La Direction Générale de l'Aviation Civile a annoncé en toute discrétion renoncer à installer à l'aéroport de Tours la toute première tour de contrôle digitale de France. Des travaux ont pourtant déjà été entrepris à Tours comme à Toulouse. Mais les coûts sont exorbitants et le projet n'est plus viable. Explications.
C'est une innovation qui aurait dû être une première en France. L'aéroport de Toulouse devait accueillir des contrôleurs aériens de Tours pour gérer à distance les atterrissages et décollages.
Abandon du projet
Il n'y aura pas de tour de contrôle digitale, appelée aussi Remote Tower Center, pour piloter l'unique aéroport commercial de la région Centre Val-de-Loire. À quelques mois de la phase d'expérimentation et après de gros travaux engagés, la Direction générale de l'aviation civile, la DGAC, rétropédale et renonce finalement au projet.
Pour le Syndicat mixte pour l'aménagement et le développement de l'aéroport international de Tours Val de Loire, propriétaire de l'aéroport de Tours, c'est la douche froide. Il avait investi plus de 58.000 euros pour l'installation de la tour de contrôle digitale sur le site.
Un coût colossal
La décision de la DGAC interroge dans tout le monde de l'aviation française. "Nous ne comprenons pas cette décision et nous pouvons que la déplorer", s'étonne Nicolas Paulissen, délégué général de l'union des aéroports français.
Par écrit, la Direction de la technique et de l'innovation explique à France 3 Occitanie les raisons de cet abandon : "En janvier 2024, il a été constaté des dérives sérieuses sur le projet. En particulier la nécessité d’une réévaluation de près de 60% du budget initial et des difficultés importantes de mise en place des ressources humaines pour poursuivre le projet, de nature à remettre en cause son intérêt et sa viabilité", écrit la DGAC.
Phase d'expérimentation prévue en 2024
Elle poursuit : "Par ailleurs, la DSNA, la Direction des services de navigation aérienne, n'a pas identifié d’autres sites que Tours pour lesquels il serait opportun d’assurer un service de contrôle à distance". Ce projet, dimensionné pour 5 sites, ne serait plus "en cohérence avec sa stratégie 2030".
Le projet avait été annoncé en 2022. Depuis, une tour de 22 mètres de haut avec à son sommet 18 caméras a été installée à l'aéroport de Tours. "Tout était prêt pour accueillir en 2024 la phase d'expérimentation", déplore le directeur du syndicat mixte de l'aéroport de Tours Val de Loire, Cyril Godeux.
L'aéroport de Tours accueille 200 000 passagers par an et génère plus de 20 millions d'euros dans le secteur touristique. Le site militaire était devenu civil en 2019. Il est géré par quatre contrôleurs aériens. Quatre employés qui ne viendront pas à Toulouse et continueront à effectuer leur travail sur place.