Un homme de 21 ans sera jugé seul ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Toulouse, pour l'agression des sapeurs-pompiers au Mirail le 3 août dernier. Une agression qui avait eu un retentissement national.
Un homme de 21 ans est jugé mercredi à Toulouse pour son implication présumée dans la violente agression début août de trois pompiers venus porter secours à une vieille dame dans le quartier sensible du Mirail.
Il répondra seul devant le tribunal correctionnel de ces faits pourtant commis en bande. Certes, c'est un renseignement anonyme qui a mis les policiers sur la trace du prévenu. Mais les enquêteurs ont été largement déçus dans leur espoir de voir la gravité de l'affaire convaincre les habitants de rompre la loi du silence pour leur livrer d'autres protagonistes.
Les violences avaient suscité d'autant plus d'émoi en plein été que les trois secouristes, molestés et caillassés, n'avaient pu mener à bien leur mission : face au retard des secours, les proches de la septuagénaire s'étaient résolus à la transporter eux-mêmes aux urgences.
Encore récemment, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls condamnait l'incident devant le 120ème congrès des sapeurs-pompiers à Chambéry :
Le samedi 3 août dans la soirée, les trois pompiers professionnels sont appelés au chevet d'une dame de 77 ans en insuffisance respiratoire. Alors qu'ils arrivent près de chez elle, dans le quartier du Mirail, deux hommes sur un scooter leur barrent volontairement la route. Les raisons de cette obstruction restent obscures."Je n'accepte pas que les sapeurs-pompiers, que nos soldats du feu, soient pris pour cibles par des individus souvent lâches et qui auraient tant à apprendre d'eux, comme ce fut le cas cet été à Toulouse". Manuel Valls
Selon l'avocat des pompiers, un dialogue de sourds s'engage. Le ton monte. Une vingtaine de jeunes, à visage découvert, se regroupent autour des secouristes. Les invectives pleuvent et débouchent bientôt sur des violences physiques.
L'un des pompiers reçoit un coup de pied au visage alors qu'il tente de ramasser sa radio projetée au sol par un premier coup de pied.
Les pompiers rebroussent chemin en attendant une escorte policière pour secourir la dame âgée. Un second attroupement se forme alors. Les forces de l'ordre et les pompiers essuient insultes et jets de pierre. L'une d'elles endommage le pare-brise, pourtant renforcé, du véhicule des pompiers.
EN VIDEO : le reportage de France 3 au moment des faits
Le jeune habitant du Mirail jugé mercredi après-midi aurait été reconnu comme le passager du scooter. Il est poursuivi pour violences volontaires sur personne dépositaire de l'autorité publique et entrave aux mesures d'assistance. Ce second délit est passible de sept ans de prison et 100.000 euros d'amende. Le prévenu est connu des policiers et des gendarmes pour des cambriolages, des vols de véhicule et infraction à la législation sur les stupéfiants.
Il n'a pas voulu "balancer" le conducteur du scooter, qui n'a pas été identifié, pas plus que d'autres acteurs de l'agression, faute de témoignages. Peu après les faits, le responsable de la communication de la Direction départementale de la sécurité publique avait pourtant appelé les témoins oculaires à se manifester, en comptant sur la "responsabilisation des citoyens".
Les pompiers ont été victimes de 1.210 agressions recensées en 2011, 55 de plus qu'en 2010. Elles sont à l'origine de 1.091 jours d'arrêt de travail. Lors de ces agressions, 417 véhicules ont été détériorés (contre 311 en 2010).
EN VIDEO : la manifestation des pompiers à Toulouse après l'agression
Les trois pompiers ont déposé plainte, mais également le Service départemental (SDIS 31), à la fois pour réclamer le remboursement des dégâts occasionnés sur le véhicule et pour témoigner de son soutien à la base.
Localement, l'incident avait laissé les pompiers avec le sentiment de ne pas être soutenus par leur hiérarchie ni par l'autorité politique du conseil général.
Or, rappelle l'avocat des trois pompiers, Me Laurent Boguet, "cette fois-ci, les pompiers ont eu très peur, collectivement. Ils savent qu'ils auraient tous pu faire partie de cet équipage".
Les trois victimes risquent de recevoir le soutien de leurs camarades à l'audience. Le jugement devrait être rendu dès mercredi.