Airbus A350 : ce que l'on sait de la collision entre deux avions au Japon qui a fait cinq morts

Un jour après le drame survenu le 2 janvier 2024 à l'aéroport de Tokyo-Haneda (Japon), l'enquête suit son cours. On ne connaît pas encore les causes et les responsabilités exactes du choc entre un avion A350 de la Japan Airlines et un avion des gardes-côtes japonais qui a provoqué la mort de 5 personnes. Nous avons sollicité Gérard Feldzer, président d'Aviation sans Frontières.

Petit à petit, les premiers éléments sur la collision entre l'A350 de la Japan Airlines et un avion des gardes-côtes japonais commencent à transparaître. Voilà ce que l'on sait de ce drame qui aurait pu être bien pire si les 379 occupants de l'avion n'avaient pu être évacués.

Les faits

Peu après 17 h 47 (heure locale) le 2 janvier 2024, un A350-900 exploité par Japan Airlines a été impliqué dans un accident lors du vol JAL516 reliant l’aéroport de Sapporo New Chitose au Japon à l’aéroport international de Tokyo-Haneda. Il est entré en collision sur la piste C avec un avion MA722 des garde-côtes japonais qui se préparait à décoller pour porter secours aux victimes du séisme survenu le 1er janvier 2024.

"Le trafic aérien a fortement augmenté", reconnaît Gérard Feldzer, président d'Aviation sans frontières et ancien pilote. "Donc les plateformes sont de plus en plus encombrées. On ressent cette pression. Il faut préciser que nous avons 5 fois moins d'incidents au sol qu'il y a 10 ans."

Le choc a provoqué une grosse explosion et l'avion de la JAL a pris feu avant de s'immobiliser un peu plus loin. "Il a entièrement brûlé après l'évacuation de tous ses occupants à l'aide de toboggans gonflables à l'avant". "C'est un miracle que nous ayons survécu", a commenté un passager de 28 ans, interrogé par le quotidien Nikkei après l'accident.

Quatorze personnes ont été légèrement blessées, selon les pompiers. "Les compagnies aériennes doivent être capables d'évacuer tous les passagers et membres d'équipage d'un avion en 90 secondes", souligne Doug Drury, un expert en aviation de l'Université de Central Queensland en Australie auprès de l'AFP.

C'est une procédure "compliquée" mais elle a été menée ici de manière "irréprochable", a salué M. Drury. "Un facteur clé, c'est que personne n'a essayé ici de prendre ses bagages à main ! Il y a eu plusieurs accidents mortels par le passé, parce que quelqu'un avait sorti ses bagages en cabine".

Le drame a fait 5 morts

La catastrophe aérienne la plus meurtrière de l'histoire est une collision au sol. Deux Boeing 747 en 1977 s'étaient percutés à l'aéroport de Tenerife (Canaries) entraînant la mort de 583 personnes. "On est dans la même configuration. L'accident de Tokyo-Haneda est certainement multifactoriel comme celui de l'aéroport de Los Rodeos dans l'île de Ténérife où il y a eu 13 facteurs constitutifs du drame dont le brouillard, l'alerte à la bombe de las Palmas, la pression pour décoller... L'avion de la compagnie KLM avait aussi une autorisation de décoller et il a aperçu celui de la Pan Am qui remontait la piste au dernier moment", déclare Gérard Feldzer.

Heureusement hier à l'aéroport de Tokyo-Haneda, le bilan est moins lourd : 5 morts parmi les 6 membres d'équipage de l'avion des garde-côtes japonais. Le pilote a réussi à s'extraire de l'avion, bien que gravement blessé.

Côté avion de la Japan Airline (JAL), les 367 passagers et les 12 membres d'équipage ont été évacués à l'aide de toboggans gonflables à l'avant. Un vrai miracle. 

