Addiction. Habitez-vous cette région en France où plus d'une personne sur 10 consomme de l'alcool tous les jours ?

Mercredi 23 janvier 2024, Santé Publique France publie les résultats d'une étude menée sur l'année 2021, sur la consommation d'alcool en France. Et la région Occitanie ne brille pas par sa sobriété. Elle est même la région où l'on compte le plus de consommateurs quotidiens, 11%, soit un peu plus d'une personne sur 10.

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11%. C'est la part des 18-75 ans qui consomme de l'alcool tous les jours de l'année en Occitanie. Soit plus d'une personne sur 10. Un chiffre qui classe la région en tête des plus consommatrices d'alcool de France, d'après le dernier rapport de Santé Publique France

Si au niveau national, la consommation d'alcool diminue depuis 30 ans, les chiffres pourraient être en fait plus importants dans la réalité, comme le rappelle Nicolas Franchitto, chef du service d'addictologie du CHU de Purpan : "Cette enquête est très utile, mais cela reste du déclaratif. Il y a sans doute une partie des gens interrogés qui minorent leur consommation d'alcool."

Si l'Occitanie apparaît comme la région la plus consommatrice, il n'y a pas une raison en particulier, seulement des suppositions. "On est une région viticole, mais aussi très étudiante, et amatrice de rugby. Ce sont trois facteurs qui peuvent pousser à la consommation", souligne Nicolas Franchitto.

La consommation des femmes change

En Occitanie, 16,6% des hommes consomment de l'alcool quotidiennement contre 5,6% des femmes. Une autre consommation est également mise en lumière, l'alcoolisation ponctuelle importante (API), également appelée le "binge drinking". Autrement dit une consommation en grande quantité (au moins 6 verres), en peu de temps.

En Occitanie, 23,7% des hommes la pratiquent, et 8% des femmes. Le chiffre est d'ailleurs en hausse au niveau national chez les femmes, surtout la tranche d'âge 35-44 ans et chez les plus de 55 ans.

Pour Nicolas Franchitto, c'est une conséquence inquiétante des changements sociétaux : "Aujourd'hui les femmes accèdent de plus en plus à des postes à responsabilités, ce qui est une bonne chose. Mais cela change leur rapport à la consommation d'alcool, avec l'envie de relâcher la pression le week-end, en buvant de plus grandes quantités."

Le professionnel le rappelle, "une alcoolisation massive et ponctuelle, si elle est régulière, tous les week-ends par exemple, va avoir les mêmes conséquences sur l'organisme qu'une alcoolisation quotidienne."

Tout pour la prévention

Mais l'addictologue nuance : "Cette étude, c'est une consommation à un instant T. Sur l'étude précédente c'était la Nouvelle-Aquitaine qui était en tête. Des chiffres bruts comme ceux-là mettent en lumière une tendance, mais qui n'est pas forcément durable."

Si les résultats sont à nuancer, les publications de Santé Public France ont le mérite de tirer la sonnette d'alarme, et d'inciter à la prévention. "Ça nous permet de nous comparer avec d'autres régions, de voir quels dispositifs sont mis en place ailleurs. Parce que oui, la prévention, ça marche très bien", rappelle Nicolas Franchitto. Notamment chez les jeunes. "Désormais tous les étudiants en santé doivent faire des sessions de prévention dans les établissements scolaires par exemple". 

Dans les faits, les jeunes semblent en effet boire moins souvent que leurs aînés (64 jours de consommation par an en moyenne, contre 123 pour les plus de 65 ans). En revanche, lorsqu'ils boivent, ils le font en plus grande quantité (3,2 verres, contre 1,6). 

Cul sec présidentiel

Mais il y a parfois des hic dans la communication de l'Etat : "Voir le Président de la République descendre un cul sec de bière après la finale de Top 14, ça nous a surpris, se souvient Nicolas Franchitto. On peut se demander si un président doit faire ça ? L'exemple donné n'est pas le bon."

Le chef de service le précise, parmi les patients admis en addictologie, la majorité vient pour des problèmes liés à l'alcool. "Mais l'alcool ne vient jamais seul. Il sert souvent de médicament pour d'autres troubles, comme l'anxiété par exemple." Au service d'addictologie du CHU de Purpan, les patients ont "tous les âges. Ça va des ados de 14 ans jusqu'aux retraités, qui ont du mal à accepter cet arrêt de la vie active, et commencent à boire, ou bien augmentent leur consommation."

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