Deux corridas au programme du dimanche de Pentecôte à Vic comme à Nîmes. Le matin on s'est ennuyé sous la pluie à Vic et on à bâillé sous le soleil à Nîmes. L'après-midi, Juan Bautista est sorti une nouvelle fois par la Porte des Consuls à Nîmes et Emilio de Justo par celle des triomphes à Vic.
24 toros ont été combattus ce dimanche de Pentecôte à Vic Fezensac et Nîmes. Et quatre d'entre eux seulement ont permis aux toreros de s'exprimer. Tous les autres, que ce soit dans l'arènes du Gers réputée "torista" ou dans celle du Gard qui se revendique "torerista", ont déçu les aficionados et désespéré les toreros. Soit ils ont manqué de force ou de "race", soit leur comportement posaient des problèmes insurmontables.
Le matin à Vic, on attend beaucoup de la corrida concours. On vient voir combattre des animaux splendides, rivalisant de force et de bravoure. Mais le Miura - belle allure - n'a pas de force; le Cura de Valverde - armure splendide - n'a aucune envie de se battre; le Cuadri - cornes abimées - n'a pas de charge; le Valdellán - bien fichu - n'a pas en face de lui un torero inspiré; et le Los Maños - réellement brave - n'a pas l'occasion d'exprimer sa classe à cause de l'impréparation technique se son torero.
Domingo López Chaves a donné deux vueltas après la faena du premier et salué après la mort du quatrième. Le public voulait lui donner l'oreille du premier toro de la course, le Miura, mais le Président n'a pas cédé sans doute à cause d'une estocade très laide. Cette polémique en début de corrida a contribué à installer un climat pour le moins houleux dans l'arène.
Morenito de Aranda a donné une série de passes au second. Et, estimant peut-être que l'effort n'en valait pas la peine, il s'en est tenu là. Silence et sifflets.
Michelito, enfant ou plutôt petit-enfant du pays, n'était manifestement pas dans un bon jour. Silence et bronca.
Le matin à Nîmes, ce fut pire sans doute.
En dépit d'un soleil radieux et de l'extraordinaire bienveillance d'un public disposé à fermer les yeux sur la corpulence, l'armure et la force des toros, la corrida se résume à deux heures quarante d'ennui total.
Les toros de Victoriano del Río n'ont ni force ni combativité.
Enrique Ponce qui la veille à Madrid a coupé deux fois une oreille à des toros bravos de 600 kilos fait circuler autour de sa gracieuse silhouette deux animaux dociles. Et le public, par l'inertie de l'habitude sans doute, demande et obtient pour lui une oreille.
Javier Jiménez confirme l'alternative. Lui aussi coupe une oreille, allez savoir pourquoi. Peut-être une oreille de "bienvenue au club"! Il enchaîne en souriant de toutes ses dents les figures qu'il répète "de salon". Pas sûr qu'il voit grande différence entre le toro de ce matin et le charriot des séances d'entraînement.
Roca Rey, en petite forme, donne des douzaines de passes.
L'après-midi, les choses changent.
Nîmes.
L'encerrona de Juan Bautista se solde par une nouvelle sortie par la Porte des Consuls. Le torero arlésien est en passe d'établir un record dans ce domaine.
Sur les 6 toros prévus pour cet événement, seuls deux offent quelque chance de succès, le La Quinta (1) et le Jandilla (3).
1. Le La Quinta a des charges parfaitement rythmées et le trapío d'un vrai toro de combat. Il n'a qu'un défaut, c'est d'être lidié en premier lieu. Juan Bautista torée avec justesse et grâce. Le changement de main est de très bon goût, les passes en rond mesurées. L'estocade est excelente. Deux oreilles. On se dit qu'on est parti pour une après-midi d'exception.
2. Le Parladé n'a pas de charge.
3. Le Jandilla déquille le picador Alberto Sandoval. Opportuniste, Juan Bautista, fait alors placer le cheval en bout de piste. La pique est spectaculaire et la corrida relancée. Juan Bautista banderille lui-même, met dans la faena la "vibration" qui manque au toro. L'estocade a recibir est une sorte de chef d'œuvre. Deux oreilles.
Puis, plus rien. Plus de toro (Pedraza et Pedraza bis, Carmen Lorenzo, Garicgrande et Garcigrande bis) et donc, plus d'émotion.
Vic Fezensac.
Le torero révélation du moment dans le sud-ouest, Emilio de Justo, s'installe un peu plus encore dans le cœur des aficionados.
Les toros de Palha, nobles et souvent fades, doivent à leur nom d'être à l'affiche d'une feria "torista". Car leur comportement, leur volume et leur armure auraient parfaitement fait l'affaire ailleurs, à Nîmes, par exemple…
Alberto Aguilar, dans un très mauvais jour, est hué après chaque faena.
Ruben Pinar, bon technicien, salue après le 3 et "écoute le silence" après le 6
Emilio de Justo a faim de notoriété et de contrats. Et comme il ne torée pas mal du tout, il coupe logiquement une oreille après chaque faena.