David Labarre, sportif malvoyant est en pleine ascension de trois sommets des Pyrénées. Parti ce dimanche 5 septembre en expédition "tandem escalade", son défi consiste à rallier à vélo, associé à un guide, les trois cols historiques des Pyrénées. Puis, de les escalader.
Ils sont partis ce dimanche 5 septembre 2021 de Pau dans les Pyrénées-Atlantiques à destination d'Aspet en Haute-Garonne. Direction le col de Pourtalet pour une expédition de "tandem escalade" afin de rallier trois sommets mythiques de l'alpinisme pyrénéen.
Atteint de la maladie de Stargardt, David Labarre est malvoyant depuis la naissance. Il n'a que 10% de vision. Ne distingue que des formes ou des tâches et doit composer avec les quatre autre sens. Sportif de haut-niveau, il a été vice-champion olympique de cécifoot à Londres en 2012, est monté sur le plus haut sommet des Pyrénées, l'Aneto à 3404 mètres, en 2018 et s'est attaqué au Mont Blanc qu'il a vaincu à l'été 2019.
En mars 2019, une équipe de France 3 Occitanie l'avait suivi dans son challenge de relier Carcassonne dans l'Aude à Portet d'Aspet, une commune de Haute-Garonne au pied des Pyrénées.
Les plus hauts sommets des Pyrénées
Après le Mont Blanc, David Labarre va donc escalader trois sommets pyrénéens. Le face sud du Pic du midi d'Ossau (2884 mètres), la face nord de Vignemale (3298 mètres) et le Dièdre des Spijeoles (3065 mètres). L'objectif est d'associer alpinisme et cyclisme en tandem avec Morgan Périssé, aspirant guide. Ensemble, ils vont relier ces trois pics historiques des Pyrénées en passant du col du Pourtalet à Gavarnie, avant de rejoindre le col des Ares.
"Morgan est avec moi, il est aspirant guide et on n'est pas cycliste tous les deux. On a plus l'habitude de faire de la montagne et de l'escalade que de faire du vélo, alors en tandem..." s'exclame David Labarre.
On avance à notre rythme. Le premier jour a été un peu dur mais on s'en est bien sorti. On a fait 64 kilomètres avec 1 000 mètres de dénivelé. Mais le tandem est bien plus lourd qu'un vélo et il a fallu ranger notre égo, parce que l'on s'est fait beaucoup doubler par les cyclistes qui ont des vélos bien plus légers.
David Labarre est très enthousisaste après leur ascension de la veille, celle de la face sud est du midi d'Ossau qui a duré sept heures. "La montée a été extraordinaire, c'était vraiment super. C'est une voie mythique des Pyrénées. C'était doublement incroyable parce que cette voie a été ouverte en 1953 par le père de Christian Ravier qui était avec nous dans cette ascension. C'était incroyable", répète David Labarre.
Pour "cette aventure entre copains", David Labarre et son guide seront accompagnés de "Rémi Thivel pour grimper la face nord du Vignemale et de Fred Talieu pour escalader le Diedre de Spijéoles".
Quand on part avec des hommes comme cela, c'est vraiment super cool. Ce sont des spécialistes qui ont beaucoup d'expérience donc je les écoute, j'apprends et je les suis.
Dans cette expédition, l'alpiniste malvoyant s'est bien entouré afin d'être guidé. "Pour marcher sur du terrain facile, je me débrouille tout seul. Sur les descentes, je me tiens au sac à dos de la personne devant moi. Et sur des terrains plus difficiles, le copain qui est devant va prendre le bâton et moi l'autre bout, comme ça je sens un peu plus le terrain", explique David Labarre.
En escalade, sur la cordée comme hier par exemple, on était trois. Il y en a un qui monte en tête, et moi je monte avec l'autre personne qui est juste au-dessus de moi. Il va m'indiquer de temps en temps les prises pour éviter de perdre de l'énergie.
On grimpe pour quelque chose qui est au fond de nous
Cette belle aventure humaine cherche aussi à mettre en avant le "pyrénéisme" . Une forme d'approche intellectuelle de la montagne, qui marie le sensible au sportif, ou qui consiste à parcourir les Pyrénées puis à écrire une œuvre en rapport avec l'expérience ressentie. Pour David Labarre, les sensations et "son ressenti" sont importants. "Quand on fait de l'alpinisme, on ne monte pas que pour la vue. On grimpe pour quelque chose qui est au fond de nous, quelque chose de très personnel".
On se confronte à nous-mêmes, on se confronte à la montagne. Bien sûr que la vue est importante, car la vue est belle mais ce n'est pas tout à fait pareil qu'une petite randonnée le dimanche. L'alpinisme, c'est se sentir vivant. Et quand on redescend, on boit une bonne bière avec les copains.
David Labarre aime être suspendu le long d'une paroi. "D'être suspendu à une corde avec 500 m de gaz dessous, avec le bruit de la nature, les rapaces qui volent juste à côté, c'est vraiment une ambiance très très particulière. Ce sont des sensations très fortes, c'est un milieu qui m'apaise".
L'expédition doit durer une dizaine de jours, à raison d'une à deux journées de tandem et une d'escalade. "La suite, c'est la face nord du Vignemale en fonction de la météo, car on est tributaire de ça. Si la météo n'est pas bonne, on fera autre chose et ensuite le Diedre de Spijéoles". L'arrivée est prévue le 17 septembre à Aspet en Haute-Garonne où vit David Labarre.