Après un cas de Covid-19 détectée chez une personne retenue pendant quelques jours au centre de rétention de Cornebarrieu, des associations toulousaines s'inquiètent du sort des ressortissants étrangers cloîtrés à l'intérieur de l'établissement, et demandent sa fermeture.
Jeudi dernier, 13 août, un test Covid réalisée sur une femme passée par le centre de rétention de Cornebarrieu, en Haute-Garonne, avant d'être remise en liberté, s'avérait positif. Dans la crainte d'une possible contagion, des tests ont été réalisés sur les autres personnes retenues dans la même période, ainsi que sur les personnels travaillant au sein de la structure. Les premiers résultats, encore provisoires, ne montrent pour l'instant pas de trace de coronavirus, même chez trois autres femmes ayant été en contact direct avec la personne détectée.
Plus d'accès à la permanence pour les représentants de la Cimade
Du côté des représentants de la Cimade, qui oeuvrent au quotidien dans ce centre de rétention pour aider les ressortissants étrangers, et qui ont directement assisté la personne infectée, pas de tests positifs non plus. Mais depuis jeudi dernier, ils n'ont plus accès à leur permanence.Pour cette structure d'aide aux ressortissants étrangers, comme pour les représentants de l'ADE (Avocat-e-s pour la défense des étrangers), la situation justifierait la fermeture pure et simple du centre de rétention, et la remise en liberté des personnes enfermées à Cornebarrieu. Elles sont un peu plus de 30 cette semaine, dont un bon nombre de ressortissants algériens. Ils sont bloqués en France, quelque soit la décision du juge de la liberté et de la détention concernant leur sort, en raison de la fermeture des frontières dûe à la crise sanitaire.D'habitude, il y au moins deux personnes qui se rendent 6 jours sur 7 au centre de rétention. On fait le point sur chaque situation, sur les recours possibles, on établit le contact avec les familles. C'est désormais impossible. Nous continuons notre travail, à distance, notamment grâce à des permanences téléphoniques.
Il y a un risque de cluster évident à Cornebarrieu, comme ça a été le cas dans le centre de rétention de Mesnil-Amelot, en région parisienne. Les personnes retenues vivent dans l'angoisse d'avoir été contaminées, elles pensent que les mesures sanitaires et les gestes barrières ont du mal à être respectés à l'intérieur du centre. Leurs droits fondamentaux sont en plus bafoués, puisqu'ils n'ont plus droit à une assistance juridique, et qu'ils peuvent être jugés sans être présentés à l'audience.
Dans un communiqué, la Cimade et l'ADE renouvellent donc leur demande de libération immédiate de toutes les personnes retenues, estimant que "les possibilités pour l'administration de les reconduire dans leur pays d'origine sont inexistantes", et que leur rétention "n'a aucun sens".
Contactée, l'A.R.S (Agence Régionale de Santé) confirme ce cas de positivité au Covid-19 constaté le 13 août dernier. Elle précise qu'une campagne de dépistage a été déployée par le SDIS 31 et le CHU de Toulouse auprès des 86 personnels du centre, des 44 retenus présents au même moment que la personnes concernée, ainsi qu'auprès des différents intervenants extérieurs. Parmi les 86 membres du personnel à dépister, 13 policiers avaient préalablement fait l'objet d'une mise en quatorzaine. Selon l'agence, le centre a adapté son organisation en gérant les flux entre les secteurs, en déployant des moyens de protection et en mettant en place des audiences en visioconférence avec les tribunaux.