Brillante au concours, nommée puis radiée avant d'être réintégrée : les 2 mois rocambolesques d'une enseignante en Haute-Garonne

C'est une histoire rocambolesque que vient de vivre une enseignante du lycée Martin Malvy de Cazères. Diplômée en juin 2022 et nommée stagiaire au mois de juillet, l'enseignante a reçu en août un avis de radiation de l'Éducation nationale. Elle vient d'être réintégrée.

À l'appel des représentants syndicaux du Snes et de Sud, le personnel enseignant du lycée Martin Malvy de Cazères (31), manifestait ce vendredi 16 septembre contre la décision de l'Éducation nationale de radier une de leur collègue stagiaire. Les enseignants ont déployé banderole et affiches devant l'établissement pour protester contre cette situation.

Dans cet établissement de 750 élèves au sud de Toulouse, la rentrée des professeurs a été teintée d'incertitudes concernant le destin d'une de leur nouvelle collègue.

Sitôt nommée, sitôt radiée

Selon, les représentants syndicaux Snes et Sud, leur collègue a fait preuve d'excellence dans son parcours. Pendant cinq ans, elle enseigne dans des lycées réputés difficiles hors de l'académie de Toulouse, sous le statut de contractuelle et fait état d'un rapport d'inspection élogieux.

En juin dernier, l'enseignante (qui a tenu à garder l'anonymat) est reçue au concours de professeur où elle obtient la 9ème place au niveau national. À la suite de ce résultat, elle est nommée professeur stagiaire dans l'académie de Toulouse, au lycée Martin Malvy de Cazères où elle participe même à la réunion de sortie de fin d'année, aux côtés des autres membres de l'équipe éducative.

Au cours de l'été, l'enseignante reçoit une lettre de l'Éducation nationale, stipulant sa radiation de l'institution pour cause de manquement à certaines conditions d'inscription.

En effet, le niveau nécessaire pour enseigner est le Master 2, or la professeure ne dispose que du Master 1.

Ce serait donc pour des questions administratives que la jeune professeure aurait perdu son poste d'enseignante stagiaire. Une situation que l'ensemble des 80 enseignants refuse, tant elle parait injuste. Ils évoquent même de la maltraitance à son égard.

Un recrutement des enseignants par job-dating 

Pour Patricia Quinsac, représentante du syndicat Sud, et Cyril Binot du Snes, les arguments juridiques avancés par le rectorat sont incompréhensibles.

Dans un contexte tendu de pénurie dans le recrutement, ils s'interrogent sur la pertinence d'une radiation de l'Éducation nationale, alors que leur collègue bénéficie du concours et de l'ancienneté nécessaire. Pour répondre à la demande du rectorat, elle s'est inscrite en Master 2 dans la cadre d'une VAE (Valorisation des acquis de l'expérience).

"Le rectorat de Toulouse a organisé un job-dating en mars 2022 pour recruter des enseignants en quelques minutes. Cette situation nous paraît aussi absurde qu'injuste" plaident-ils. 

Un statut incertain

Pour l'heure, l'enseignante a pris sa place et fait sa rentrée auprès de ses élèves et collègues professeurs le 1er septembre dernier. Son statut en revanche restait incertain.

Après un recours gracieux, la réponse du rectorat est de maintenir la professeure au lycée en tant que contractuelle, payée à l'heure de cours et non en tant que stagiaire rémunérée à temps complet. "Elle ne sait pas quel sera son salaire, ni si elle pourra suivre la formation à l'INSPE dans laquelle elle s'est inscrite", précise Cyril Binot, représentant du Snes.

Une situation que les enseignants espéraient voir évoluer rapidement. L'ensemble des 108 personnels est unanime sur les qualités de leur collègue et aimerait qu'elle puisse rester dans l'établissement.

Un recommandé du ministère

En parallèle d'un rendez-vous ce vendredi au rectorat pour trouver une solution et sécuriser son emploi au lycée Martin Malvy, le ministère de l'Éducation nationale a reconnu son erreur et adressé, ce même jour, à l'enseignante un avis d'annulation de sa radiation. Après quelques semaines d'angoisse pour la jeune professeur, le problème est désormais solutionné.

L'épilogue de cette histoire rend à l'enseignante le bénéfice de son diplôme et accorde à celle-ci la possibilité d'enseigner sous statut de contractuelle, le temps de valider son niveau Master 2. Elle obtiendra donc le statut de stagiaire à la prochaine rentrée 2023/2024.

"Même si sa situation sous statut contractuel est encore précaire, c'est un soulagement pour elle", nous confie Cyril Binot du Snes, mais "il faudra l'accompagner et lui donner d'autres heures car on ne peut pas vivre avec un salaire de contractuelle avec seulement 9 heures de cours ".

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