Une plateforme internet permet désormais au grand public de suivre les trajectoires des avions de l'aéroport Toulouse-Blagnac et d'en mesurer le bruit en temps réel. Même si cet outil s'avère utile pour le Collectif contre les nuisances aériennes de l'agglomération toulousaine (CCNAT), des points restent à améliorer.
Il est 17 h 50, lundi 11 avril, et l'Airbus A 320 survole les communes de Merville et d'Aussonne afin d'être dans l'axe de la piste de l'aéroport Toulouse-Blagnac et y atterrir. Sur l'écran de l'ordinateur, les valeurs des deux capteurs de bruits installés sur ces deux communes grimpent à l'approche de l'appareil et atteignent les 74 décibels.
Bruit en direct, mais pas d'historique
Ce dispositif, mis en place par l'aéroport Toulouse-Blagnac, est accessible en temps réel sur internet à cette adresse : https://tls.flighttracking.casper.aero/ . Il permet également de déposer plainte.
Cette obligation légale répond à une demande de longue date de transparence de la part des associations de riverains de la plateforme aéroportuaire. Mais ces dernières, comme le Collectif contre les nuisances aériennes de l'agglomération toulousaine (CCNAT) ne sont pas pleinement satisfaites.
" Aucune statistique, ni information n’a été publiée depuis que ce système est en place, déplore Jérôme Favrel, responsable technique du CCNAT. Nous avons accès au direct, mais pas à l'historique des mesures. C'est donc un outil d'information avec des limites notamment sur la question de l'impact sanitaire. Il ne permet pas d'obtenir une moyenne de bruit qui définit "le climat sonore" de la réglementation."
L'obligation de créer un compte avec un mot de passe pour pouvoir déposer plainte est également pointée du doigt.
Juge et partie
Mais ce qui dérange le plus l'association, c'est que l'aéroport est à la fois juge et partie. "Le responsable de la pollution est propriétaire, gestionnaire et exploitant du "thermomètre" du bruit. Des indicateurs de santé publique sont donc entre les mains de celui qui est source de la pollution …" constate Jérôme Favrel.
Un argument qui fait écho à une récente décision du Conseil d'Etat. Dans un arrêté rendu le 5 avril, la juridiction administrative estime que la DTA (Direction du Transport Aérien) ne peut pas être l’autorité compétente de la gestion du bruit des grands aéroports car pas indépendante. Des associations vont donc continuer à utiliser les données du capteur Bruitparif.