La baignade a nouveau autorisée sur la plage de Saint-Cyprien près de Perpignan. Un soulagement pour la municipalité qui avait été contrainte de fermer une de ses plages à cause de taux constatés trop élevés de matières fécales et de bactéries E.Coli. La mairie avait interdit la baignade, le 29 juillet, soit deux semaines après l'apparition des premières pollutions.
La baignade à nouveau autorisée. "Les nouvelles analyses des eaux de baignade sont redevenues d’excellente qualité sur TOUS les postes de secours" publiait ce mercredi 31 juillet au soir la Mairie de Saint-Cyprien sur les réseaux sociaux. Après de nouvelles analyses, l'ARS a permis de lever l'interdiction qui concernait le secteur entre le Poste de secours n°1 et n°2. Les inconditionnels de cette plage centrale de la station balnéaire catalane vont pouvoir à nouveau profiter des lieux en toute tranquillité.
Une fermeture qui avait été "préventive" selon la Mairie qui a tenu à préciser "qu'en 15 ans" la commune "n'avait jamais rencontré de problème similaire".
Le 29 juillet dernier il avait été pris la décision de fermer l'accès d'une des plages de la commune catalane en raison de la présence anormalement élevée de matières fécales et d'Escherichia Coli (E.Coli), une bactérie qui réside dans le tube digestif des humains et animaux à sang chaud, dont certaines souches sont dangereuses pour l'Homme.
La zone en question est située sur la plage de l'Art, entre les postes de secours n°1, près du port Cipriano, et n°2, qui fait face à la rue Auguste Rodin, espacés d'environ 500 mètres l'un de l'autre.
Une plainte a été déposée par la mairie pour comprendre comment cela a pu arriver, ajoutant qu'aucune fuite ou dysfonctionnement n'ont été détectés au niveau des réseaux d'eaux usées ou des travaux du Baladoir. "Après vérification, cela ne vient pas de la terre, d'un club de plage ou d'un animal mort coincé dans la digue. Ou c'est de la négligence, ou c'est intentionnel", soupçonne Thierry Del Poso, le maire (LR) de Saint-Cyprien.
"Plusieurs résultats non conformes en si peu de temps dans une zone où l'eau est normalement d'excellente qualité, c'est rare", abonde Christine Portero-Espert, responsable du pôle animation territoriale des politiques de santé publique à l'ARS (Agence Régionale de Santé) d'Occitanie. "On a testé toutes les hypothèses qui pourraient expliquer cela avec la ville, mais pour l'instant, on n'a aucune piste."
Des analyses alarmantes dès le 15 juillet
La décision de la mairie intervient deux semaines après des premiers prélèvements dont les résultats se sont avérés alarmants.
Les relevés de l'ARS du 17 juillet dernier avaient déjà fait apparaître au niveau de la plage de l'Art, des valeurs de Streptocoques fécaux et d'E.Coli près de dix fois supérieures à la norme autorisée, avec 1.213 UFC (Unités Formant Colonie) de Streptocoques fécaux pour 100 ml d'eau (contre une valeur limite fixée à 370) et même 10.687 UFC d'E.Coli pour 100 ml d'eau (contre une valeur limite fixée à 1.000).
Une semaine plus tard, lors du dernier relevé effectué le 25 juillet, bien que ces taux aient nettement diminué, celui de la bactérie E.Coli était toujours bien supérieur aux recommandations sanitaires (2.823 UFC/100 ml).
La plage du Port, au niveau du poste de secours n°3, avait également largement dépassé les seuils de sécurité dès le 15 juillet dernier selon les relevés (18.563 UFC/100 ml de Streptocoques fécaux et 11.636 UFC/100 ml d'E.Coli), avant de revenir à la normale.
"En 15 ans, nous n'avons jamais rencontré de problème similaire, s'étonne le maire. Deux accidents identiques sur un même secteur à deux jours d'intervalle, ça m'interroge...". Le dernier épisode de pollution aux Streptocoques fécaux remonte au 28 août 2023 (2.130 UFC/100 ml) sur la plage de la Lagune, au niveau du poste de secours n°6, mais il s'était rapidement résorbé.
Une réaction tardive ?
L'opposition municipale a critiqué ce délai de deux semaines entre les premiers prélèvements et la fermeture préventive, rappelant également que la loi oblige les mairies à publier sur leur site les résultats des analyses sanitaires réalisées dans l'eau.
"Des gens autour de moi avaient commencé à être malades et une de ces personnes a eu l'idée de regarder l'état des eaux de baignade de l'ARS", relate Claudette Guiraud, élue d'opposition (LR) à la mairie de Saint-Cyprien. "C'est comme ça qu'on s'est rendu compte qu'il y avait une grave pollution, alors que rien n'avait été affiché par la mairie. On décide de fermer aujourd'hui la plage alors que les derniers relevés sont bien inférieurs à ceux qu'on dénonçait déjà le 15 et le 17. Il est un peu tard pour s'inquiéter...".
Pour l'instant, nous n'avons pas de signalement de la part de professionnels de santé ayant reçu des patients avec des symptômes après une baignade.
Christine Portero-Espert, ARS Occitanie
De son côté, l'édile rappelle qu'il existe un délai de 48 heures entre la réalisation des prélèvements par l'ARS et la publication des résultats, voire même de quatre jours lorsque les tests sont réalisés le jeudi. "Ce décalage nous conduit toujours à lancer des contre-analyses avec résultats sous douze heures pour être sûr que la pollution soit toujours d'actualité au moment où l'on doit décider ou non de fermer la plage. C'est ainsi qu'on a constaté que les pollutions des plages du Port puis de l'Art avaient fini par se résorber, avant de découvrir un second épisode de contamination pour cette dernière le 25 juillet, d'où notre décision de fermeture préventive cette fois-ci.".
D'après la dernière contre-analyse, confiée à un laboratoire privé, il restait des traces de pollution résiduelle dans l'eau ce 29 juillet.