À Toulouse, riverains, bars et restaurateurs s'affrontent sur l'avenir des terrasses Covid

Les extensions de terrasse octroyées par la mairie de Toulouse pendant la crise sanitaire font débat. Les bistrotiers demandent leur pérennisation au grand dam des riverains, vent debout contre le dispositif. La mairie doit trancher.

Quelques centaines de tables et de couverts entre lesquels virevoltent les serveurs sur la Place du Capitole, à Toulouse. Le soleil fait son grand retour, les clients aussi. Avec l'extension des terrasses et les distances à parcourir, le service semble parfois sportif. Ce spectacle se voulait éphémère: ces terrasses XXL accordées par la mairie aux bars et restaurants pour aider les commerçants à traverser la crise sanitaire, devaient disparaitre le 31 mars. Parmi les 420 établissements concernés, certains font déjà des pieds et des mains auprès de la mairie pour les conserver, tout comme les associations et riverains pour les faire déguerpir. 

"Marcher, c'est le parcours du combattant"

Richard Mébaoudj soufflera sa soixante-neuvième bougie dans quelques jours, et s'amuse à se définir comme un "jeune senior". Vigoureux dans sa tête, mais dans son corps, un peu moins. "Je n'ai plus la même mobilité, j'ai plus de mal à éviter les obstacles", déplore-t-il. Avec l'extension des terrasses, se promener en centre-ville n'a plus la même saveur: "marcher, c'est le parcours du combattant". 

À la tête de l'antenne locale de Haute-Garonne de l'association "60 millions de piétons", il fait partie des opposants de la première heure aux terrasses grand format. 

Dans l'hypercentre, c'est une maltraitance pour les piétons, les plus fragiles notamment.

Richard Mébaoudj, président de l'association 60 millions de piétons 31

Près de la place Saint-Pierre ou du Capitole, difficile de jongler entre flux de piétons, vélos, trafic routier, parking ouvert... "Et il y a des endroits où les terrasses occupent quasiment tout le trottoir!" s'énerve le Toulousain. "Pour les familles, les seniors, et les personnes handicapées, ça devient très compliqué. [...] C'est un sujet grave."

Une diminution "de 30%" du chiffre d'affaires avec Omicron

Un sujet grave, tout comme l'état des finances des restaurateurs et tenanciers de bars à en croire les principaux syndicats de professionnels. Le mois de décembre aurait dû leur permettre de refaire leur trésorerie, "mais on a subi la cinquième vague avec Omicron" se désole Ivo Mazen Danaf, président de Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie en Haute-Garonne - la première organisation professionnelle des cafés, hôtels, restaurants, établissements de nuit, indépendants en France. Il l'affirme : "il y a eu une chute globale du chiffre d'affaires de 30% dans la majorité des établissements".

Tous les 420 établissements bénéficiant actuellement de ces "extensions Covid" ne comptent pas sur une poursuite du dispositif avec la levée totale des restrictions envisagée à l'horizon fin mars, voire début avril. Mais la majorité se positionne tout de même en faveur d'une prolongation des terrasses jusqu'à la fin de l'année à minima, à défaut d'une pérennisation. 


"L'économie de nos métiers était perfusée avec le prêt garanti par l'État. Mais il va falloir commencer à rembourser, les difficultés vont commencer maintenant"
, martèle Ivo Mazen Danaf. Sans les terrasses agrandies, certains se demandent comment il leur sera possible de garder la tête hors de l'eau. 

La mairie de Toulouse, arbitre du dossier

La mesure a déjà été renouvelée plusieurs fois en deux ans. Pour le dernier prolongement en date prononcé en septembre 2021, le maire Jean-Luc Moudenc avait posé deux conditions : pas de plainte pour nuisance sonore, ni entrave à la circulation dans l'espace public. Des points discutables, d'après les témoignages rapportés par plusieurs riverains sur les réseaux sociaux. 

Désormais, trois axes sont actuellement étudiés pour trancher, à savoir : "la protection patrimoniale du centre-ville; les problématiques d'accessibilité et de circulation; les nuisances sonores" souligne Christophe Alves, délégué en charge de l'occupation du domaine public. La municipalité doit à nouveau composer entre les attentes des associations et riverains, et les demandes des bistrotiers.

"On n'est pas anti-terrasses" tempère Richard Mébaoudj. 

C'est un bel élément de convivialité, et on a vu qu'il y avait de réels besoins dans certains quartiers. La mairie doit accorder des créations de terrasses, mais pas dans l'hypercentre, où elles sont sur l'espace public

Richard Mébaoudj, président de l'association 60 millions de piétons 31

Du côté de l'UMIH, un seul mot d'ordre : la pérennisation pour tous, ou presque. "Sanctionnons ceux qui ne respectent pas les règles, mais il ne faut pas pénaliser tout le monde s'il y a 5% de terrasses qui dérangent", déclare Ivo Mazen Danaf. "La question des nuisances n'est pas liée au covid, et les riverains et les pouvoirs publics ont les moyens d'agir contre.

Une réunion s'est tenue le 17 février, celle de la "Commission terrasses", à laquelle les acteurs concernés par le dossier ont pris part pour défendre leur position. La mairie quant à elle, doit trancher sur l'avenir des terrasses toulousaines courant mars.

 

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