La France teste dans les locaux du CNES à Toulouse un exercice militaire spatial. Une simulation avec des forces ennemies pour évaluer les capacités de protection des satellites et de surveillance de l'espace.
La France mène cette semaine son premier exercice militaire spatial afin d'évaluer ses capacités de protection de ses satellites et de surveillance dans un espace de plus en plus militarisé, devenu le théâtre de confrontations entre puissances.
Tester avec des situations de crise ou de menaces
L'exercice AsterX -"clin d'oeil au premier satellite français" Astérix lancé en 1965- organisé du 8 au 12 mars, sur le site du CNES (Centre National d'Etudes Spatiales) à Toulouse est une "première pour les armées françaises et même le premier en Europe", a confié le général Michel Friedling, patron du Commandement de l'Espace (CDE). Il constitue notamment un "stress test de nos systèmes afin d'évaluer les besoins futurs et d'accompagner la montée en puissance de ce nouveau commandement installé à Toulouse et qui comprendra 500 personnels en 2025", a-t-il précisé.
#AsterX2021 ? L’exercice spatial "AsterX 2021" organisé par le Commandement de l’espace (CDE) se déroulera du 8 au 12 mars sur le site toulousain du @CNES.#Espace #NotreDéfense@Armees_Gouv pic.twitter.com/AfwONYKxvg
— Armée de l'Air et de l'Espace (@Armee_de_lair) March 4, 2021
Le scénario de l'exercice -entièrement simulé- part d'une crise entre un Etat doté de capacités spatiales et un autre qui a un accord d'assistance militaire avec la France. "Une série d'événements vient créer des situations de crise ou de menaces contre nos moyens spatiaux, mais pas uniquement", a-t-il expliqué, ajoutant que des "médias et réseaux sociaux fictifs" joueraient un rôle dans le scénario.
Ces "événements" sont par exemple la "rentrée à risque" dans l'atmosphère d'un objet spatial qu'il faudra suivre pour avertir les populations le cas échéant, ou "l'approche sur un de nos satellites stratégiques".
Des hypothèses loin d'être fictives: en 2017, le "satellite-espion" russe Louch-Olympe avait tenté de s'approcher du satellite militaire franco-italien Athena-Fidus; l'an dernier Washington a accusé la Russie d'avoir "conduit un test non-destructeur d'une arme antisatellite depuis l'espace".
La "Space Force" américaine et le centre de situation spatiale allemand participent également à cet exercice.
Pour "muscler" sa posture spatiale, Paris a établi en 2019 une stratégie spatiale de défense et prévu d'y consacrer près de 5 milliards d'euros sur la durée de la loi de programmation militaire (2019-2025), dont 3,6 milliards pour le renouvellement de ses capacités satellitaires -CSO de surveillance optique, Ceres de renseignement électromagnétique, Syracuse de communications militaires- et de surveillance de l'espace. Pour cela, la France dispose d'une base de données de plus de 10.000 objets spatiaux en orbite, qu'elle suit en permanence. Et elle compte d'ici la fin de la décennie se doter de satellites patrouilleurs dotés de caméras et de puissants lasers pour tenir à distance de ses satellites les engins spatiaux trop curieux.