Plusieurs prêtres dominicains de la Province de Toulouse sont soupçonnés d’agressions sexuelles sur mineurs. L’ordre Dominicain lance un appel pour que les victimes se fassent connaître. Une association réagit craignant d'autres cas dans la région.
“On ne peut pas affirmer que l’on veut réparer auprès des victimes si on se limite aux victimes que nous connaissons.” Par ces quelques mots, le frère Olivier de Saint-Martin, le Prieur provincial des dominicains de Toulouse résume l’esprit de cet appel.
Donner la parole aux victimes qui se taisent
Ce jeudi 5 mai, le Prieur provincial des Dominicains de Toulouse a lancé un appel à victimes dans un communiqué. Un appel voulu comme une suite logique au rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase). “Aujourd’hui est venu le moment de la réparation”, indique Olivier de Saint-Martin. “Mais la justice et la vérité font que nous ne devons pas nous limiter aux faits que nous connaissons.”
Parmi les dominicains de la province de Toulouse, un prêtre est déjà connu pour des faits d’agressions sexuelles sur mineurs. Il s’agit du frère Dominique Cerbelaud, jugé lors d’un procès canonique mais dont les faits sont proscris pénalement. Mais d’autres prêtres seraient responsables de faits identiques. “Je suis en contact avec un certain nombre de victimes”, ajoute le frère Olivier de Saint-Martin.
Pour une personne qui parle, il y en a peut-être de nombreuses autres qui ne parlent pas.
Frère Olivier de Saint-Martin, Prieur provincial des dominicains de Toulouse
Dans leur communiqué, les prêtres dominicains demandent “à toute personne ayant eu connaissance de faits condamnables commis par un frère dominicain de la province de Toulouse de les rapporter”. Les victimes seront écoutées, leurs témoignages transférés à la Commission de Reconnaissance et Réparation ainsi qu’au procureur de la République.
Une initiative saluée par une association de victimes
Du côté d'une association de victimes, la démarche est qualifiée de courageuse. “Il faudrait que toutes les communautés religieuses face de même, c’est une bonne initiative”, salue Olivier Savignac, le président de l’association Parler et Revivre. “Mais cela montre aussi une certaine systémie des agressions dans la communauté dominicaine.”
Le président de l’association craint que de nombreuses victimes de prêtres pédophiles se taisent encore, notamment au sein de sites bien connus dans la région. Il appelle les victimes à livrer leurs témoignages afin de fournir “un maximum d’éléments à la justice”.
Les victimes écoutées les 30 et 31 mai
Dans son communiqué, le frère Olivier de Saint-Martin annonce également que des membres de la Commission Reconnaissance et Réparation seront présents à Toulouse les 30 et 31 mai 2022 pour écouter les victimes et témoins dans leurs locaux.
Pour se faire connaître, elles doivent contacter la commission au 09.73.88.25.71 ou par mail : victimes@crr.contact, ou sos.abus@dominicains.com.
La période des faits dénoncés s'étend de 1950 à aujourd’hui. L’appel à victimes s’adresse aux personnes ayant fréquentés les couvents de Province (Toulouse, Bordeaux, Montpellier, Marseille, La Sainte Baume et Nice) ou des lieux d’apostolat courants (notamment Notre-Dame de Boscodon, Fanjeaux, Sylvanès).