Eau potable : ce qu'il faut savoir sur le CVM, ce gaz cancérogène présent dans les canalisations en PVC partout en France

Ne plus boire l'eau du robinet, plusieurs habitants du Gers sont concernés par cette situation depuis plus d'un an. La faute au CVM (Chlorure de Vinyle Monomère). Ce produit chimique de synthèse, très volatile, intervient dans la fabrication du PVC utilisé pour les canalisations d'eau potable avant 1980. Qu'est-ce que le CVM ? Que risque-t-on à boire l'eau contaminée ? Qui est concerné ?

Partout en France, certains habitants sont privés au quotidien d'eau potable. Souvent à cause de canalisations en PVC installées avant 1980 où se trouve le chlorure de vinyle monomère (CVM), un gaz organique, incolore à température ambiante, très volatil et faiblement soluble dans l’eau. Depuis 2007, les analyses pour rechercher sa présence sont obligatoires. En cas de taux supérieur à la norme européenne fixée à 0,5 µg/L, l'eau est déclarée impropre à la consommation.

Certaines communes du Gers privées d'eau potable depuis un an

Tout a commencé dans le Fleurantin, dans les petites communes de Saint-Antonin, Sérempuy, et Homps. Les analyses d'eau potable ont montré un taux de CVM supérieur à la norme. Elle a donc été déclarée impropre à la consommation. Les mairies ont alors organisé des distributions d'eau en bouteille.

D'autres secteurs comme celui de l'Astarac ont subi le même sort. Le CVM étant très volatil et peu soluble dans l'eau, les chaleurs estivales dégradent les canalisations en PVC, l'eau stagnante est alors contaminée et il n'y a pas grand-chose à faire. Les changer se révèle évidemment très coûteux. Des travaux sont en cours pour que les habitants puissent à nouveau boire l'eau du robinet. Près de 90 km de canalisations ont été identifiés à problème. Selon le maire cité par nos confrères de La Dépêche, les changer représenterait un investissement de 10 M€. Impossible pour une petite commune et trop onéreux pour la facture d'eau des habitants. 

L'autre solution serait de purger les canalisations contaminées. Certains réseaux sont d'ailleurs pourvus de purges régulières et automatiques. Solution peu coûteuse, elle est en revanche peu écologique car entre 5 et 10 000 m3 d'eau sont ainsi gaspillés en moyenne pour une purge.

Seuls les abonnés desservis par une eau ayant stagné longtemps avec ce type de matériau sont susceptibles d’être concernés, autant dire les habitats isolés et non les parties les plus peuplées des communes. Ainsi, les agglomérations, les communes ou les lotissements, où l’eau circule constamment, ne sont pas touchés. Le problème concerne essentiellement les zones rurales en bout de réseau, où l’eau n’est pas tirée tous les jours.

Le CVM qu'es aquò ?

"Le CVM est un produit chimique purement synthétique. Il n’existe aucune source naturelle de ce composé. Le chlorure de vinyle monomère est principalement utilisé pour l’élaboration (par polymérisation) du polychlorure de vinyle (PVC)". Voilà ce qu'on peut lire sur le site du Ministère du travail, de la santé et de l'environnement.

À partir des années 1950, la France laisse tomber les canalisations d’eau en plomb pour les remplacer par du PVC (polychlorure de vinyle). Jusqu'en 1980, des molécules de chlorure de vinyle étaient retenues en quantité importante dans les canalisations et comme le CVM est très volatil, il pouvait ensuite se retrouver dans l'eau potable. 

À partir de 1980, la technique de fabrication a changé. La concentration en CVM dans les canalisations mises sur le marché a alors fortement diminué. Selon l'ARS d'Aquitaine, "une canalisation fabriquée après 1980 renferme moins de 1 mg de CVM par kg de PVC alors qu’une canalisation fabriquée avant 1980 peut en renfermer jusqu’à 2 000 fois plus".

Classé comme cancérigène en 1987, le CVM n'a été considéré dans les analyses sanitaires que 20 ans plus tard (1987). En 2010, une campagne nationale a été pilotée par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) pour mener un diagnostic ciblé. Au vu des résultats de cette étude, les ARS ont eu pour mission d’identifier les secteurs à risque du réseau de distribution d’eau potable et d’engager un plan d’échantillonnage pluriannuel.

Quels sont les risques ?

En cas de dépassement de la limite de qualité (0.5μg/l), le gestionnaire du réseau (syndicat d’eau, collectivité, exploitant) doit mettre en place des purges dans les meilleurs délais et avertir l’ARS. Si elles ne sont pas possibles ou pas suffisantes, le consommateur est alors informé de l'interdiction de boire l'eau du robinet. 

Tout le monde peut se renseigner sur la qualité de l'eau en s’adressant au responsable du réseau d’eau ou bien se rendre sur le site national de qualité de l’eau potable. 

Le CVM est classé dans le groupe 1, « cancérogène certain pour l’homme », par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), depuis 1987. En 2005, l’Agence nationale de santé (Afsa) estimait que pour 100.000 personnes exposées durant leur vie au chlorure de vinyle à des doses supérieures ou égales à 0,5 μg/l, on pourrait craindre 4 à 5 cancers du foie directement liés. 

D'autres types de cancers ont été décrits chez des travailleurs exposés au CVM, mais l'association entre ces cancers et le CVM n'est à ce jour pas établie.

Selon le site gouvernemental santé.fr, le CVM dans l’air ne présente un risque qu’à de fortes concentrations rencontrées seulement en milieu professionnel, le risque par voie respiratoire est presque nul pour le reste de la population.

Il est donc déconseillé de boire cette eau, en revanche, on peut laver les fruits et légumes, se brosser les dents, prendre une douche, faire une lessive et la vaisselle ou arroser un potager avec une eau polluée au CVM. 

En 2017, l'ARS estimait à environ 140 000 kilomètres le linéaire de canalisations en PVC posé avant 1980 ou dont la date de pose est inconnue.

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