sur le carreau.
C'est le cas de Gérard Brocca, éleveurs de vaches laitières dans le Gers. " Il faut se mettre à la place d'un producteur de lait. Quand on vous dit un beau jour, on ne collectera plus votre lait. La nouvelle a été très brutale" se souvient l'agriculteur.
Un accord de compensation pour les éleveurs locaux, privés de leurs débouchés, a bien été trouvé. "L'ensemble des producteurs ont fait l'objet d'un accompagnement par Danone, qui s'est concrétisé en mai 2022 par la signature d'un accord avec l'OPSOL, Organisation des producteurs du sud-ouest. Un accord répondant à l'objectif du maintien de la dynamique laitière sur le territoire", tient à préciser le groupe.
Mais dans ce territoire rural, l'importation d'avoine provenant de l'étranger passe mal. "On pourrait sûrement produire cette céréale ici. Pour l'instant, Danone n'a fait aucun effort pour nous proposer un prix incitatif", regrette Gérard Brocca.
Une marque destinée principalement à l'étranger
Opérationnel depuis fin décembre 2023, le nouveau site produira, dans un premier temps, 100 000 litres de lait végétal par jour, sachant que sa capacité de production quotidienne est de 300 000 litres. Cette dernière sera destinée à être distribuée sous la marque Alpro dans 26 pays, principalement en Europe. L’objectif du groupe est qu'une brique sur dix de lait d’avoine commercialisée dans le monde provienne à terme de l’unité gersoise.