Depuis le dimanche 28 juillet 2024, une vague de chaleur intense frappe le sud de la France, mettant à rude épreuve les établissements de santé. À l'hôpital Marchant de Toulouse (Haute-Garonne), spécialisé en psychiatrie, le syndicat Sud santé dénonce des températures atteignant des niveaux insupportables, exacerbant les difficultés pour les patients et le personnel soignant, faute de moyens.
La canicule s'est abattue sur le sud de la France depuis le dimanche 28 juillet 2024 et avec elle les appels à la vigilance pour les personnes les plus fragiles vivant dans les Ehpad ou les hôpitaux. Les bouteilles d'eau, les brumisateurs sont distribués. Les fenêtres et les volets fermés. Au mieux, la climatisation dans les établissements est lancée. Chacun cherche les solutions en fonctions de ses moyens.
Des températures jusqu'à 36° C dans les chambres
À l'hôpital Marchant de Toulouse, spécialisé en psychiatrie, des ventilateurs sont distribués, mais pas en nombre suffisant pour répondre aux besoins des 400 patients de l'établissement selon Loïc Brelier du syndicat Sud santé. "La seule réponse apportée aux patients par la direction est de distribuer des pastèques" déplore le représentant syndical de Sud santé Loïc Brelier. Deux pastèques pour 20 patients, c’est un peu chaud. Et ce n’est pas ça qui solutionne à 23 h la souffrance du patient. Les températures dans les chambres peuvent atteindre jusqu'à 35-36°C. C'est ce qui s'est passé l'an dernier."
En termes d'équipements, la direction de l'hôpital assure que l'établissement est équipé d'espaces climatisés dans les salles de soins, les infirmeries et les salles de restauration. Des ventilateurs sont, en effet, disponibles dans les chambres, et les chambres d'isolement sont climatisées. "Sauf que le soir à 23 heures, on ne peut pas mettre 5 patients pour dormir dans le réfectoire, qui est la seule partie commune autorisée, dénonce Loïc Brelier avant de rajouter. Nous avons des patients qui se retrouvent à ne pas sortir de leur chambre, à aller 50 fois sous la douche, à avoir des problèmes de rupture cutanée parce qu’à force de se doucher plusieurs fois ou de dormir par terre pour pouvoir avoir un peu de fraîcheur" ajoute Brelier.
Les "règles de bonnes pratiques" avant tout
Nadine Di Guardia, directrice adjointe du centre hospitalier toulousain, admet que tout n'est pas parfait. "Il fait chaud à Toulouse, donc il n'y a pas de raison qu'il ne fasse pas chaud à l'hôpital Marchant", concède-t-elle.
Ces températures rendent les conditions de vie extrêmement difficiles pour les patients, particulièrement ceux sous traitement avec des neuroleptiques, qui sont sensibles à la chaleur et peuvent souffrir de complications cardiaques. "La plupart de tous les pavillons se retrouvent sans système de climatisation, de rafraîchissement dans les chambres. Donc, on se retrouve avec des patients à qui on donne des neuroleptiques. Et parfois, les neuroleptiques, les contre-indications, c’est la chaleur et ça peut avoir des effets au niveau cardiaque" explique l'aide-soignant.
Nadine Di Guardia souligne que la gestion de la chaleur ne commence pas seulement lors de l'activation des niveaux d'alerte canicule. Elle nécessite des "règles de bonnes pratiques" à appliquer toute l'année comme l'hydratation. "Quand il fait chaud, on ferme les volets le matin, on évite les activités physiques aux heures les plus chaudes, et on porte une attention particulière à l'hydratation des patients, surtout les plus vulnérables. Certains d'entre eux qui ne ressentent pas la chaleur. Beaucoup de personnes âgées n'ont jamais soif. Les fruits comme les pastèques sont effectivement un moyen pour leur apporter leurs besoins en eau. Ça passe mieux parce que c'est sucré et c'est plus agréable à consommer."
La distribution des pastèques n'est pas nouvelle. La mesure existe depuis 10 ans selon le syndicaliste." Tous les ans, on demande si des mesures vont être prises pour éviter la canicule, et il n’y a rien qui arrive" se désole-t-il.
42% des bâtiments trop vétustes
Moyens financiers limités, manque de personnel, le centre hospitalier Marchant fait face à un contexte de crise dans le secteur de la psychiatrie. Selon un récent rapport de la chambre régionale des comptes d'Occitanie, l'immobilier du site est l'un des points noirs de l'établissement : 42 % des bâtiments sont trop vétustes et 77% des équipements obsolètes. À peine 30.000 euros étaient consacrés chaque année à l'entretien de la structure jusqu'en 2023. Désormais, 5 millions d'euros y sont consacrés.
"Il va falloir essayer de réfléchir, de dire que la maladie psychique, cela a un coût et que les patients ont le droit d'être hospitalisé dans des conditions dignes" conclut Loïc Brelier.