Abandonné en 2019, car trop cher et pas assez indispensable, le projet de gazoduc entre l'Espagne et la France, jusqu'à Lussagnet dans le Gers, revient sur le devant de la scène. La guerre en Ukraine a rebattu les cartes.
Le projet n'est pas nouveau. C'est dans les années 50 à l'époque du Général De Gaulle, qu'il a été conçu, mais n'a jamais abouti : l'idée est de construire un nouveau gazoduc, appelé Corridor Ibérique, pour doubler l'approvisionnement en Gaz Naturel Liquéfié (GNL). L'infrastructure partirait du sud de l'Espagne pour arriver en France. "Historiquement, l’ensemble des réseaux qui alimentent la France en gaz naturel sont des réseaux qui arrivent par l’est et par le nord, explique Dominique Mockly, Président directeur général de la société Terega. La guerre en Ukraine repose, en termes de sécurité, sur notre approvisionnement. Comment substitue-t-on le gaz Russe ? Par celui du Qatar, celui d’Algérie, d’Amérique du Nord. Les 7 terminaux de la Péninsule ibérique de gaz naturel liquéfié sont justement alimentés par ces pays."
3 milliards de mètres cubes de gaz
C'est le site de Lussagnet qui stockerait ces nouveaux arrivages de GNL. Cette forêt de tuyaux, aux confins du Gers, revêt une importance stratégique pour la France. Dans son sous-sol, bien enfoui à 500 mètres de profondeur sont stockés 3 milliards de mètres cubes de gaz, le quart des réserves françaises. Le site n'a pas encore atteint sa capacité maximale de stockage. Malgré la guerre en Ukraine, l'approvisionnement se poursuit à un rythme soutenu malgré l'arrêt des livraisons de gaz russe.
"Nous avons 63 % des capacités de stockage déjà remplies, précise Michel Boche, Directeur des projets de Terega. Nous sommes bien en avance par rapport à notre prévision habituelle. L'approvisionnement en gaz naturel liquéfié est en très forte hausse ces derniers mois : +66 %. Le marché avait déjà anticipé avec la baisse d’approvisionnement de la Russie."
La capacité totale de stockage de Lussagnet peut être encore augmentée de 20 %. Un développement possible grâce au corridor Ibérique qui pourrait aussi acheminer de l’hydrogène, du biométhane. Terega croit à la relance de ce gazoduc qui nécessiterait d'attendre encore 4 ans avant d'être opérationnel.