Autoroute A69 : évacuation musclée de la dernière ZAD du chantier qui tombe sous les pelleteuses

Mardi 17 septembre, la CNAMO, accompagnée de dizaine de policiers, entre dans le verger. Objectif déloger les militants. La veille, la dernière maison du tracé de l'A69 est récupérée par Atosca. Les coupes d'arbre commencent. Une pelleteuse abat les arbres, tout près des militants, journalistes et gendarmes. Plus tard, une journaliste est repoussée.

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Le répit a été de courte durée. 14h45, mardi 17 septembre 2024, la CNAMO (cellule nationale d’appui à la mobilité), accompagnée de plusieurs dizaines de gendarmes entrent dans le verger. L'objectif ? Déloger les militants sur le toit et les écureuils dans les arbres encore debout. Pour le moment, deux personnes viennent d'être délogée. Un militant a été placé en garde à vue, après avoir couru et monté sur la pelleteuse. Un autre qui se trouvait dans un des arbres. La veille, la dernière maison dressée sur le tracé de l'A69 est finalement cédée à Atosca (société concessionnaire de l'autoroute), après plusieurs heures de négociation sous pression.

Pour assurer la bonne signature des documents, plusieurs dizaines de gendarmes sont mobilisées ainsi qu'un huissier et des représentants d'Atosca. Sur la route, bloquée à la circulation, une pelleteuse attend de pouvoir passer à l'action, à quelques mètres, les agents de la société NGE, chargée des travaux. Reportage.

Une matinée dans le calme

Sur le sol, dans les escaliers, dans le garage, des milliers de débris, de meubles, de vêtements, entassés pour ralentir l'avancée des forces de l'ordre. Une équipe télévisée de France 3 Occitanie est sur place. Tout au long de la matinée, les relations avec les forces de l'ordre et les agents de la société Atosca sont professionnelles, tout se déroule sans accroc. Du côté des militants, la matinée se passe dans le calme. En revanche, tous dénoncent la présence des forces de l'ordre et des agents d'Atosca. Seuls certains d'entre eux lancent parfois des remarques envers la presse.

Contrairement à d'autres moments clés sur ce chantier de l'A69, aucune altercation physique n'a été constatée par nos équipes. Tout se déroule donc dans le calme, avant la signature de la cession du contrat. Alexandra Dupont, signe, aux côtés des représentants de la société.

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Elle décide ensuite de quitter les lieux dans l'émotion, son mari et son fils l'attentent dans leur utilitaire garé sur le bord route.

Début des coupes d'arbres et des tensions

Dès lors, les coupes d'arbres commencent. Pas de temps à perdre pour les agents de NGE (groupe de BTP chargé des travaux). Un homme équipé d'une tronçonneuse s'attaque aux troncs tandis que la pelleteuse pousse l'arbre avec ses dents.

Face aux agents de la société et de NGE (les militants sont toujours postés sur le toit de la maison ou dans les derniers arbres restants pour retarder le chantier). La pelleteuse continue de faire tomber les troncs un à un, parfois très près des manifestants, forces de l'ordre et journalistes.

durée de la vidéo : 00h00mn15s
Pelleteuse A69, Verfeuil ©France télévisions

Si bien, que le colonel s'insurge. "Qui est le chef de chantier ?" lance-t-il. "Il faut que l'homme dans la pelleteuse descende, il met en danger tout le monde là !" L'agent de chantier se décide finalement à descendre, pour y remonter une dizaine de minutes plus tard, et reprendre la coupe des arbres.

Notre équipe journalistique, autorisée à couvrir l'événement depuis le début de matinée, est, au même moment, prise à partie par l'un des employés de NGE. On demande à l'équipe de s'en aller. "Vous êtes chez moi, désormais, vous devez partir" s'insurge un agent de la société de BTP. Une réaction assez stupéfiante, étant donné que plusieurs autres journalistes se trouvaient également sur place. Notre équipe décide de s'en aller. En ce qui concerne le comportement de NGE ou de la société Atosca, le chargé de communication de la gendarmerie, explique que selon eux, il n'y a pas eu de problème avec les deux sociétés. Du côté d'Atosca, aucune réponse n'a pour le moment été donnée sur ces agissements. 

D'autres militants sont postés sur le toit de la maison. La pelleteuse s'attaque ensuite à la construction, en détruisant les terrasses et les balcons.

Une journaliste de chez France Bleu repoussée par la police

Quelques heures plus tard, une journaliste de France Bleu Occitanie, présente depuis le début des opérations, se trouve face à deux gendarmes, qui lui bloquent le passage. "La Dépêche, eux, ils ont le droit de rentrer". Brusquement, elle est repoussée. "Recule". "Oh, c'est la presse", s'insurgent les témoins de la scène.

La journaliste fait une nouvelle tentative d'entrée. Elle est immédiatement ceinturée par l'un des militaires tandis qu'un homme portant casque de chantier et veste orange fluo s'approche à son tour. "Tu la veux ma carte de presse ?" poursuit la journaliste alors qu'elle est une nouvelle fois arrêtée, tenue par le bras. On entend le mot "sécurité" en guise d'explications.

La journaliste ne se démonte pas. Tente de se défaire de la prise des gendarmes tout en rétorquant "et pourquoi La Dépêche est là ?". Les deux gendarmes l'empoignent une nouvelle fois par les bras. "Ne la brutalisez pas !". Un troisième gendarme s'approche. Puis un quatrième. "La Dépêche, qu'est-ce qu'elle fout là" entend-on crier encore. Au bout d'une minute, fin de la vidéo. La journaliste peut finalement entrer sur le site. Contacté, le chargé de communication de la gendarmerie explique : "C'est un incident, il y a eu un peu de zèle des deux côtés, c'est vraiment davantage une incompréhension, elle n'est pas rentrée en même temps que le reste des journalistes."

"Hallucinant ! Un pur scandale"

Pour les militants du collectif de La Voie est Libre qui a relayé cette vidéo sur ses réseaux sociaux, cela ne fait aucun doute. "Hallucinant ! Un pur scandale" commente le collectif, en taguant le SNJ, le syndicat national des journalistes.

"Au Verger, la presse qui pourrait montrer les exactions d'Atosca est repoussée vers la sortie pendant que la Dépêche est, à l'intérieur, aux côtés de la pelleteuse d'Atosca", écrit encore le collectif. 

Les forces de l'ordre auraient quitté les lieux vers 17h30. La société Atosca n'a pour le moment, pas répondu à nos sollicitations.

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