Ce samedi matin, une centaine de personnes se sont retrouvées au pied de l'escalier Monumental d'Auch (Gers) pour défendre les traditions du sud-ouest dont fait partie la corrida. Une proposition de loi visant à l'interdire sera présentée la semaine prochaine à l'Assemblée nationale. Ses défendeurs eux se sont réunis à Toulouse.
Sous le regard jugé bienveillant de la statue de D'Artagnan à Auch une centaine de manifestants se sont rassemblés à Auch contre le proposition de loi de la France Insoumise Aymeric Caron qui vise à abolir la corrida. Elle sera présentée le 24 novembre prochain à l'Assemblée nationale. Le sujet divise, avec des partisans et des adversaires de tous bords.
Faire pression contre la proposition de loi d'Aymeric Caron
Sur place, le député LREM Jean-René Cazeneuve harangue la foule : "Nous avons gagné la première mi-temps en commission mercredi. On a repoussé la proposition de loi du député félon Caron. Le match de jeudi n'est pas gagné encore, c'est la deuxième mi-temps et ce que vous faites aujourd'hui est très important. Je ne veux pas qu'on emmerde le peuple du sud-ouest parce qu'il aime la feria, le rugby, les corridas et les courses landaises. Il faut déplacer le débat sur notre identité culturelle et sur les libertés individuelles."
Parmi les manifestants, Paul Bergamo, co-président du club taurin "Aignan y Toros" : "on défend nos traditions et premier lieu la corrida et tout ce qui va avec. Depuis 10 ans ici dans le Gers, un petit groupe de 10 personnes mobilise tous les services de la préfecture et de la gendarmerie. On va monter des collectifs et on verra bien. Aujourd'hui nous sommes 100. Hier les anti étaient 8 !"
De manière plus large, défendre les traditions
Parmi les personnes mobilisées, tous n'étaient pas venus défendre la corrida. Il y avait aussi des défenseurs de la chasse ou du foie gras car selon eux, ce sont les traditions du sud-ouest qui sont menacées.
"Nous sommes là pour défendre une culture, une manière de vivre, assure Jean-Paul Castets, président d'honneur de l'association des chasseurs de palombes. C'est la corrida qui est attaquée aujourd'hui. Demain ce sera la chasse -qui l'est déjà- la course landaise, toute notre culture gasconne. Nous voulons vivre notre culture et nous n'entendons pas que notre manière de vivre soit dictée par des gens qui ne connaissent pas notre culture."
David Taupiac, un nouveau député du Gers proche de Carole Delga était là. "On se positionne contre cette proposition de loi mais on affirme aussi ce que nous sommes : nos traditions et notre identité. Il n'y aura pas de positions unanimes de tous les groupes. On est plus sur des convictions personnelles ou sur des positions géographiques. Les députés du sud-ouest sont majoritairement pour maintenir la corrida mais il y a des débats au sein des groupes. On œuvre beaucoup au quotidien pour expliquer ce qu'est la corrida, pour convaincre nos collègues. La diversité de la France c'est la richesse de ses traditions."
A Toulouse, ils disent non à la corrida
Au même moment, au Square Charles de Gaulle de Toulouse, une cinquantaine de manifestants se sont rassemblés en brandissant des pancartes "Stop Corrida". Cette mobilisation , à l'initiative des collectifs Alliance Ethique, One Voice et du Collectif Ensemble pour l'Abolition, a réuni de nombreuses associations (L214, Collectif Nature Sauvage Occitanie, Agir pour les animaux) mais aussi des personnalités politiques.
François Piquemal et Anne Stambach-Terrenoir, députés LFI de la 4e et 2e circonscription de la Haute-Garonne, étaient présents.
Banderoles dépliées et la célèbre chanson La corrida de Francis Cabrel en toile de fond : le but est de sensibiliser sur la "cruauté de cette tradition".
Certains se drapent dans une idée de tradition pour essayer de justifier l'injustifiable. Heureusement que les traditions ne sont pas immuables, elles évoluent dans le temps avec la société.
Anne Stambach-Terrenoir, députée LFI de la 2 circonscription de la Haute-Garonne
"On va avoir enfin l'occasion de réparer une erreur majeure dans le droit français qui fait que dans le code pénal il est interdit de faire souffrir ou de tuer un animal, sauf dans le cas de la corrida", ajoute-t-elle.
La députée du groupe La France Insoumise tient à rappeler que la corrida "n'est pas une tradition française mais une tradition importée d'Espagne en 1853 par Napoléon III".
A cinq jours du débat à l'Assemblée Nationale, Anne Stambach-Terrenoir, députée LFI de la 2e circonscription de la Haute-Garonne, s'attend à un "vote historique". Cette proposition a pourtant déjà été rejetée une première fois cette semaine en commission à l'Assemblée.