L'évacuation des passagers fait partie des critères de certification des avions. "Il y a le nombre de passagers que l'on peut évacuer d'un même côté quand il y a le feu en moins de 90 secondes, déclare l'expert aéronautique et chroniqueur dans les médias. Là, l'opération s'est bien terminée mais comble de malchance, certaines portes ne marchaient pas et n'ont pas pu être ouvertes, ce qui aurait pu être dramatique. Heureusement, le Japonais est très discipliné. On n'arrête pas de leur dire : ne prenez pas vos bagages en cas de feu. À Tokyo c'est bien ça qui les a sauvés."

Au Japon comme ailleurs, il existe des entraînements pour sortir par les toboggans. Le personnel navigant commercial (PNC) sort en premier pour assister les passagers au pied du toboggan. Certains restent à bord pour éviter la panique. Les pilotes sortent en dernier, parfois par le toboggan, parfois par la fenêtre du cockpit grâce à des cordes. 

De nombreuses questions en suspens

  • Pourquoi l'avion des garde-côtes japonais est-il entré sur une piste autorisée à atterrir ?
  • Y a-t-il eu un problème de communication entre le contrôleur et l'avion des garde-côtes japonais ?
  • L'avion de la JPL était-il autorisé à atterrir ?

Le TCAS (Traffic alert and Collision Avoidance System) est un instrument de bord qui permet aux avions d'échanger entre eux et éviter ainsi les collisions en vol mais aussi en approche du sol entre aéronefs. Si le système détecte qu'un avion se rapproche trop, il alerte les pilotes. "Des losanges apparaissent sur les écrans et deviennent orange en cas de collision immédiate, reconnaît Gérard Feldzer. Une voix nous avertit pour réagir. Dans ces cas critiques, les voyants du tableau de bord sont plus importants que les instructions de la tour de contrôle."

L'avion de la Japan Airlines aurait eu l'autorisation d'atterrir

L'avion JAL516 qui arrivait de Sapporo (Japon) avait-il la permission d’atterrir ? "D'après ce que nous avons compris, elle avait été donnée" a déclaré un responsable de Japan Airlines lors d'un point presse.
L'AFP a pu consulter les échanges radio de la tour de contrôle de Tokyo-Haneda. Ils confortent cette version. "Japan 516, continuez votre approche", peut-on entendre de la part d'un contrôleur aérien à 17H43 heure locale soit quatre minutes avant la collision.

Selon le ministère japonais des Transports, la tour de contrôle aurait demandé quelques minutes plus tard à l'avion des garde-côtes de se déplacer à un point d'arrêt, à l'écart de la piste. Une version contraire à celle du pilote de l'avion en question (un Dash 8 canadien). Selon l'expert aéronautique Gérard Feldzer, "il est possible que les 2 avions n'étaient pas sur la même fréquence ou qu'un message ait été brouillé."

Le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA) sur place

Conformément aux recommandations de l’Annexe 13 de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), Airbus fournira une assistance technique au Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA). Airbus envoie actuellement une équipe de spécialistes pour assister les autorités. 

Les débris de la carlingue carbonisée de l'appareil des garde-côtes se trouvent toujours ce mercredi sur une piste de Tokyo-Haneda jonchée de résidus, a constaté un photographe de l'AFP sur place. "Nous sommes en train d'examiner la situation", de voir comment les débris sont "répartis" sur la piste et d'où ils provenaient, a déclaré mercredi Takuya Fujiwara un enquêteur du Bureau japonais de la sécurité des Transports (JTSB).

Le Bureau japonais de la sécurité des transports a récupéré l'enregistreur vocal de l'avion des garde-côtes. La carcasse noircie de l'avion de Japan Airlines est, elle aussi, toujours là, prête à être examinée. "Il faut apprendre à chaque fois du vécu, affirme l'ancien pilote. Les grosses compagnies aériennes éditent un mémorandum des incidents à travers le monde. Ceci est à l'attention de tous les équipages. On les reçoit et on les répercute dans les ordinateurs pour éviter que la même catastrophe se reproduise." 

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