EN 2012, dans une publicité, Airbus accusait Boeing de mentir et de jouer à Pinocchio en exagérant les performances de ses avions 737 et 747. Avec les incidents accumulés ces dernières années par ces deux appareils de l'avionneur américain, cette dénonciation du constructeur européen prend une résonance particulière.
Le temps et les problèmes à répétition du Boeing 747 sont-ils en train de donner raison à Airbus 12 ans plus tard ? En novembre 2012, l'avionneur européen publie une publicité, dans les revues aéronautiques américaines Aviation Week et Flight, dans laquelle le 737 Max apparaît avec un nez allongé par les mensonges comme Pinocchio.
Pinocchio nose! Today, rescuing this GREAT @Airbus ad, accusing #Boeing of outright lying! :D #marketing pic.twitter.com/pgJeOqOlr9
— Acu 🍥 (@AcunaBatalla) October 7, 2014
"Pourquoi notre concurrent déforme-t-il la vérité ?"
L'image est accompagnée d'un texte où Airbus s'interroge : "Pourquoi notre concurrent déforme-t-il la vérité ?". Même si Boeing n'est pas désigné nommément, le géant de l'aviation européen accuse sans ambages son concurrent de mentir au sujet des performances de ces appareils.
"Notre concurrent exagère les performances de ses appareils dernier cri 737 et 747, qui sont tous les deux des modèles dérivés des années 1960. Il existe de bonnes raisons pour lesquelles les Airbus A320neo et A380 sont leaders sur leurs marchés (...) Pas étonnant qu’ils n’arrivent plus à dormir à Seattle (implantation historique de Boeing, ndlr) !" assène l'entreprise basée à Toulouse.
À l'époque, Boeing aurait notamment affirmé que son 737 Max 8 consommerait 8 % de carburant de moins que l'Airbus A320 Neo, à nombre de sièges équivalent. Des chiffres "erronés" selon les dirigeants d'Airbus.
Un rapport du congrès américain sur accidents #B737Max pointe une « inquiétante série d’erreurs de natures technique et managériale » chez Boeing & « de nombreuses défaillances de l’activité de contrôle et une approche peu responsable» chez la US FAA. https://t.co/Isos4BMV1K pic.twitter.com/4cHwfCSJXj
— Culture Sécurité (@LaFonCSI) September 16, 2020
Boeing avait répondu de façon péremptoire : "L’histoire démontre que nos produits et nos services présentent des performances supérieures. Nous nous en tenons donc aux performances annoncées de nos appareils. Au bout du compte, ce sont nos clients qui décident sur la base de leur propre expérience et de l’analyse de leurs besoins".
Cette passe d'armes entre les deux concurrents prend une tout autre dimension avec les événements récents concernant le 747 le 737 Max.
Défauts d'ingénierie et manque de supervision
Ce dernier est resté cloué au sol pendant près de deux ans suite aux crashs de Lion Air et d’Ethiopian Airlines qui ont fait 346 victimes. Lors de son immobilisation forcée, outre le système anti-décrochage (MCAS) qui avait été complètement revu, un sérieux problème de câblage avait aussi été décelé. Depuis son retour dans le ciel, fin 2020, le biréacteur multiplie les couacs côté production. En avril 2023, un défaut de fabrication sur deux points de fixation de la dérive au fuselage avait, en effet, déjà été découvert. En janvier 2024, une porte d'un 737 Max de la compagnie Alaska Airlines s'est décrochée en raison de boulons mal vissés.
Un rapport du congrès américain sur accidents #B737Max pointe une « inquiétante série d’erreurs de natures technique et managériale » chez Boeing & « de nombreuses défaillances de l’activité de contrôle et une approche peu responsable» chez la US FAA. https://t.co/Isos4BMV1K pic.twitter.com/4cHwfCSJXj
— Culture Sécurité (@LaFonCSI) September 16, 2020
Le jeudi 18 janvier 2024, un Boeing 747 cargo de la compagnie aérienne américaine Atlas Air a atterri en urgence à Miami, après un problème sur l'un de ses moteurs peu après son décollage.
En 2020, La commission des transports du Congrès américain concluait dans un rapport d'enquête à des défauts d’ingénierie et un manque de supervision de la part de Boeing dans la conception et la construction de ses appareils.
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Le régulateur américain de l’aviation civile a annoncé en jeudi 19 janvier 2024 son intention d'ouvrir une enquête sur Boeing après l'incident du 737 Max de la compagnie Alaska Airlines. Dans le même temps, Airbus annonçait avoir engrangé 2 094 commandes nettes l’an passé, pulvérisant son précédent record (1 503) datant de 2013.