Pollution. "Ou c'est de la négligence, ou c'est intentionnel", plage fermée et baignade interdite à cause de la présence d'excréments dans l'eau

Les taux de matières fécales et de bactéries E.Coli étaient bien au-dessus des normes sanitaires ces derniers jours sur une des plages de Saint-Cyprien, près de Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales. La mairie a fermé la plage et interdit la baignade, le 29 juillet, soit deux semaines après l'apparition des premières pollutions.

Mieux vaut ne pas boire la tasse. La mairie de Saint-Cyprien, à une douzaine de kilomètres au sud-est de Perpignan, a pris la décision de fermer de manière préventive une de ses plages en raison de la présence anormalement élevée de matières fécales et d'Escherichia Coli (E.Coli), une bactérie qui réside dans le tube digestif des humains et animaux à sang chaud, dont certaines souches sont dangereuses pour l'Homme.

La baignade est donc interdite pour cause d'eau polluée, même si le drapeau violet ne flotte pas sur la plage.

La zone en question est située sur la plage de l'Art, entre les postes de secours n°1, près du port Cipriano, et n°2, qui fait face à la rue Auguste Rodin, espacés d'environ 500 mètres l'un de l'autre.

Une plainte a été déposée par la mairie pour comprendre comment cela a pu arriver, ajoutant qu'aucune fuite ou dysfonctionnement n'ont été détectés au niveau des réseaux d'eaux usées ou des travaux du Baladoir. "Après vérification, cela ne vient pas de la terre, d'un club de plage ou d'un animal mort coincé dans la digue. Ou c'est de la négligence, ou c'est intentionnel", soupçonne Thierry Del Poso, le maire (LR) de Saint-Cyprien.

Des analyses alarmantes dès le 15 juillet

La décision de la mairie intervient deux semaines après des premiers prélèvements dont les résultats se sont avérés alarmants.

Les relevés de l'ARS (Agence Régionale de Santé) Occitanie du 17 juillet dernier avaient déjà fait apparaître au niveau de la plage de l'Art, des valeurs de Streptocoques fécaux et d'E.Coli près de dix fois supérieures à la norme autorisée, avec 1.213 UFC (Unités Formant Colonie) de Streptocoques fécaux pour 100 ml d'eau (contre une valeur limite fixée à 370) et même 10.687 UFC d'E.Coli pour 100 ml d'eau (contre une valeur limite fixée à 1.000).

Une semaine plus tard, lors du dernier relevé effectué le 25 juillet, bien que ces taux aient nettement diminué, celui de la bactérie E.Coli était toujours bien supérieur aux recommandations sanitaires (2.823 UFC/100 ml).

La plage du Port, au niveau du poste de secours n°3, avait également largement dépassé les seuils de sécurité dès le 15 juillet dernier selon les relevés (18.563 UFC/100 ml de Streptocoques fécaux et 11.636 UFC/100 ml d'E.Coli), avant de revenir à la normale.

"En 15 ans, nous n'avons jamais rencontré de problème similaire, s'étonne le maire. Deux accidents identiques sur un même secteur à deux jours d'intervalle, ça m'interroge...". Le dernier épisode de pollution aux Streptocoques fécaux remonte au 28 août 2023 (2.130 UFC/100 ml) sur la plage de la Lagune, au niveau du poste de secours n°6, mais il s'était rapidement résorbé.

Une réaction tardive ?

L'opposition municipale a critiqué ce délai de deux semaines entre les premiers prélèvements et la fermeture préventive, rappelant également que la loi oblige les mairies à publier sur leur site les résultats des analyses sanitaires réalisées dans l'eau.

Cela donne une impression de laxisme, comme si le maire n'avait jamais ouvert les courriers de l'ARS jusqu'ici.

Claudette Guiraud, élue d'opposition à la mairie de Saint-Cyprien

"Des gens autour de moi avaient commencé à être malades et une de ces personnes a eu l'idée de regarder l'état des eaux de baignade de l'ARS", relate Claudette Guiraud, élue d'opposition (LR) à la mairie de Saint-Cyprien. "C'est comme ça qu'on s'est rendu compte qu'il y avait une grave pollution, alors que rien n'avait été affiché par la mairie. On décide de fermer aujourd'hui la plage alors que les derniers relevés sont bien inférieurs à ceux qu'on dénonçait déjà le 15 et le 17. Il est un peu tard pour s'inquiéter...".

De son côté, l'édile rappelle qu'il existe un délai de 48 heures entre la réalisation des prélèvements par l'ARS et la publication des résultats. "Ce décalage nous conduit toujours à lancer des contre-analyses avec résultats sous douze heures pour être sûr que la pollution soit toujours d'actualité au moment où l'on doit décider ou non de fermer la plage. C'est ainsi qu'on a constaté que les pollutions des plages du Port puis de l'Art avaient fini par se résorber, avant de découvrir un second épisode de contamination pour cette dernière le 25 juillet, d'où notre décision de fermeture préventive cette fois-ci.".

D'après la dernière contre-analyse, confiée à un laboratoire privé, il restait des traces de pollution résiduelle dans l'eau ce 29 juillet. Le maire espère pouvoir rouvrir la plage mercredi dans l'après-midi avec l'accord de l'ARS, mais attend encore des résultats d'analyse.

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