Un an après les Gilets jaunes, la brasserie "Les Américains" à Toulouse fait face au coronavirus

Il y a un an, nous rencontrions, Jacques Soiyris, en pleine mobilisation des Gilets jaunes à Toulouse. Aujourd'hui le gérant de la brasserie « les Américains » à Toulouse fait face au coronavirus, au confinement et aux conséquences économiques. Voici son témoignage.

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Quelle est votre situation ?

Jacques Soyris : La situation est la suivante, nous avons eu recours au chômage partiel immédiat. Nous l'avions un peu anticipé. Nous avions fait les démarches pour qu'il n'y ait aucune perte de temps, pour assurer les 25 employés... Moi je n'ai pas le droit au chômage car je ne côtise pas. 
On a rassuré tous les salariés, ils restent dans l'entreprise. Tout le monde a été de bonne volonté, il n'y a plus de réticences, mais une prise de conscience générale.


Dans les faits, c’est vous qui allez payer les salaires ?

Jacques Soyris : Nous allons payer les salaires à la fin du mois. J'espère qu'ils vont nous rembourser rapidement. L'Etat nous demande d'avancer l'argent mais s'il y a encore un mois entier de chômage partiel, personne ne pourra avancer ! 


Qu’avez-vous fait de tous les produits alimentaires ?

Jacques Soyris : Je me doutais que l'on ne pourrait pas reprendre le lundi. Du coup, les stocks étaient en grande partie écoulés. Le reste est parti au congélateur et dans les dons.
Pour moi la fermeture est un soulagement car si cela continuait, les employés n'allaient plus venir travailler et le chiffre d'affaires allait continuer à baisser.

« Sur le confinement, c'est presque une bonne chose ce qui nous arrive»


Après les événements liés aux gilets jaunes et les conséquences sur votre brasserie,  aviez-vous pu redresser votre situation financière ?

Jacques Soyris : En ce début d'année, on s'était refait un peu de trésorerie. Nous voulions continuer à améliorer l'outil de travail pour être plus performant. La brasserie est fermée, nous perdons de l'argent. C'est un coup d'arrêt mais je vais vous dire, je ne suis pas déprimé. Tout le monde ou presque est logé à la même enseigne. L'Etat devrait faire le nécessaire, on espère qu'il va tenir parole, que ce n'est pas que des effets d'annonce. J'ai l'impression qu'ils ont compris.
 

La seule chose sur laquelle il faut être inquiet c'est le virus. Que mes collaborateurs se mettent à l'abri, protègent leur santé. Le confinement, c'est presque une bonne chose qui nous arrive. C'est la première fois dans l'histoire de l'humanité que le monde entier ralentit sans faire une guerre !
Elle va peut être se concentrer sur autre chose qu'une vie folle au quotidien.


Comment voyez-vous les prochains jours ?

Jacques Soyris : Quand ça va commencer à durer, les gens vont devoir s'occuper, faire du sport, lire, faire un peu d'introspection. Ils vont se reposer et ne pas se prendre la tête. 
En France, les gens ne se rendent pas compte à quel point ils sont heureux ! Là, ils vont réaliser la chance qu'ils ont.

Chacun va faire dans sa vie, ce qu'il devait faire mais ne le faisait jamais. Celui qui devait nettoyer la cave, va nettoyer la cave, celui qui disait il faut que je lise, maintenant a le temps. Peut-être que cela va nous donner des nouveaux réflexes. C'est aussi l'occasion de plus s'occuper de sa famille.

 
 « Pour moi, c'est plus gros que le 11 septembre ! »

Nous avons dit à nos employés de ne pas s'en faire. On fera le nécessaire, avec le chômage partiel. La seule chose sur laquelle vous devez vous concentrer, c'est le virus.

La société sera plus forte je crois. C'est une bonne chose car nous n'étions pas sur le bon chemin dans la vie. Vous le voyez bien au quotidien, les gens sont en train de perdre la boule ! Cela va redonner d'autres valeurs. Il va y avoir un élan d'émotion après tout ça.

Comme il n'y a plus rien à faire, les gens vont se téléphoner pour prendre des nouvelles et non pas uniquement pour demander des services. On va tout plus faire attention à l'hygiène, chacun va investir dans son établissement pour l'améliorer, on va relocaliser en France. 

C'est une autre forme, mais pour moi, c'est plus gros que le 11 septembre.

Entre restaurateurs, on s'appelle pour se donner des informations. Tous les paiements sont bloqués, impôts, fournisseurs, tout le monde a compris qu'il faut lutter contre le virus et éviter de le propager.

Quand tout ça sera terminé, cela va repartir de suite. Les gens auront de l'argent à dépenser. Quand vous les privez de liberté, le jour où ils peuvent ressortir, il va y avoir un monde fou ! C’est comme la France championne du monde !
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