A bout de souffle, les Maisons des solidarités alertent sur la protection de l'enfance

Grève à la Maison des solidarités de Borderouge, droit de retrait des salariés de celle de Frouzins et Colomiers. A Blagnac, la situation est aussi critique. Assistantes sociales et travailleurs sociaux lancent un cri d'alarme : ils sont trop peu nombreux pour accueillir les personnes en difficulté et protéger les enfants.

La situation est inédite pour ces travailleurs sociaux. Les maisons des solidarités (MDS) de Borderouge, Frouzins, Blagnac et Colomiers connaissent des mouvements sociaux d'ampleur ces dernières semaines. Ce mardi 7 décembre, les salariés de la MDS de Borderouge à Toulouse ont fait grève toute la matinée. Ceux de Frouzins et Colomiers ont invoqué leur droit de retrait en ce début de semaine.

Ils tirent de façon unanime la sonnette d'alarme après avoir alerté les pouvoirs publics à maintes reprises. Leur objectif : obtenir les moyens nécessaires à la prise en charge des populations et notamment des enfants. 

Equipes épuisées

"La grève est vraiment notre dernier recours, estime Nadine Gout, assistante sociale et représentante du personnel SUD à la MDS de Borderouge. Elle ne dure qu'une matinée car nous ne voulons pas encore davantage pénaliser les personnes que nous devons aider".

"La crise sociale actuelle (crise du Covid et crise économique), provoque des demandes de tous ordres, notamment dans le domaine de la protection de l'enfance. Les situations se dégradent et nous n'avons pas les moyens humains en effectifs suffisants pour intervenir. Les départs, les absences ne sont pas remplacés, les postes de renfort annoncés ne sont pas au rendez-vous. Les équipes s'épuisent".

Plateformes numériques à tout-va

Les MDS avec leurs assistants sociaux, éducateurs, puéricultrices et agents administratifs offrent un lieu d’accueil et de prise en charge des situations dégradées. Elles sont là pour répondre aux besoins d’écoute et d’accompagnement des habitants.

Pour le syndicat SUD, ces salariés épuisés sont tiraillés entre l’arrêt maladie pour protéger leur propre santé, conscients du risque au retour de l’arrêt maladie d’être encore plus noyés, et la continuité du service.

"On reste les derniers humains"

"Il y a une déshumanisation et un désengagement de tous les services publics, renchérit Nadine Gout. Depuis un an, les plateformes numériques se sont multipliées, c'était la tendance, mais la crise Covid a accéléré les choses. Pôle Emploi, la CAF, la sécurité sociale... tous les services publics ont fermé leur accueil inconditionnel au profit de de ces plateformes. Les gens qui n'ont pas accès au numérique ou ne sont pas à l'aise avec, se retrouvent seuls, perdus".

"La CAF met en moyenne 11 semaines à traiter les droits, les gens se retrouvent sans ressources avec des loyers impayés, dans des situations qui se dégradent, poursuit-elle. On nous dit que l'emploi repart mais les plus précaires qui sont sans réseau et sans connexion, en sont exclus".

"Dans ce contexte, on reste les derniers humains. Or ce sont des gens que l'on aide à rebondir après un accident de vie : un licenciement, un divorce... D'habitude, on s'appuie sur des partenaires mais là, il n'y a plus que les plateformes, les numéros avec des standards automatisés à touche 1, 2, 3, etc avec 10-15 minutes d'attente et ça coupe".

Les enfants "naufragés du système"

Les Maisons des solidarités deviennent le seul recours et les demandes sont trop nombreuses pour que les salariés puissent accompagner les usagers à hauteur de leurs besoins. Mais le plus préoccupant concerne les enfants.

"Ils sont les naufragés du système, en attente d'être secourus, affirme Nadine Gout. A Borderouge, on a 60 mesures en attente de prise en charge (mesures de placement, aide à l'éducation à domicile, centre maternel...). On a besoin de postes supplémentaires pour prendre en charge ces familles. Or rien ne se passe. A Blagnac, 150 mesures sont en attente. On a des signalements d'enfants en danger en attente d'évaluation : 40 sur Toulouse, 60 sur Colomiers. Parfois, il faut deux mois d'attente pour évaluer une situation d'enfant en danger. On craint le drame".

Les salariés des MDS attendent du Conseil départemental, en charge de l'action sociale et de la protection de l’enfance, des créations de postes d'assistantes sociales, de médecin de PMI, de puéricultrices notamment. 

De son côté, le département communique : "la direction des ressources humaines et la direction des affaires sociales du Conseil départemental sont en dialogue permanent avec les personnels des Maisons des Solidarités, afin de proposer des solutions d’accompagnement au plus près des besoins".   

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