Placée en redressement judiciaire depuis juillet 2022, la clinique de Gascogne d'Auch (Gers) n'a pas trouvé de solution pour maintenir l'offre de soins. Selon les salariés, l'établissement va fermer ses portes définitivement le 16 mars 2023.
La nouvelle était redoutée depuis plusieurs mois. Cette fois, c'est visiblement la fin de la clinique de Gascogne. Selon les salariés et les organisations syndicales, l'établissement situé à Auch dans le Gers fermera ses portes le 16 Mars au soir, le 17 il n'y aura plus de patient ni de soignant dans l'établissement.
Aucune solution pérenne entre la clinique, l'hôpital d'Auch et l'ARS n'aurait été trouvée pour poursuivre l'offre de soins.
100 emplois perdus
La clinique appartenant au groupe Clinavenir, emploie une centaine de salariés : infirmières, aides soignants, secrétaires médicales, médecins et chirurgiens. Des professionnels de santé qui n'ont plus d'espoir de conserver leur travail. "Nous sommes dégoûtés. On nous laisse tomber" réagit Justine Boyer, infirmière et porte-parole des salariés.
Sans solution, on est donc arrivé au terme de la date limite pour trouver un repreneur. Aujourd'hui, on est licencié. C'est injuste ! On a passé 7 mois en redressement judiciaire sans que personne ne se préoccupe de notre sort.
Justine Boyer, infirmière et porte-parole des salariés de la clinique
Disparition de 60% de la chirurgie dans le Gers
Avec la fermeture de la clinique de Gascogne, une grosse partie de la chirurgie ne serait plus pratiquée dans le Gers, obligeant les patients à se rendre sur des centres de santé saturés de Toulouse , Albi ou Agen pour des opérations d'urologie, de stomatologie ou encore de chirurgie vasculaire.
J'ai eu mon rendez-vous à Pôle emploi. Ce qui nous arrive est scandaleux. Que vont devenir nos patients ? On ne sait plus quoi leur répondre.
Valérie Descarpentries, agent administratif médicale
Pour éviter l'arrêt des opérations, le Centre hospitalier d’Auch a proposé d'accueillir des activités chirurgicales dans ses locaux. Une option refusée par la majorité des chirurgiens. Cela ne répondrait pas à la sécurité et au bon suivi des soins selon eux.
Rien que pour le service d'urologie, nous réalisons à la clinique 160 opérations par semaine. L'hôpital : 100. La structure publique ne nous propose ni le matériel ni les lits adaptés pour garantir une bonne continuité des soins.
Mickael Secco, chirurgien urologue et président de la commission médicale de la clinique de Gascogne
L'ARS a également autorisé la création d'un groupement de coopération sanitaire (GCS) d’activités libérales.
Un mariage forcé ?
Pour valider cette option, il faut que les professionnels médicaux manifestent leur volonté d’intégrer ce GCS. "Une condition essentielle pour que l’ARS Occitanie puisse apporter un concours exceptionnel destiné à couvrir une partie des frais de fonctionnement de la clinique jusqu’à ce que les propositions formulées par le Centre hospitalier d’Auch soient opérationnelles" explique l'Agence régionale de Santé d'Occitanie.
Là encore les médecins de la clinique de Gascogne sont majoritairement contre cette proposition. Sur les 25 médecins, seul un ophtalmologue a accepté de partir exercer à l'hôpital public d'Auch.
En décembre 2022, en accord avec l'ARS, nous avons signé une charte tripartite entre l'hôpital et le pôle de santé Reviscolada de Montégut pour maintenir une offre de chirurgie sur ce dernier site. La construction de blocs opératoires dans ce centre de soins était tout à fait réalisable. Mais l'ARS n'a pas tenu ses engagements en balayant cette proposition.
Mickael Secco
Toutes les opérations déprogrammées
Depuis ce lundi, la direction de l'établissement déprogramme toutes les opérations et les consultations prévues jusqu'au 16 mars 2023. "Ce qui arrive est une catastrophe pour le Gers." réagit Mickael Secco. Le chirurgien urologue est installé dans le Gers depuis 9 ans. "On est venu ici en connaissance de cause. On suit les patients en proposant une permanence des soins même le samedi, on est le seul plateau technique du département. Et en face, on n'a que du mépris. Si les chirurgiens partent du Gers. Ils ne reviendront pas."
Les salariés et les patients de la clinique de Gascogne ont désormais huit jours pour quitter l'établissement.