Dans le Gers, l'abbaye de Sainte-Marie de Boulaur abrite depuis des années une communauté de sœurs cisterciennes, qui vivent de leur foi et de leur production agricole. Afin de préserver leur autonomie, connectées au monde moderne, elles se lancent dans la construction d'une immense grange écologique, financée grâce au crowdfunding.
"Les travaux et les jours" : un film de Yohan Guignard à voir le jeudi 23 novembre 2023 à 22h50. Une production Les mains libres production avec la participation de France Télévisions et de KTO.
L’abbaye de Sainte-Marie de Boulaur, implantée dans le Gers depuis le XIIème siècle, abrite une communauté de soeurs cisterciennes, composée d'une trentaine de femmes, de 25 ans à plus de 80 ans. Elles ont à charge une exploitation agricole de 45 ha. Leurs travaux quotidiens consistent à s’occuper de la ferme et des animaux, dont quelques vaches laitières, entretenir le potager et le verger. "Le contact avec la nature (...) c’est typiquement le charisme cistercien" raconte l'une d'entre-elles.
Les sœurs vivent des produits de leur ferme, elles les consomment et les vendent, comme par exemple, leurs fromages et confitures. "on est toutes liées les unes aux autres et nous travaillons toutes sur un petit bout de la chaine agricole" ajoute une autre.
Une grange écologique et responsable
En 2020, afin de préserver leur autonomie et augmenter leurs ressources de production, les sœurs se lancent dans l’implantation d’un nouveau bâtiment. Une grange écologique et responsable, projet cogité depuis cinq ans, qui leur permettra de multiplier leur production par quatre "on passe de 6 à 24 vaches" explique la soeur Anne.
Tandis que les architectes des Bâtiments de France les contraignent à respecter le cahier des charges relevant des sites classés, le projet se transforme et le budget tout autant. Leur nouveau concept de grange cistercienne et autres travaux annexes s’élèvent à 5 millions d’euros. Les subventions ne suffisent pas. Les sœurs décident alors de lancer une campagne de crowdfunding (financement participatif). C'est un succès ! La communauté fait le buzz dans de nombreux médias.
Savoir vivre avec son temps
Fidèles à la règle de Saint-Benoit qui régit leur vie monastique, les soeurs évoluent, entre prière, recueillement, étude et travail.
Leur quotidien est rythmé par les prières (7 par jour), dont le premier office est à 5h15. Mais, bien que fidèles à leurs valeurs cisterciennes, les moniales, pour la plupart, jeunes et connectées, savent aussi vivre avec leur temps.
On a la dynamique d’une start-up, mais on est enraciné dans le temps long. Ça c’est un des éléments les plus surprenants de notre approche.
Soeur Anne
Tandis que le chantier commence, les sœurs s’affairent dans la joie et la bonne humeur, vêtues de leurs tenues monacales, de casques et gilets jaunes. Au risque de troubler la sérénité du monastère, ces femmes cloîtrées, accueillent machines et ouvriers pour la construction de leur nouvelle grange.
Durant une année, le documentaire nous emmène sur ce chantier colossal, où se rencontrent deux mondes, spirituels et séculiers. Un véritable bouleversement dans le quotidien très structuré des soeurs de Boulaur.