Airbus Group, en deuil trois jours après l'accident d'un A400M qui a fait quatre morts et deux blessés graves dans son personnel, a marqué sa confiance dans l'avion de transport militaire en reprenant les essais avec un vol de Toulouse à Séville ce mardi.
Le premier vol d'essai d'un A400M depuis le crash de l'avion de transport militaire d'Airbus qui a fait quatre morts samedi près de Séville (Espagne) a décollé mardi à 14h45 de l'aéroport de Toulouse-Blagnac. L'appareil, qui fait partie des trois A400M d'essai en service chez Airbus Defence and Space (ADS), s'est posé à 16:30 à Séville où se trouve la chaîne d'assemblage final de l'A400M. Vingt appareils du même type y sont stationnés.
Le groupe avait annoncé lundi qu'il maintenait son programme d'essais et, signe de confiance, le patron d'Airbus Military, Fernando Alonso, ancien directeur des essais en vol chez Airbus avions civils, était à bord mardi après-midi.
ADS n'a pas souhaité préciser quels essais l'avion effectuerait pendant les deux heures de vol vers Séville, mais "il ne s'agira pas d'un simple vol d'acheminement entre les deux bases d'essai de l'appareil", a précisé un porte-parole.
La faculté d'ADS de faire voler de nouveaux exemplaires sortant de chaîne de l'avion de transport militaire européen est cependant compromise dans l'attente de l'exploitation des boîtes noires.
Le ministre de la Défense espagnol Pedro Morenes a déclaré ce mardi matin à une radio espagnole que "par prudence, en attendant d'avoir le résultat de l'enquête, il vaut mieux que les avions qui sont en production et sont sur le point de faire des essais ne puissent pas voler sans qu'on sache ce qui s'est réellement passé".
Airbus a estimé qu'il était "trop tôt pour connaître l'impact que cette décision aurait sur la chaîne de production". "Nous travaillons étroitement avec les autorités militaires et avec nos clients pour gérer cette situation", a déclaré une porte-parole.
L'avion qui a décollé à 14H45 de Toulouse-Blagnac pour rejoindre Séville son autre base d'essai et le site de la chaîne d'assemblage de l'avion de transport militaire ne semble pas concerné par ces restrictions.
L'appareil, dont le programme de vols a été maintenu malgré l'accident du 9 mai, fait partie des trois A400M d'essai en service chez Airbus Defence and Space ADS).
Il a réalisé un décollage court impressionnant et a immédiatement obliqué vers le sud et l'Espagne, avant même d'être sorti de l'espace aérien de l'aéroport.
Signe de confiance particulier, le patron d'Airbus Military, Fernando Alonso, ancien directeur des essais en vol chez Airbus avions civils, était à bord mardi
après-midi, en tant qu'ingénieur au sein de l'équipage.
Au contraire de cet avion spécialisé dans les essais, l'A400M qui s'est écrasé samedi à quelques kilomètres de Séville sortait de chaîne et venait d'entamer un vol d'essai en prévision de sa livraison à la Turquie en juillet.
A la suite de cet accident encore inexpliqué, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Turquie et la Malaisie ont suspendu les vols des appareils déjà en service.
La France, qui en possède déjà six, n'a maintenu que les vols "prioritaires dans les opérations".
Au total, 174 A400M ont été commandés par huit pays: Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg, Turquie et Malaisie. Douze seulement sont en service à ce jour.
L'industriel et les pays clients sont suspendus à l'enquête qui pourrait avancer rapidement avec l'exploitation des deux boîtes noires, qui contiennent traditionnellement les enregistrements des paramètres de vol et des conversations d'équipage. Celles-ci trouvées dimanche matin sur le lieu du crash ont été données au juge d'instruction responsable de l'enquête judiciaire.
L'hypothèse d'une défaillance moteur a déjà été évoquée notamment sur le site internet de l'hebdomadaire allemand Spiegel, qui a fait état du témoignage d'un des survivants.
La difficile mise au point de ces turbopropulseurs géants --les hélices dépassent les cinq mètres de diamètre-- a été l'une des causes des retards de quatre ans accumulés par l'A400M depuis le lancement en 2003 jusqu'à la première livraison à la France en septembre 2013.
Le deuil reste cependant encore au premier plan des esprits mardi.
Un service religieux à la mémoire des quatre membres d'équipage morts dans la catastrophe devait avoir lieu dans la soirée à la cathédrale de Séville, la "Giralda".
Airbus avait honoré lundi la mémoire de ses salariés disparus, par une minute de silence dans toutes ses usines.
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