Grippe aviaire. "Une volaille, c’est un être-vivant" : un élevage 100% plein-air du Gers proteste contre la claustration de ses animaux

En raison de l’épizootie de grippe aviaire, depuis le 4 novembre dernier, producteurs et détenteurs de volailles doivent confiner leurs animaux. Les gérants de la Ferme en Coton, dans le Gers, s’y refusent. Mais suite à la diffusion d’un reportage sur France 2, l’État les a mis en demeure de se mettre aux normes.

"Je dois confiner mes volailles vendredi 25 février", explique, écœuré, Nicolas Petit, gérant de La Ferme en Coton à Auch (Gers). Pour cet éleveur de volailles 100% bio et de plein-air, à l’initiative du collectif Sauve qui poule 32, la décision est incompréhensible.

Aux côtés de la Confédération Paysanne, Nicolas Petit s’apprête à manifester, ce mardi 22 février à 14h, devant la préfecture d’Auch. Il réclame des dérogations adaptées à l’élevage en plein-air et veut alerter sur les conséquences psychologiques de l’enfermement sur ses animaux.

"C’est une question de bien-être animal"

Ses volailles, Nicolas Petit en est fier. Il ne les abat qu’à partir de 100 jours – contre 80 pour les labels, 40 pour les industriels – et garantit la qualité de la viande, vendue sur les marchés en direct producteur. "Contraindre l’animal physiologiquement par des méthodes d’enfermement, ce n’est pas bon", plaide-t-il.

Depuis 20 ans, lui et son épouse, Anne-Catherine, n’ont pas utilisé le moindre produit vétérinaire. Leurs bêtes vivent à l’extérieur 24 heures sur 24. Les céréales (blé, orge et tournesol) sont directement récoltées sur le terrain. Le maïs, acheté à un voisin, agriculteur bio lui aussi. Pas de maladie à l’horizon.

Le 12 février dernier, il partage son point de vue dans un reportage diffusé en prime-time sur France 2. Et reçoit, dans la foulée, la visite des services de l’État, interpellés. Pas d’autre choix que d’appliquer les règles, car cet adepte de l’élevage naturel risque une amende de 750€ par volaille… Et en possède environ 3 500.

Pris à la gorge, il déplore : "c’est une question de bien-être animal. Un animal stressé développe des maladies, des parasites. Une volaille, c’est un être-vivant. Si on nous enferme tous les jours, on devient fou !" Alors, la mise en confinement de ses volailles, le 25 février prochain, il la veut médiatisée. "Je veux que les gens se rendent compte de ce qu’il se passe", résume-t-il.

Difficultés logistiques

Lui possède dix cabanes de 34 m2, déplaçables, pouvant accueillir 500 volatiles maximum. "Mais c’est tout le temps ouvert", explique le producteur. "Le matin, en plein été, quand le jour se lève, je vois les volailles sortir. A partir de cinq semaines, elles ne sont plus jamais enfermées. Leur équilibre vient de là."

Outre la problématique même d’enfermer des volailles dites "de plein-air" - ultime paradoxe – Nicolas Petit évoque les difficultés logistiques qu’il s’apprête à rencontrer. "Mes cabanes ne sont pas faites pour être fermées, je ne vais pas construire des bâtiments juste pour enfermer mes volailles", relève-t-il. "D’autre part, 34 mètres carré pour 500 volailles, ça ne suffit pas. Chez nous, le même nombre de volailles a 2 000 mètres carré à l’extérieur."

Arrivées à maturité sexuelle, au printemps, les volailles, enfermées les unes contre les autres, risquent tout simplement de s’entretuer. "Les mâles vont attaquer les femelles, qui n’auront pas la place de s’éloigner pour se protéger. Et je n’ai pas les moyens de tous les séparer…"

Des dérogations nécessaires

A ses yeux, la loi n’est pas faite pour les "petits" producteurs : "on ne peut pas nous demander les mêmes choses qu’aux producteurs qui disposent de bâtiments très importants", défend-il. "Il n’a pas été prouvé que les dérogations liées au plein-air avaient favorisé le développement du virus H5N1."

Il estime que c’est la circulation des camions, et le passage de techniciens, qui se déplacent de ferme en ferme, qui accélérerait le développement de l’épizootie. "Quand on emmène un poulet label ou industriel à l’abattoir, c’est une entreprise qui se déplace, en provenance d’un autre élevage. Ces gens-là transportent la problématique d’élevage en élevage."

"Nous, personne ne vient sur notre élevage, on fait tout sur place", souligne-t-il. "J’ai mon propre abattoir. J’ai la main dans les tripes toutes les semaines. Mes animaux n’ont pas de parasites. C’est l’élevage intensif qui impacte le plus, l’État a laissé pousser des élevages d’une densité incroyable à certains endroits…"

Sur les marchés tous les samedis, Nicolas Petit espère l’arrivée d’une dérogation adaptée aux éleveurs qui pratiquent, comme lui, le plein-air et la vente directe. Et se battra, le 22 février prochain, pour faire entendre sa voix.

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