Pour maintenir l'offre de soins malgré la fermeture annoncée de la clinique de Gascogne, le tout nouveau pôle de santé de Montégut étudie la possibilité d'y construire une nouvelle clinique. Un projet qui devra s'articuler avec le nouvel hôpital prévu à Auch en 2030.
Hôpital public, secteur privé et Agence Régionale de Santé sont tous d'accord sur un point : il faut maintenir l'offre de soins dans le département du Gers. Reste à déterminer comment.
Si elle n'a pas encore été prononcée, la mise en liquidation judiciaire de la clinique de Gascogne est présentée comme inéluctable par l'ensemble des acteurs de la santé du département.
Le transfert des activités de la clinique à l'hôpital, souhaité par l'ARS, n'a pu aboutir. Christophe Bukovec, secrétaire départemental CGT Santé Action Sociale du Gers, le regrette. "On aurait préféré que les médecins acceptent de venir travailler à l'hôpital où ils ont une autorisation d'exercice en libéral à 50%. Mais ça ne suffit pas aux urologues notamment, ce n'est pas assez intéressant financièrement pour eux. Dernièrement à la clinique, ils ont encore augmenté leur dépassement d'honoraires."
Un projet de nouvelle clinique à l'étude
Très inquiète jusqu'à il y a peu, Justine Boyer, déléguée du personnel FO à la clinique de Gascogne, se réjouit des dernières avancées. La visite à Auch du directeur général de l'Agence Régionale de Santé Occitanie, Didier Jaffre, ce 16 novembre a relancé le dialogue. Clinique de Gascogne, hôpital et pôle de rééducation du Dr Lange se sont engagés à trouver des solutions.
"Les solutions avec l'hôpital ne peuvent être que partielles. Le Dr Lange s'est positionné il y a un mois en disant qu'il a l'espace pour créer une clinique chirurgicale sur le site du centre de rééducation de Montégut", explique Justine Boyer.
Si nous pouvons aider, nous sommes là pour contribuer à maintenir l'offre de soins.
Mathieu Lange, directeur administratif et financier du pôle de santé La Reviscolada à Montégut
Sur ce projet de nouvelle clinique, Mathieu Lange, directeur administratif et financier du pôle de santé La Reviscolada à Montégut se montre prudent. "Si nous pouvons aider, nous sommes là pour maintenir l'offre de soins. Nous avons déjà un gros plateau technique existant, il serait cohérent de le compléter en rapatriant les compétences de la clinique de Gascogne. Pour le moment, nous travaillons avec les différents acteurs pour déterminer quel est le cahier des charges, et comment le mettre en œuvre rapidement".
Présent sur le territoire depuis plus de 30 ans, le Dr Bernard Lange a ouvert ce nouveau centre de rééducation fonctionnelle à Montégut le 4 avril 2022. Une entreprise familiale, un investissement de 45M€. "Nous étions situés à l’extrême sud du département. Avec ce nouveau pôle de santé, on s'est déplacé au centre du département pour être plus accessible, et développer notre offre de soins" précise Mathieu Lange.
"À court terme, nous sommes en train d'évaluer quelles sont les capacités d'adaptation de nos locaux, la solution de blocs modulaires pourrait être une solution temporaire" explique le directeur administratif et financier, qui enchaine les réunions sur ce projet.
Un nouvel hôpital prévu d'ici 2030
Le projet de construction d'une nouvelle clinique à Montégut doit aussi tenir compte du nouvel hôpital d'Auch, acté pour 2030.
"Le scénario nous satisfait moyennement. Nous on défend le service public. L'offre de soins va être maintenue sur le département, ça c'est bien. Mais notre crainte c'est qu'à long terme il y ait un transfert d'activité de l'hôpital vers le privé", explique le secrétaire départemental CGT Santé Action Sociale, Christophe Bukovec.
Aujourd'hui déjà, les soins en urologie sont uniquement dispensés par la clinique de Gascogne. "Dans notre département on a une population rurale qui n'a pas de gros moyens, mais les gens n'ont pas le choix" déplore Christophe Bukovec.
Mathieu Lange confirme que les deux projets vont de pair. "Chirurgie orthopédique, digestive, ophtalmologie, urologie, consultations avancées, lits de médecine et de blocs, il faut établir quels seront les besoins définitifs. Une nouvelle clinique, ça nécessite un montage et une organisation, ça ne peut être qu'une réponse à moyen terme, qui devra s'articuler avec le projet de nouvel hôpital. On a déjà du foncier et un environnement logistique, ça peut faire gagner beaucoup de temps."
Quel avenir pour les 110 salariés de la clinique de Gascogne ?
On est optimiste, on attend maintenant des certitudes, pas que des projets.
Justine Boyer, représentante FO Clinique de Gascogne
"Nous on est plutôt contents, on voulait un projet de poursuite de l'activité chirurgicale, et la possibilité d'emplois pour les salariés soignants et administratifs. On nous a dit qu'il y aura la possibilité de réemployer une majorité de salariés. Pour l'instant nous n'avons pas de données précises à ce sujet. On est optimiste. On attend maintenant des certitudes, pas que des projets", déclare la représentante FO du personnel de la clinique de Gascogne, Justine Boyer.
De son côté, Christophe Bukovec rappelle que "sur l'ensemble des établissements de santé publics du département, il manque actuellement 70 infirmières et 45 aides-soignants. Les salariés de la clinique de Gascogne auront le choix entre le Dr Lange et le public."
Pour lui, le risque de licenciement concerne surtout les personnels administratifs et logistiques.
Les premières réponses concrètes interviendront le 8 décembre prochain lors de la signature de l'accord entre les acteurs de santé du département. Puis le lendemain 9 décembre, date à laquelle le tribunal de commerce d'Auch devrait prononcer la mise en liquidation judiciaire de la clinique de Gascogne.