L'Occitanie est passée en phase épidémique de la bronchiolite. A l'hôpital des enfants de Toulouse, toutes les épidémies hivernales arrivent au même moment. Aux urgences, on compte 250 passages jour en moyenne au lieu de 150 habituellement.
Même si les températures restent estivales, les épidémies hivernales qui frappent les enfants font déjà leur retour en Occitanie. Notre région est passée en phase épidémique pour la bronchiolite, cette infection respiratoire qui touche les plus petits, mais au CHU de Toulouse, c'est l'accumulation de plusieurs épidémies qui mettent l'hôpital des enfants en tension.
L'arrivée de plusieurs virus en même temps
En ce moment, l'établissement fait face à une activité très intense. Pour le moment l'hôpital n'a pas de saturation de ses lits mais son service des urgences fait face à une activité particulièrement élevée, anormale à cette saison.
Les urgences pédiatriques comptent entre 200 et 250 passages jour en moyenne au lieu de 120 à 150 habituellement. Un service très sollicité sans doute lié à l'arrivée de nombreux virus en même temps.
La bronchiolite représente actuellement 10 à 12 enfants par jour avec un taux d'hospitalisation élevé, mais on est loin des 250 passages à l'hôpital par jour. Il y a d'autres pathologies respiratoires en ce moment comme l'asthme, mais aussi énormément de cas de laryngite et pleins d'autres virus qui circulent dont la grippe.
Pr. Isabelle Claudet, chef du pôle enfants au CHU de Toulouse
Une crise de la pédiatrie en France
Nationalement, l'activité pédiatrique est déjà à saturation dans certaines régions. À tel point que 4000 soignants ont adressé le vendredi 21 octobre une lettre ouverte au président de la République.
"Nous dénonçons ici la dégradation criante des soins apportés aux enfants qui les met quotidiennement en danger". Ils dénoncent la saturation des services hospitaliers en pédiatrie alors que l'épidémie de bronchiolite débute à peine.
Les signataires dénoncent notamment une prise en charge des enfants dans des lieux non adaptés, des transferts éloignés des familles, des sorties prématurées d'hospitalisation ou encore des reports d'interventions chirurgicales. C'est le résultat dénoncent-ils, d'une "inaction politique irresponsable".
"Nous manquons de soignants"
"Il est urgent de pouvoir rouvrir des lits dans les services de pédiatrie en arrêtant la fuite des soignants et en recrutant des jeunes passionnés", ont-ils écrit dans cette lettre à Emmanuel Macron.
Samedi dernier Agnès Firmin Le Bodo, la ministre déléguée en charge de l'organisation territoriale et des professions de santé leur a répondu : "Nous faisons face à une tension de toutes les professions de santé. Ouvrir des lits, oui, mais pour ouvrir des lits, il faut des personnels derrière les lits. (...) Ce n'est pas parce que vous allez augmenter les salaires que vous allez former les professionnels de santé. (...) Il faut les trouver et pour l'instant, nous n'avons pas les personnels."
Un plan d'urgence de 150 millions
Pour faire face à cette crise dans la pédiatrie, le gouvernement a mis en place un plan d'urgence de 150 millions d'euros pour répondre au cri d'alarme des soignants.
En attendant la bronchiolite continue sa progression. "La quasi-totalité de la métropole est désormais en épidémie", a déclaré l'agence Santé publique France dans un dernier bilan cette semaine.
Une crise multifactorielle
A l'hôpital des enfants de Toulouse, l'hiver a été anticipé avec l'embauche de personnel mais il n'est pas épargné par la crise des soignants qui frappent tous les secteurs de la santé. Les équipes médicales sont fatiguées, des praticiens sont partis par épuisement y compris à l'hôpital des enfants.
Cette crise est multifactorielle. Il y a des facteurs communs à tous liés au manque de médecins généralistes dans notre région, ce qui entraîne des reports chez nous. Ensuite des difficultés propres à notre région. En effet on a des unités de pédiatrie dans nos centres hospitaliers périphériques qui ferment par manque de pédiatres. On a donc des réorientations de patients vers Toulouse. Et puis les services d'urgence adultes sont saturés, du coup il y a plus de régulation sur les admissions, quand il s'agit d'enfants, ils les renvoient vers l'hôpital des enfants.
Pr. Isabelle Claudet, chef du pôle enfants au CHU de Toulouse
La cheffe du pôle enfants au CHU de Toulouse se veut tout de même rassurante pour le moment. "Non pour l'instant, il n'y a pas à être inquiet à Toulouse. En revanche en journée, pour une consultation simple, il faut se préparer à attendre", précise le professeur Isabelle Claudet.