Les communes gersoises d'Eauze et Nogaro ont vu les votes au second tour de l'élection présidentielle invalidés par le Conseil constitutionnel. En cause, l'absence présumée de membres des bureaux de vote. Les deux maires dénoncent cette annulation, injustifiée selon eux.
Le Conseil constitutionnel a invalidé le scrutin des deux communes gersoises Eauze et Nogaro au second tour de l'élection présidentielle. Une décision qui fait suite au rapport de la magistrate déléguée dudit conseil qui, lors de son passage dans les bureaux de vote de ces communes, aurait constaté qu'un seul membre du bureau de vote était présent, a précisé l'institution mercredi 27 avril dans sa proclamation des résultats.
"Rapport faux et délétère"
"Le Conseil s'appuie sur ce rapport faux et délétère. Il dit qu'il n'y a avait qu'une personne par bureau de vote, c'est n'importe quoi !", explique le maire d'Eauze, Michel Gabas. "Quand elle est venue, j'étais à la Journée des déportés pendant 40 minutes, pour déposer des fleurs devant la tombe commémorative. Quatre adjoints étaient présents au bureau de vote à ce moment-là", précise-t-il.
Le maire de Nogaro, Christian Peyret, ajoute : "Quand la magistrate est venue, j'étais devant la salle et en tant que président du bureau de vote, je discutais avec des habitants. Elle m'a dit que ma place était à l'intérieur et non pas devant, d'un ton véhément, impoli. Je ne pensais pas qu'on irait jusqu'à l'invalidation du scrutin", déplore-t-il.
"Méconnaissance des processus administratifs"
Dès dimanche, Michel Gabas, maire d'Eauze depuis 14ans, a "signalé l'incident au préfet". Il a aussi écrit au président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, pour exprimer "surprise", "désarroi", "incompréhension" et invoquer de la part de la magistrate déléguée "une méconnaissance des processus administratifs", une "interprétation détournée, entachant de manière évidente la réputation et le sérieux de toute une ville".
"Je vous demande de bien vouloir lever l'opprobre et le discrédit qui se sont
abattus sur notre commune et notre administration", écrit-il au président du Conseil,
en se disant conscient "qu'aucun recours contentieux ne peut être engagé".
1 974 votes annulés à Eauze
Sur l'ensemble des communes et bureaux dont les suffrages de dimanche ont été
annulés, Eauze est avec 1 974 votes celle qui en comptait le plus, d'après les chiffres publiés par le Conseil constitutionnel.
Une autre annulation a fait parler d'elle à Lourdios-Ichère, dans les Pyrénées-Atlantiques, où Jean Lassalle, candidat malheureux à la Présidentielle, a publiquement mis en scène son abstention au second tour, sans passer par l'isoloir.