Après sa suspension pour "avoir manqué à son obligation de réserve" un enseignant contractuel de la Toulouse School Economics a reçu plusieurs marques de soutien. Y compris de la Ligue des Droits de l'Homme.
"Un tour de vis autoritaire menaçant la liberté d'expression". Quelques jours après la suspension d'un enseignant contractuel par la direction de la Toulouse School Economics, la polémique n'est pas totalement éteinte. Ce professeur de mathématiques se voit reprocher une prise de position sur le conflit israélo-palestinien devant ses étudiants. Des propos enregistrés et relayés sur internet. Depuis, plusieurs organisations ont pris position, réclamant sa réintégration.
Solidarité Palestine Toulouse exprime également tout son soutien et sa solidarité avec l'enseignant à la Toulouse School of Economics, attaqué pour avoir dénoncé les massacres en cours dans la bande de Gaza ! https://t.co/b0osVyo6iF
— Solidarité Palestine Toulouse (@PalestineTlse) September 9, 2024
Le soutien à la Palestine réprimé
Près d'une vingtaine d'organisations et collectifs ont co-signé un communiqué de presse dénonçant la suspension à titre conservatoire de ce professeur contractuel de TSE. Il y a notamment les sections locales de syndicats de l'éducation comme Sud ou la CGT. Mais également les collectifs Palestine Vaincra, la LDH ou encore l'Union juive française pour la Paix.
Dénonçant "une vague de harcèlement haineux qui vise notre camarade" depuis que ses propos en cours ont été rendus publics, les signataires de ce texte écrivent que "l'amalgame fait entre soutien à la Palestine et antisémitisme, notamment par la ministre démissionnaire de l'Enseignement supérieur, sert de prétexte à ce tour de vis autoritaire menaçant la liberté d'expression."
Nous soutenons notre camarade face aux attaques et aux procédures administratives et judiciaires qui le visent, pour avoir simplement exprimé son indignation face aux massacres en cours dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.
Communiqué inter-organisations
La direction de TSE a ouvert une enquête administrative et suspendu l'enseignant contractuel pour une durée de quatre mois pour manquement "à son obligation de réserve". Une notion qui fait débat concernant les enseignants-chercheurs.
"Permettons l'expression légale des analyses contraires : on a inventé l'université pour cela"
Député LFI de la première circonscription de Haute-Garonne, Hadrien Clouet est docteur en sociologie et chercheur associé de plusieurs centres universitaires. Il a, lui aussi, livré "quelques réflexions" sur la suspension de ce professeur.
"Il n'y a pas de devoir de réserve dans le supérieur, mais un droit commun (il faut respecter la loi), des obligations déontologiques et le respect de principes de tolérance et d’objectivité", écrit-il en s'appuyant sur l'article L. 952-2 du Code de l’éducation.
Quelques réflexions sur cette suspension.
— Hadrien Clouet (@HadrienClouet) September 4, 2024
1️⃣ il n'y a pas de devoir de réserve dans le supérieur, mais un droit commun (il faut respecter la loi), des obligations déontologiques et le respect de principes "de tolérance et d’objectivité" (L. 952-2 code de l’éducation).
2️⃣ les… https://t.co/Bk1KlvPr8z
"Un prof qui parle neuf minutes d'un sujet hors cursus, cela arrive parfois à la demande d'étudiant•es, écrit Hadrien Clouet. On donne les coordonnées du problème, les différents points de vue existants à notre connaissance et parfois, si c'est attendu, le sien propre, pour que l'audience dispose de recul et sache qu'il s'agit d'un propos qui peut être contesté et n'engage ni tous les collègues comme communauté scientifique ni l'institution."
Permettons l'expression légale des analyses contraires : on a inventé l'université pour cela !
Hadrien Clouet, docteur en sociologie et député LFI
Ce professeur était-il dans son rôle en relayant le chiffre de près de 200.000 morts à Gaza, selon une projection publiée via un éditorial dans la revue The Lancet ? Était-il dans son rôle en appelant à participer aux manifestations de soutien à la Palestine ? Les avis d'enseignants-chercheurs divergent.
"Soutenir la Palestine n'est pas un crime"
Outre l'enquête administrative annoncée par la direction de TSE, le parquet de Toulouse a également ouvert une enquête pour apologie du terrorisme. "Une procédure judiciaire à son encontre qui doit être classée sans suite", affirment les différentes organisations dénonçant la répression du soutien à la population palestinienne.
Cette situation est scandaleuse, Benoît Huou doit être réintégré !
— Dorian (@FancyCommunist) September 8, 2024
Avant le rassemblement d'hier, nous sommes quelques militants de @revolution_icr à être allés devant la TSE pour témoigner de notre solidarité avec cet enseignant ! Soutenir la Palestine n'est pas un crime ! 🇵🇸 https://t.co/H9hOCixQU6 pic.twitter.com/glJP2hVG5X
"Soutenir la Palestine n'est pas un crime", écrit un autre professeur contractuel, se présentant comme militant de l'Internationale communiste révolutionnaire. Un message posté sur son compte X en légende d'une photo.
Sur ce cliché, trois militants tiennent un drapeau palestinien entre les mains et posent devant les immenses grilles de l'école supérieure en sciences économiques et sociales.