Depuis le 22 Février, les Gersois peuvent faire leurs achats avec une nouvelle monnaie locale, La Plume . Quel intérêt pour les consommateurs et les commerçants ? Comment se procurer cet argent "alternatif" ? Eléments de réponse.
Payer son coiffeur ou une baguette de pain, sans sortir une pièce ou un billet en euro, c'est possible depuis quelques jours dans le Gers. Le département rejoint le mouvement des monnaies locales.
Une 15éme monnaie locale en Occitanie
Dans la région toulousaine, les consommateurs peuvent "squeezer" les moyens de paiement aux couleurs de l'Union Européenne depuis plus de dix ans. Depuis l'instauration, en mai 2011, du Sol Violette.
La Plume gersoise (clin d'œil au chapeau de d'Artagnan) s'inscrit dans ce mouvement et devient la 15eme monnaie locale dans notre région. Comme le précise une des ses fondatrices, Agathe "dans le Gers, il y a eu des projets, autour de Condom et Nérac, mais qui n'ont pas abouti".
Du coiffeur jusqu'à l'ostéopathe
Mais, désormais, c'est fait. Les habitants ou les touristes de passage pourront aller dans une librairie, chez un apiculteur, des restaurants et même un ostéopathe en sortant La Plume de leur poche ou plutôt de leur porte-monnaie.
"L'idée, c'est d'avoir 100 professionnels adhérents dans l'année" souligne Agathe. Evidemment, la réussite de la monnaie made in Gers dépendra du nombre de commerçants dans la boucle, mais aussi de consommateurs prêts à entrer dans le jeu.
Monnaies locales : des expériences contrastées
Au Pays Basque, la monnaie locale circule largement : 3 millions d'Eusko. Toutes les initiatives n'affichent pas de tels résultats. A Toulouse, un commerçant adhérent au Sol Violette, estime que le nombre de clients passant en caisse n'est pas "très important", mais que "cela arrive de temps en temps, et encore récemment".
Un responsable de la monnaie locale toulousaine "pense que 500 à 600 utilisateurs sont toujours actifs" sur les 3500 adhérents qui participent à l'aventure depuis le début, en 2011.
Joachim pointe "une difficulté" : le fait que le Sol Violette soit localisé sur une "zone très urbaine où il n'y a pas beaucoup d'activités de production ou de transformation".
Dans le Gard, à Nîmes, une expérience a carrément tourné court. De leurs côtés, les créateurs de la Plume Gersoise se montrent prudents.
La Plume Gersoise prudente sur son envol
"Nous avons des objectifs pour l'année de lancement. Pour les particuliers on espère au moins 500 personnes d'ici à la fin de l'année, mais on ne sait pas du tout comment ça va prendre" avoue Agathe, la coordinatrice de La Plume.
Une dizaine de bénévoles sont mobilisés. "On a pour l'instant une trentaine de professionnels adhérents et autant qui sont en cours d'adhésion. Concernant les utilisateurs on ne sait pas encore" souligne la responsable gersoise.
Des billets dessinés par des artistes locaux pour insuffler de la beauté et de la poésie au quotidien
AgatheCoordonnatrice de La Plume
Pour attirer les utilisateurs, La Plume gersoise ne compte pas uniquement sur l'étendue de son réseau et de l'offre. Les fondateurs de la monnaie veulent mettre un peu de couleurs dans les transactions commerciales. "Des billets ont été dessinés par des artistes locaux, avec des phrases inspirantes au verso pour insuffler de la beauté et la poésie au quotidien"
1 Plume pour 1 Euro
Sur le fond, La Plume ressemble à toutes les monnaies locales de France et de Navarre. Pour l'utiliser, il faut adhérer à l'association et échanger ses euros. Le cours est simple et ne varie pas : 1 euro = 1 Plume.
7 comptoirs de change sont repartis sur le territoire du Gers.
Quel intérêt pour le consommateur ?
Pourquoi préférer La Plume à l'euro ? Vous vivez à Lupiac ou Léguevin. Vous allez passé un week-end à Vic-Fezensac ou Nogaro. Qu'est-ce qui peut vous motiver pour basculer en mode "monnaie gersoise" ?
L'intérêt n'est pas... monétaire. Il ne s'agit pas, comme cela peut arriver lors d'un voyage à l'étranger, de gagner éventuellement en pouvoir d'achat en profitant d'un cours de change. Encore une fois, 1 Plume vaut 1 euro.
En réalité, se convertir à la monnaie gersoise (comme à n'importe quelle autre monnaie locale) est un geste citoyen. Même si cela un impact économique.
Le but est de favoriser la production locale et les circuits courts, en territorialisant ses achats. Une étude publiée en avril 2021, évaluant l'impact des monnaies locales, montre que 69% des utilisateurs augmentent leur consommation de produits locaux.
