Le débat sur le glyphosate est relancé. La Commission européenne propose aux États membres de renouveler de 10 ans l’utilisation de cet herbicide. La FNSEA, le premier syndicat agricole qui juge "ne pas pouvoir faire sans le glyphosate", fait pression sur le gouvernement, alors que d’autres agriculteurs prônent un autre modèle agricole.
Le vote aura lieu le 13 octobre 2023. La Commission européenne appelle les 27 à s’accorder sur le renouvellement, de 10 années, l’utilisation du glyphosate. L’herbicide avait pourtant été classé "probablement cancérogène" par l’organisation mondiale de la santé (OMS) en 2015.
En 2017, l’Union Européenne allait à l’encontre de cet avis, le classant non cancérogène, au point de renouveler à deux reprises son utilisation, jusqu’en 2022 et 2023. Aujourd’hui, Bruxelles souhaite étendre son utilisation jusqu’en 2033.
Le président Emmanuel Macron avait même annoncé en 2017 son interdiction à partir de 2020 en France. La France va-t-elle voter en faveur de cette prolongation ? Probablement, si l'on se réfère aux déclarations du ministre de l’agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, "il y en a besoin".
Deux modèles agricoles qui s’affrontent
En Haute-Garonne, le céréalier Jean-François Lamassé, membre de la FDSEA, le dit haut et fort,
"On ne peut pas faire sans", il n’y a pas d’autres moyens de tuer l’Ambroisie, le Datura ou le Stadium que par les moyens chimiques."
L’agriculteur explique avoir "tout essayé", "Je pense que pour l’intérêt des consommateurs, des agriculteurs, de tout le monde, que l’on ne peut pas l’arrêter maintenant, il nous faut un produit de substitution".
Le premier syndicat de France fait pression sur le gouvernement et alerte sur les dangers qu’encoure la profession en termes de compétitivité, si la France devait se passer de glyphosate dans le traitement de ses cultures.
Un discours soutenu par le ministre de l’agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, même s’il souhaite limiter son utilisation dans le cas où il existe une alternative. Le ministère précise qu’en 2022, la France a baissé de 30% son utilisation dans l’agriculture.
De son côté, la confédération paysanne, elle, s’oppose à la prolongation de l’utilisation de cet herbicide. Des agriculteurs qui défendent un autre modèle agricole. Pour Luc Franc, apiculteur à la ferme de Vernou en Ariège : "le fait d’introduire du glyphosate, signifie que l’on prolonge un modèle agricole qui ne fonctionne plus. Indirectement, la prolongation du glyphosate, c'est la destruction du vivant, donc ce n’est pas possible, ce n’est pas une solution, on continue à s’autodétruire".
Son frère, Alex Franc, Arboriculteur, insiste sur le fait que la production en agriculture biologique est rentable et qu’il faut la maintenir : "c’est le seul avenir durable au niveau de la production, pour l’environnement et de notre santé. Donc investir dans le bio, c'est une évidence pour notre avenir et celui de nos enfants".
Des avancées
En 2019, le tribunal administratif de Lyon avait interdit le Roundup 360 Pro, jugé trop dangereux. La même année, le gouvernement interdisait la vente du glyphosate aux particuliers et dans la foulée, 36 produits contenant du glyphosate ont été retirés du marché.
Stop ou encore ?
Malgré ces interdictions et les enquêtes menées sur sa dangerosité, l’utilisation du glyphosate est toujours autorisée. L’herbicide, pourtant si décrié, comme le Roundup de Monsanto, utilisé dans l’agriculture dite intensive, est toujours d’actualité. Bruxelles veut autoriser le glyphosate dix ans de plus et les Vingt-Sept vont se prononcer sur cette proposition le 13 octobre prochain. Il est fort probable que la France vote en faveur de cette prolongation.