La sécurité sociale agricole (MSA) a lancé une campagne sur son service d’écoute téléphonique, Agri’Écoute servant à prévenir les suicides chez les agriculteurs. Ces publicités provoquent la colère au sein du Samu social agricole du Gers qui dénonce le double discours de la MSA,
"C'est une honte !" : Alain Deguine du Samu social agricole du Gers ne décolère pas. La campagne de la MSA pour son numéro d'écoute afin de prévenir les suicides chez les agriculteurs date de l'an dernier, mais le paysan gersois vient à peine de la découvrir. Cette phrase, "je vais me tirer une balle ! Adieu" transformée à l'aide de quelques coups de stylo rouge en "je vais m'en tirer. Bises !", ne passe pas.
Harcelés pour leurs cotisations
"Comment la MSA peut-elle laisser diffuser cela ?", s'interroge-t-il. "D'un côté, la sécurité sociale donne des miettes comme ce type de campagnes pour les agriculteurs en difficulté et dans le même temps, elle les harcèle pour récupérer ses cotisations."Depuis plusieurs mois, l'organisme social dénonce ce qu'il désigne comme "la couverture sociale assassine" :
un agriculteur sur cinq du département subit des appels de cotisation de la MSA supérieurs à ses propres revenus. Comme tous, s'il ne paye pas, il se tape les majorations, les assignations collectives. Est-ce normal qu'un système social tue une activité comme l'agriculture ?
s'emporte le président du Samu social agricole, Guy Seres. "Il y a quelque temps, nous avons assisté à une réunion à la MSA où on nous a diffusé un gentil film sur la prévention des suicides des agriculteurs. C'était innommable. Cela n'a rien à voir avec la réalité."
Une opposition permanente
Ce point de vue désole Sébastien Bismuth-Kimpe, directeur de la MSA Midi-Pyrénées Sud et son sous-directeur Etienne Ducongé. "Cette campagne a pour but de lever le tabou sur le suicide chez les agriculteurs", explique ce dernier. "Il y a une véritable cabale contre Agri’Écoute qui a gagné en professionnalisme et élargi son champ de compétence."
La MSA assure pourtant arriver à travailler avec d'autres entités, comme solidarité paysan, dans d'autres départements. "Le Samu Social agricole du Gers mène une opposition de nature institutionnelle et une volonté de mise en tension constante. Nous essayons pourtant de les inclure au maximum mais cela devient extrêmement compliqué alors que cette cause devrait nous réunir."
La sécurité sociale agricole prône l'apaisement, là où l'organisme gersois estime mener cette lutte "seul" et contre "le monde des gros agriculteurs et des politiques" auxquels ils n'appartiennent pas. Actuellement deux paysans se suicident chaque jour.