Une semaine après le viol d'un patient par un autre patient à l'hôpital psychiatrique Marchant de Toulouse en Haute-Garonne, la direction assure qu'elle "renforcera les dispositifs de signalement de la violence et d’accompagnement". Mais ses explications restent faibles sur l'arrivée d'un tel drame.
Une semaine après le viol et l'ouverture d'une enquête par le parquet de Toulouse (Haute-Garonne), la direction de l'hôpital psychiatrique Marchant sort enfin du silence, mais reste sibylline sur bien des points.
Dans un communiqué transmis ce jeudi 22 août 2024, elle résume le drame : "Le 15 août 2024, un patient hospitalisé au sein du Centre Hospitalier Gérard Marchant a déclaré avoir été victime d’un viol commis par un autre patient. Dès cette déclaration faite auprès de l’équipe soignante, toutes les mesures de protection du patient déclarant ont été mises en œuvre dans le respect de ses droits et l’information de la justice a été faite sans tarder."
Inertie de la direction
Mais la direction reste muette sur les mesures prises à l'égard du patient réputé dangereux qui a violenté puis violé cet homme de 27 ans dans sa chambre. Elle n'évoque pas non plus son manque de réactivité face aux alertes répétées des soignants démunis face à l'agressivité de ce malade.
Elle affirme que "la communauté hospitalière du Centre Hospitalier Gérard Marchant est profondément touchée par la survenue de cet événement et se mobilise chaque jour pour des prises en charge de qualité et bienveillantes vis-à-vis de leurs patients." Une prise en charge dont la qualité est fortement contestée autant par la famille de la victime, que par les soignants eux-mêmes.
Des alertes répétées sur l'auteur du viol
Pourtant, selon nos informations, en avril puis en mai dernier, deux soignants ont eu, tour à tour, affaire à la violence de ce malade. L'une des soignantes, rouée de coups, a hérité de deux mois d'arrêt-maladie et a porté plainte. Ce qu'a également fait un autre soignant après des menaces de mort proférées par ce même malade.
Ce comportement violent, répété, a même fini par semer la terreur au sein du personnel, qui le signale à l'encadrement en craignant "un passage à l'acte grave du patient vers un soignant ou vers un autre patient". Ils ont demandé son transfert dans une autre unité, faute de disposer de chambre d'isolement. " On nous a répondu avec fermeté que le patient ne sera pas changé d’unité", témoigne anonymement l'un d'entre eux. Un agent "cas complexe" aurait été réclamé pour suivre ce patient par le médecin du service. Une demande refusée "faute de budget", révèle Isabelle Seff, déléguée syndicale CGT de l'hôpital, dans les colonnes de la Dépêche du midi.
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Enfin, en juin dernier, la victime du viol a été embrassée de force par ce même autre patient. Sa famille choquée demande là aussi à ce qu'il soit pris en charge dans une autre unité. En vain.
Mon fils fait des cauchemars, il répète en boucle ce qui lui est arrivé. Tout ça aurait pu être évité si l'hôpital avait pris ses précautions.
M.G, père de la victime
La famille de la victime écœurée
Suivi depuis des années à l'hôpital Marchant pour troubles psychiatriques, la victime, qui a elle aussi porté plainte, et sa famille ne veulent plus entendre parler de l'établissement, ni d'aucun autre hôpital. "Il ne retournera plus dans un hôpital, on le garde à la maison", ajoute le père.
Dans son communiqué, la direction assure qu'elle "renforcera les dispositifs de signalement de la violence et d’accompagnement", sans autre précision. L'hôpital Marchant ne semble plus disposer des moyens pour accompagner les patients surtout ceux dont le profil est violent depuis bien longtemps.
L'établissement en proie à un "déficit structurel", pointé en juillet dernier, par la Chambre régionale des comptes, et par les personnels, ces derniers n'ont cessé de dénoncer l'état de détérioration de l'établissement, le manque d'investissements et la fuite des effectifs vers des cliniques privées, ces derniers mois.
Des salariés qui ont le sentiment très lourd de ne pas être entendus.