Témoignage. "Les volontaires, c'est la force de l'Ukraine", un Français raconte ses deux mois de guerre

Publié le Écrit par Fabrice Dubault et Jean-Michel Escafre

Jusqu'à il y a 10 jours, Thomas était combattant volontaire en Ukraine contre l'invasion russe. Ce Biterrois vivait là-bas avec son épouse. Blessé au combat et depuis mai sous la menace des bombes, avec sa femme, ils ont décidé de regagner la France. Ils témoignent.

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"On protégeait toute la rue afin que les Russes n'avancent pas et ne puissent pas prendre le village qui se trouvait derrière"... Notre témoin, c'est un Français. Un Héraultais que nous appellerons Thomas. Volontaire, il a servi dans les forces spéciales ukrainiennes après l'offensive russe.

Combattant volontaire français en Ukraine

Rien ne prédisposait Thomas au combat. Avec sa femme ukrainienne, il tenait un café restaurant dans la ville de Rivne, au nord du pays. Quand la guerre a débuté, fin février, il répond simplement à un appel à l'aide de la police régionale. D'abord dans l'humanitaire, il devient combattant.

Dès la fin de la première semaine de l'attaque russe, la police régionale a fait des appels aux volontaires. Je me suis alors signalé à la mairie, j'ai fait des tests. Le premier mois, j'ai convoyé et évacué des réfugiés au nord de Kiev. Le plus dangereux, c'était les mines. Puis, je suis allé au nord de Kharkiv, on nettoyait des endroits, on voyait s'il n'y avait pas des Russes. Enfin, dans le Donbass, vers Donetsk et Louhansk, j'étais dans une usine, ils ont engagé le combat et c'est là que j'ai été blessé.

Thomas, Français combattant volontaire en Ukraine.

Thomas est vite repéré par l'armée ukrainienne. Il trouve même sa place dans les forces spéciales mais son épouse enceinte est alors partagée.

D'un côté, j'ai dit oui parce qu'il allait défendre mon pays, ma famille. Il s'est comporté comme la plupart des Ukrainiens. D'autre part, j'étais très inquiète car j'étais seule et enceinte à la maison. Et après tout, ce n'est pas son pays.

Femme de Thomas.

La menace des bombardements russes

Après deux mois d'"opérations militaires", notamment au nord de Kiev, Thomas est blessé au bras en pleine zone de combats, près de Kharkiv.

"J'ai eu de la chance, la balle est rentrée dans le bras au dessus du coude en latéral, sans faire trop de dégâts", explique Thomas.

Mais le village où habite le couple est de plus en plus exposé aux frappes russes depuis la Biélorussie voisine. Un risque désormais trop grand qui va pousser Thomas et sa femme à rentrer en France, en sécurité.

Ils commençaient à bombarder les stations de carburants. Tous les convois et matériels logistiques qui viennent d'Europe également. Nous, on était sur le chemin de la guerre et celui des bombes. Avec ma femme enceinte, la pression était trop forte. On ne voulait pas mourir.

Thomas, Français combattant volontaire en Ukraine.

Ce qui a surpris Thomas, c'est l'engagement et la mobilisation des civils, jeunes et vieux. "Dès les premiers jours, on voyait les papis et les mamies prendre des bouteilles dans les magasins pour faire des cocktails molotov... c'était incroyable. Ils les donnaient à la police qui les convoyaient sur le front. Il y a des volontaires civils, sanitaires, combattants partout. C'est la force, la grande puissance de l'Ukraine. La Russie n'a pas compris cela".

Le couple est arrivé en Occitanie il y a 10 jours. Hébergé temporairement, il cherche un appartement à Béziers. C'est dans cette ville de l'Hérault que Thomas vient juste de trouver un emploi d'aide cuisinier.

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