Les avocats de la ville rose mobilisés pour le rapatriement d’une fillette toulousaine gravement malade en Syrie

Ses jours seraient comptés. Détenue dans le camp d’Al-Hol au nord de la Syrie, la fillette âgée de 7 ans souffre d’une malformation cardiaque, selon l’avocat de la famille qui demande son rapatriement sanitaire car la petite fille est "en danger de mort."

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Ces derniers jours l’état de santé de la petite Taymia s’est dégradé, "il est urgent de la rapatrier en France sinon elle va mourir", nous explique l’avocat de la famille Me Ludovic Rivière. Victime d’une double malformation cardiaque depuis sa naissance, "Taymia ne pèse aujourd’hui que 17 kilos, ses lèvres sont bleues, elle a du mal à respirer et à marcher, elle risque un accident cardiovasculaire à tout moment", a confié la mère de l’enfant à Maître Rivière.
L’avocat toulousain qui depuis plus d’un an alerte les autorités sur l’état de santé de Taymia veut encore y croire. Il a demandé à nouveau, jeudi dernier, le rapatriement sanitaire de la petite fille au ministère des affaires étrangères et de l’Europe et au secrétariat d’Etat chargé de la protection de l’enfance.
Toujours sans réponse du Quai d’Orsay, il est désormais soutenu par le conseil de l’Ordre des avocats de Toulouse et depuis ce mercredi par des ONG. "Un soutien exceptionnel, une mobilisation incroyable" qui devraient peser en faveur du rapatriement en urgence de la fillette pour Me Ludovic Rivière.
 

Une fillette «en danger de mort» en attente de rapatriement

Depuis la chute en Syrie du groupe Etat islamique en février 2019, Taymia vit avec sa mère, sa soeur jumelle et ses deux petits frères dans le camp d’Al-Hol. Un camp situé au nord-est de la Syrie, proche de la frontière Irakienne.
En 2014, sa mère rejoint son mari en Syrie, un jihadiste français. Elle emmène avec elle les deux petites filles et donnera naissance à deux autres fils sur le territoire Syrien.
Taymia souffre d’une double malformation cardiaque. Née avec un ventricule unique elle a subi deux opérations chirurgicales avant ses deux ans, à l’hôpital des enfants au CHU de Toulouse. Elle était suivie par les équipes du service de cardiologie avant que sa mère ne l’emmène pour la Syrie.
Aujourd’hui, l’état de santé déjà fragile de la fillette s’est dégradé selon Me Ludovic Rivière; "elle est en danger de mort" selon l’avocat de la famille qui demande urgemment son rapatriement sanitaire aux autorités françaises. 
Selon nos confrères de libération qui ont pu joindre la mère de la petite fille, un médecin de l’hôpital Kurde aurait diagnostiqué une sévère hypoxie, une diminution du taux d’oxygène dans le sang, il craint un accident cardiovasculaire à tout moment, elle aurait besoin d’une opération que l’hôpital ne peut pas pratiquer.

Je ne peux pas croire que les autorités de notre pays ne fassent rien et laissent mourir cette enfant. Taymia n’est responsable de rien, elle n’a pas demandé à se rendre en Syrie, en zone de guerre, elle est fragile et très malade, c’est une enfant de la république et l’Etat doit faire le nécessaire pour la rapatrier de toute urgence. Sa grand-mère et ses tantes à Toulouse sont prêtes à l’accueillir.
explique l'avocat toulousain

Le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, avait accepté de rapatrier des enfants de ces camps qu’au "cas par cas" et là pour la petite Taymia précise Me Ludovic Rivière, c’est vraiment "le cas, je ne perds pas espoir".
 

Les conditions sanitaires déplorables du camp d’Al-Hol en Syrie

Depuis sa présence, le 7 février 2019, dans le camp d’Al-Hol, la fillette n’a reçu aucun soin ; "Il n’y a pas de médicaments appropriés ni de respirateur artificiel", explique l'avocat. 

L’hôpital kurde n’est plus approvisionné, l’aide des agences de l’ONU ayant cessé du fait de la fermeture du poste de frontière d’Al-Yarubiyah, en Irak. Les derniers à avoir constaté l’état de santé alarmant de la fillette sont les médecins de MSF en octobre 2019. Selon Me Ludovic Rivière, dans leur rapport ils avaient recommandé le rapatriement de la petite fille, une information qui a été transmise au Quai d’Orsay.
Le camp d’Al-Hol compte 75000 personnes dont plus de 500 français ;  la moitié serait des enfants dont l’âge ne dépasse pas les 6 ans.
Selon les Organisations Non Gouvernementales (ONG), plus de 500 personnes, principalement des enfants, seraient mortes en 2019 dans le camp d’Al-Hol et au moins 300 enfants français sont détenus dans les camps d’Al-Hol et Roj, les deux camps sous l’administration d’une coalition dirigée par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie. 

Le soutien du conseil de l’Ordre des avocats et des ONG

Le bâtonnier, Maître Manuel Furet et les membres du conseil de l’Ordre des avocats toulousains soutiennent et appuient cette demande de rapatriement sanitaire. Le 19 avril 2020, le Conseil de l'Ordre a pris une motion de soutien pour demander le rapatriement de la jeune Taymia, âgée de 7 ans, gravement malade dans un camp en Syrie.
Dans ce texte, les avocats dénoncent "le silence et l’inaction des autorités françaises, maintes fois interpellées pour procéder au rapatriement sanitaire de cette enfant" et demandent "aux autorités françaises d’organiser sans plus de délai le rapatriement de la jeune Taymia sur le sol français, afin qu’elle puisse y recevoir les soins justifiés par la gravité de son état de santé."
Hier, mardi 21 avril, plusieurs ONG ont elles aussi souligné dans un communiqué, "l’obligation de la France de protéger ses ressortissants, en tout temps et en tous lieux, en particulier les plus vulnérables d’entre eux. 
 

Ce rapatriement est désormais d’une urgence vitale : la survie de Taymia en dépend. Nous demandons au Président de la République de respecter sa parole et ses engagements et de faire preuve d’humanité envers Taymia et tous les enfants français piégés dans le nord-est de la Syrie. 

Un soutien "exceptionnel" selon Me Ludovic Rivière qui ne désespère pas de voir se débloquer la situation même si il rappelle "l’urgence de ce rapatriement." Depuis sa détention dans le camp, la mère de Taymia a fait une demande de rapatriement mais elle se dit prête à laisser rentrer seule la fillette.
 
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