L'association de défense de la cause animale a enquêté sur une exploitation agricole à l'Isle-Bouzon dans le Gers. L'utilisation de cages collectives métalliques, et les conditions de transport vers l'abattoir sont pointés du doigt.
Une fois n'est pas coutume, tous les plus beaux bestiaux s'apprêtent à défiler au Salon international de l'agriculture de Paris dès ce samedi 26 février. Aux troupeaux de brebis du Béarn et cheptels de vaches limousines se joindra cette année un cortège de nouveaux spécimens : les candidats à l'élection présidentielle. Pour L214, c'est l'occasion en or de les interpeller, et exiger des engagements dans leur programme pour lutter contre l'élevage intensif. Avec sa série d'enquête vidéos sur l'élevage intensif et la pêche industrielle en France, l'association veut frapper fort. L'une d'entre elles pointe la filière du canard à foie gras dans le Gers, à l'Isle-Bouzon.
Des conditions d'exploitation "non conformes" selon L214
Des images tournées dans une salle de gavage, où 1.900 canards d'après L214 sont entassés en batterie, dans des cages métalliques où ils ne disposent d'aucun espace pour déployer leurs ailes. Blessés par le sol grillagé sous le poids de leur corps, ces animaux présentent des œdèmes aux pattes.
Les images montrent également les cadavres, certains canards ne survivant pas à ces conditions d'exploitation. Déplacés et manipulés sans ménagement, les volatiles sont ensuite transporté vers l'abattoir, dans des caisses trop basses pour qu'ils puissent se tenir debout, et où ils font leurs besoins les uns sur les autres. La vidéo choc, commentée par le chef étoilé vegan Alexis Gauthier, sera dévoilée mercredi 23 février en fin de soirée.
Ces images de l'intérieur, "c'est une personne qui travaille dans la filière qui nous les a transmises, choqué parce ce qu'il a vu" révèle Sébastien Arsac, cofondateur de L214. "L'exploitant viole la réglementation, car elle précise que les cages ne doivent pas blesser les animaux" éclaire le militant, pour motiver la plainte déposée contre l'exploitant pour maltraitance animale. Le vétérinaire du site, ainsi que la société Avilog en charge du transport des bêtes vers l'abattoir, sont également visés. "Les caisses ne sont pas conformes, les canards devraient pouvoir se tenir debout, pour se ventiler correctement", analyse-t-il. Suite à cette vidéo, le tribunal judiciaire d'Auch a ouvert une enquête.
Peser sur l'agenda politique
Si 85% des Français se déclarent contre l'élevage intensif, près de 57 % d'entre eux avouent même que le positionnement des candidats sur la cause animale pourrait jouer un rôle sur leur vote à l'élection présidentielle le dimanche 10 avril. Si le consensus dans la population est clair, la prise de conscience politique reste timide quant à elle. "On aimerait que les candidats réalisent qu'ils ont tout intérêt à se positionner. Il y a de timides avancées sur le sujet, mais les syndicats restent encore très écoutés par le ministère de l'Agriculture", déplore Sébastien Arsac.
Alors que la Commission européenne veut légiférer sur l'interdiction de l'élevage en cage d'ici 2027, plusieurs candidats comme Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, affichent déjà leur position contre l’élevage intensif.